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Trois revendications avant que la Syrie ne devienne vieillissante
La situation démographique en Syrie se rapproche de l’indicateur de « pays vieillissant », selon les classifications démographiques, après que le conflit militaire ait poussé la plupart des jeunes du pays à fuir, en quête de sécurité et d’une vie digne.
Les marchés et magasins du centre de la capitale Damas sont presque dépourvus de la présence des jeunes, une situation qualifiée de préoccupante par les experts en raison de son impact direct sur la nature de la société, qui était précédemment classée comme une société jeune.
Des rapports locaux ont averti que la diminution du nombre de jeunes dans la structure démographique, ainsi que la chute de la force de travail, due à l’immigration massive des jeunes âgés de 15 à 40 ans vers d’autres pays, représente un indicateur préoccupant pour les ressources humaines et met en péril la structure d’âge de la population à long terme.
Une environnement hostile
La guerre qui a éclaté il y a 13 ans a transformé la Syrie en un environnement qui pousse ses habitants, et surtout les jeunes, à l’exil. Des analystes affirment que la violence exercée par les autorités contre leur propre peuple a placé le pays parmi les 10 nations connaissant le plus d’exode et de réfugiés au monde.
La Commission des Nations Unies pour les réfugiés estime que le nombre de fuyards dépasse 6,8 millions, représentant 27 % du total, la majorité étant des jeunes répartis sur 129 pays. Pendant ce temps, les villes ont subi des déplacements internes importants, équivalents, selon l’agence, au nombre de réfugiés à l’étranger.
Le spécialiste en économie, Walid Qutli, relie cette aggravation de la situation à deux facteurs principaux : la sécurité et les conditions de vie. Il souligne que le manque de sécurité, dû à la brutalité des systèmes de sécurité et militaire, a poussé la majorité à chercher refuge au-delà de leurs frontières, malgré les risques liés aux voyages illégaux.
Difficultés économiques en hausse
La majorité de ceux qui ont quitté le pays entre 2012 et 2019 ont agi principalement pour des raisons de sécurité, craignant pour leur vie en raison de la guerre ou fuyant le service militaire. Ceux qui ont quitté depuis lors l’ont fait en raison de problèmes économiques, la vie des familles étant devenue précaire avec une hausse du taux de chômage tant dans le secteur public que privé.
De nombreux jeunes qui soutiennent leurs familles se trouvent désormais sans revenu, conscients qu’aucun indice ne laisse entrevoir une résolution du conflit et une amélioration des conditions politiques, ce qui a entraîné des transformations inquiétantes dans la structure sociale, avec un déséquilibre marqué et un manque cruel pour cette tranche de la population.
La nécessité d’une résolution politique
La Commission syrienne des affaires familiales et démographiques, une institution gouvernementale, a reconnu dans une étude que le taux de croissance démographique en Syrie est passé de 3,3 % à 0,04 % pendant les années de guerre, illustrant une baisse du taux de natalité et des caractéristiques démographiques en raison de la mortalité, des déplacements internes et de l’exode extérieur, qui a touché 13 millions de Syriens, soit la moitié de la population totale.
Le rapport suggère que la dégradation des indicateurs démographiques, tels que la baisse des naissances et des indices de fécondité, est liée à l’instabilité économique et à l’augmentation des coûts de la vie, exacerbée par les sanctions imposées par l’Occident.
Anxiété généralisée et insatisfaction
Le « Centre pour l’Initiative de Réforme Arabe » décrit la Syrie actuelle comme un pays aride à faibles revenus, dont l’économie est aujourd’hui bien plus pauvre qu’auparavant. Selon eux, toute vision d’une économie numérique pourrait alimenter des illusions au lieu de proposer des espoirs légitimes pour l’emploi des jeunes et la croissance.
Les discussions menées avec le Centre Brookings ont mis en lumière que les inégalités croissantes et les divergences sociales résultant de la crise compliquent l’accès à des opportunités de subsistance dignes, rendant difficile la vie de millions de jeunes.
Le dilemme du service militaire
Selon l’article 46 de la constitution syrienne, le service militaire est un devoir sacré pour chaque citoyen. Récemment, le président Bachar Al-Assad a signé un décret abaissant l’âge d’obligation militaire de 40 à 38 ans. Les personnes assujetties peuvent désormais payer pour éviter le service, sous condition de prouver leur état de santé.
Un jeune nommé Yasser a exprimé son mécontentement face à cette décision, disant que le service militaire reste une préoccupation majeure pour lui et ses camarades, les poussant tous à chercher des moyens de quitter le pays pour l’Europe.
État actuel et perspectives
La Syrie éprouve une grave détérioration économique, avec une hausse du chômage, des coûts de la vie et des prix, alors même que les opérations militaires ont diminué depuis 2020. Le Centre syrien pour les politiques a attribué ce déclin à la persistance des forces dominantes sur les économies de conflit, accentuant le contrôle des ressources.
Les divisions politiques et économiques du pays se sont intensifiées, avec quatre zones séparées sous contrôle militaire, amplifiant l’absence d’instabilité et la défaillance des institutions de l’État.
Un avenir incertain pour la jeunesse syrienne
Une enquête menée par la Croix-Rouge internationale révèle que de nombreux jeunes syriens vivent dans l’incertitude, craignant pour leur avenir. Près de la moitié des participants ont subi des pertes familiales dues à la guerre, et beaucoup expriment une profonde angoisse face à leur situation.
Les jeunes désireux de retourner en Syrie soulignent la nécessité d’un arrêt des hostilités, de garanties de sécurité et la fin du service militaire obligatoire pour envisager un retour.
Les inquiétudes grandissent quant à la possibilité que la Syrie devienne un « pays vieillissant » avant la résolution de son conflit, ce qui représente un défi majeur pour le retour en toute sécurité de millions de Syriens en quête d’une vie digne.