À Tromsø, surnommée la Capitale des aurores boréales, la Norvège paraît hors du temps. Port du nord et porte d’entrée des fjords, elle sert de point de départ à des croisières intimistes qui explorent des paysages à couper le souffle. La ville compte un peu plus de 76 000 habitants et incarne une atmosphère où l’observation des phénomènes polaires s’inscrit dans le quotidien. Fin novembre, la neige danse autour des réverbères et le vent façonne les silhouettes dans les rues.

Cette expérience est proposée par Grands Espaces, une société française spécialisée dans les expéditions polaires depuis plus de vingt-cinq ans. Contrairement aux croisières de masse, la flotte est à taille humaine, ce qui permet un accès privilégié à des lieux préservés et souvent hors de portée des grands navires. Ce format privilégie les échanges en petit comité et l’observation attentive des écosystèmes marins.
Le Nanook, amarré au quai, s’apprête à quitter Tromsø pour mettre le cap sur les fjords. Construit en 1968 pour des missions de contrôle du trafic en mer du Nord, il est conçu pour affronter les eaux polaires. Sa coque noire tranche avec la teinte claire de l’habitacle et il offre neuf cabines pour douze passagers. Entièrement rénové entre 2020 et 2024, le navire conjugue confort et fonctionnalité.
Le capitaine Gunnar, moustache et carrure impressionnante, rappelle les consignes de sécurité en anglais avec un léger accent islandais. À ses côtés, Xavier Allard, guide francophone originaire des Alpes et spécialiste du Grand Nord, partagera pendant sept jours ses connaissances sur l’environnement, la faune et la flore.
À 21 heures, les chaînes de l’ancre se lèvent et le Nanook s’éloigne des quais de Tromsø. Dans l’espace salon-restaurant, le bois réchauffe l’atmosphère tandis que les passagers s’emmitouflent dans d’épaisses couches pour affronter le froid. Sur le pont arrière, une quiétude quasi religieuse précède l’immensité de la mer de Norvège et la proue qui fend les flots.
Après une première nuit en mer, le décor devient spectaculaire: les sommets enneigés se dessinent à travers les nuages. Après un copieux petit-déjeuner — œufs brouillés, saumon fumé, fruits, pancakes et viennoiseries —, l’observation des mammifères marins prend le relais. Des bandes de harengs abondants nourrissent les baleines qui évoluent dans les fjords.
Dans la cabine supérieure, le capitaine et Xavier scrutent l’océan à l’affût d’animaux. L’approche d’une baleine à bosse est signalée par un jet de vapeur; puis d’autres baleines apparaissent, d’environ quinze mètres et pesant des dizaines de tonnes, suivies de goélands cherchant quelques poissons. Bientôt, des orques viennent épauler le ballet des mammifères, tandis qu’un rorqual d’environ vingt mètres remonte à plusieurs reprises.
Au fil des escales en Zodiac, on découvre des îlots déserts et une flore résistante où les bouleaux et les saules s’adaptent au climat extrême. Le village d’Hamnnes, aux maisons colorées et à l’économie tournée vers le poisson séché, illustre la vie locale qui demeure réduite mais vivante. Les visites guidées en Zodiac permettent de comprendre ces dynamiques et d’échanger avec des habitants.

Le soir, des conférences menées par Xavier complètent l’expérience et éclairent l’histoire de la Norvège et les phénomènes naturels qui l’animent. Puis, sur le pont, l’observation se poursuit: le ciel s’illumine de reflets vert clair et roses lorsque les aurores se déploient au-dessus de l’océan. Ces échanges enrichissent la compréhension du cadre polaire et de son histoire.
Pour s’y rendre, on combine un vol Paris-Oslo puis Oslo-Tromsø; les tarifs pour l’aller-retour débutent autour de 325 € selon les dates. Grands Espaces propose aussi des voyages tout au long de l’année, avec guide-conférencier francophone, à partir de 4 600 € par personne pour sept jours. Les organisateurs recommandent de prévoir plusieurs jours sur place pour profiter pleinement de la région.