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Trois enjeux liés au climat et aux conflits au Moyen-Orient
Le conflit demeure la principale cause de déplacement à l’échelle mondiale. À la fin de l’année 2023, les Nations Unies ont estimé que 117,3 millions de personnes avaient été déplacées à travers le monde, dont 68,3 millions de déplacés internes.
Impact du changement climatique sur le déplacement
Le changement climatique aggrave cette situation, agissant comme un multiplicateur des menaces qui intensifient la concurrence pour les ressources, exacerbent les conflits, et approfondissent les inégalités sociales et économiques, tout en augmentant la vulnérabilité des communautés.
En outre, le changement climatique provoque des catastrophes qui entraînent le déplacement en raison d’événements climatiques extrêmes. En 2023, 20,3 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur des pays à cause de ces catastrophes, les inondations, tempêtes, sécheresses et feux de forêt étant les causes principales (Centre international pour la démocratie et l’assistance électorale, 2024).
Vulnérabilités spécifiques aux groupes marginals
Il est essentiel de reconnaître que le déplacement affecte différentes catégories de la société de manière variée. Cependant, les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap sont souvent confrontés à des risques et des menaces accrus. Assurer que les réponses soient inclusives et qu’elles répondent aux besoins spécifiques de tous les groupes est primordial.
De plus, autonomiser les femmes en tant qu’agentes de changement et de résilience est crucial pour parvenir à des solutions efficaces et durables aux questions de déplacement.
Une région déjà vulnérable
Dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui est déjà l’une des régions les plus touchées par les conflits au monde, le changement climatique devrait augmenter l’instabilité des communautés fragiles.
Des événements comme la sécheresse, le manque d’eau et les phénomènes climatiques extrêmes devraient entraîner une augmentation du déplacement, exacerbant les pressions sur les infrastructures publiques déjà fragiles et détériorant les conditions de vie de millions de personnes.
Des chiffres alarmants
Les vagues de sécheresse répétées ont contribué au déplacement d’environ 140 000 personnes en Irak jusqu’en mars 2024, selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations. Au Yémen, 240 000 personnes ont été déplacées en 2023, principalement en raison des inondations, en plus de 4,5 millions de personnes qui ont fui en raison d’un conflit en cours.
Ces chiffres rappellent l’urgence de traiter ce trio interconnecté : changement climatique, conflits et migration. Les inondations récentes au Soudan, qui ont aggravé la souffrance causée par 16 mois de guerre, en sont également une illustration.
Un soutien insuffisant
Cependant, le soutien nécessaire pour agir reste en deçà des attentes. Dans la région arabe, six des pays les moins développés – dont trois touchés par des conflits – n’ont reçu que six pour cent du financement climatique accordé à la région au cours de la dernière décennie (ÉESC, 2022).
Il est impératif d’agir rapidement pour atténuer les impacts du changement climatique, conformément à l’Accord de Paris. Mais pour les communautés fragiles et vulnérables, il est tout aussi essentiel de les aider à construire leur résilience et leurs capacités d’adaptation afin que nous puissions réduire, traiter et même prévenir le déplacement et la migration forcée.
Le forum d’Aswan et les discussions sur le changement climatique
Le récent forum « Aswan » a mis en lumière la nécessité urgente de traiter l’intersection entre le changement climatique, les conflits et le déplacement. Ce thème a été particulièrement présent dans les discussions lors de la Cop 27 en Égypte et continuera lors de la Cop 28 aux Émirats, puis de la Cop 29 en Azerbaïdjan.
Un des principaux objectifs stratégiques de l’Organisation internationale pour les migrations est de créer davantage de solutions pour le déplacement. Ce travail nécessite une synergie entre les efforts de lutte contre le changement climatique et ceux de consolidation de la paix, en mettant l’accent sur le fait que la migration doit être un choix, et non une nécessité.
Les défis à relever
Ce travail ne pourrait être plus urgent. À travers le monde, et particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les conflits deviennent plus complexes et durables, dans le cadre de systèmes gouvernementaux fragiles, d’inégalités sociales et d’une détérioration environnementale.
Les conséquences de ces conflits complexes, qui s’aggravent, exigent une attention accrue. Des études montrent que les pays émergeant d’une guerre civile ont besoin en moyenne de 14 ans pour se redresser économiquement et de 25 ans pour reconstruire leurs systèmes et institutions.
Construire un avenir durable
Les défis climatiques persistants, couplés aux besoins humanitaires croissants dans ces pays touchés par le conflit, rendront la construction de la paix, la relance et le développement encore plus difficiles.
Pour cette raison, les actions en faveur du climat doivent être intégrées dans une stratégie globale qui se conjugue avec les efforts d’assistance et de développement, ainsi qu’avec les actions visant à établir la paix.
Nous avons besoin d’une approche plus proactive et préventive à l’échelle internationale, où il est nécessaire d’investir dans la prévention, conformément à l’objectif de développement durable (ODD 16.1), qui vise à réduire considérablement toutes les formes de violence et les taux de mortalité qui y sont associés, partout dans le monde.
Pour un changement significatif
Nous devons récolter équitablement les bénéfices d’une innovation responsable, tirer parti de la technologie, renforcer les communautés pacifiques qui inclus tout leurs membres, garantir l’accès de tous à la justice, et construire des institutions efficaces et responsables pour exploiter le pouvoir de la paix et du développement.
Nous ne pourrons jamais nous adapter complètement aux effets du changement climatique sans une paix véritable qui mette fin aux conflits prolongés et récurrents ayant conduit à ce grand nombre de déplacements, notamment en Afrique. Si la communauté internationale souhaite vraiment atteindre les ODD pour 2030, les dirigeants mondiaux doivent prendre des mesures sérieuses pour contribuer à mettre fin aux guerres.
Conclusion sur l’interconnexion des enjeux
La réalité entrelacée des problèmes de changement climatique, de conflits et de déplacements représente un défi complexe et croissant qui nécessite une interaction et une coopération à l’échelle mondiale. En agissant rapidement, en investissant dans la résilience, en renforçant les capacités gouvernementales et les structures, tout en intégrant les efforts climatiques aux initiatives humanitaires et de développement, nous pouvons œuvrer vers un avenir où la migration sera un choix, et non une nécessité.