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Trump et la puissance américaine : un virage risqué
Depuis son retour à la Maison Blanche il y a trois semaines, le président américain Donald Trump semble inverser la politique de « carotte et bâton », en conservant le bâton tout en abandonnant la carotte.
Selon une analyse de l’Agence France-Presse sur les politiques de Trump depuis son accession à la présidence, celui-ci, à travers son programme « America First » et sa stratégie basée sur des transactions, remet en question une tradition bien ancrée, celle de la « puissance douce » sur laquelle les États-Unis s’appuient dans leurs relations internationales. Cette situation pourrait bénéficier particulièrement à la Chine.
La signification de la puissance douce
Le concept de « puissance douce » remonte à la fin des années 1980, lorsqu’il a été introduit par le politologue américain Joseph Nye. Ce terme fait référence à la diplomatie d’influence ou d’attraction, en opposition à la politique de coercition, englobant des éléments tels que l’économie et la culture.
Dans un article d’opinion publié récemment dans le Washington Post, Max Boot du Council on Foreign Relations a écrit : « Il a fallu des décennies pour construire la puissance douce américaine. Il semble que Donald Trump soit déterminé à la démanteler en quelques semaines. »
Les actions de Trump et leurs conséquences
Dès son premier jour au pouvoir, le 20 janvier, Trump a adopté une approche agressive, menaçant les pays alliés d’imposer des droits de douane, ordonnant le gel de l’aide étrangère américaine et menaçant d’annexer certaines régions.
Il a suivi cela par une quasi-disparition de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), qui incarne la « puissance douce » américaine à l’étranger. L’ancienne présidente de l’agence, Samantha Power, a écrit dans le New York Times que « c’est l’une des pires erreurs et des plus coûteuses de la politique étrangère de l’histoire américaine », ajoutant que « les dirigeants extrêmes et autoritaires se réjouissent » de cette décision.
Une opportunité pour la Chine
Michael Cheever, un ancien responsable de USAID sous la présidence de Joe Biden, a déclaré : « Nous resterons les bras croisés, et dans quelques années, nous discuterons de notre choc face à la position de la Chine comme partenaire préféré en Amérique latine, en Afrique et en Asie. » Il ajoute : « À ce moment-là, la partie sera terminée », surtout que Pékin et Washington se disputent l’influence.
En effet, la Chine a commencé à tirer parti de cette réalité. Lorsque Trump a gelé l’aide, le Cambodge, par exemple, a dû suspendre ses opérations de déminage, tandis que Pékin a fourni le financement nécessaire.
Les déclarations du gouvernement Trump
Le gouvernement Trump affirme que les États-Unis ne font pas de « travaux de charité », soulignant qu’ils souhaitent retirer des milliards de dollars alloués à l’aide étrangère, en particulier pour des programmes de diversité, d’inclusion et de changement climatique, des enjeux que Trump a cherché à combattre.
En réponse à la question de savoir si les États-Unis perdraient leur influence mondiale, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a confirmé qu’il n’y a pas de place pour « abandonner » l’aide étrangère. Il a déclaré lors d’une interview sur SiriusXM, lundi, « Nous participerons », tout en notant que « dépenser 40 à 60 milliards de dollars pour l’aide est une idée ridicule. »
Les ambitions expansionnistes de Trump
Cependant, il reste difficile de parler de retrait américain, car Trump a annoncé ses objectifs expansionnistes en parallèle des décisions susmentionnées. Il a menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama, d’acheter la vaste région autonome du Groenland, et de « contrôler » la bande de Gaza pour en faire la « Riviera du Moyen-Orient ». Quant au Canada, Trump a déclaré qu’il allait devenir le 51e État américain.
Les avertissements des experts
Dans une interview avec le Guardian vendredi, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy a averti que « le développement reste un outil d’influence crucial ». Il a déclaré : « Je serai extrêmement préoccupé si la Chine ou tout autre pays intervenait pour exploiter cette lacune. »
Cependant, Samantha Caster, responsable au centre de recherche AidData de l’université William et Mary, doute que la Chine « augmente de manière exceptionnelle son aide au développement », notant que Pékin offre principalement des prêts et fait face à des difficultés économiques.
Elle ajoute que « la Chine peut gagner en ne faisant rien » si les États-Unis abandonnent leur rôle de partenaire fiable.