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La visite du président américain Donald Trump en Israël et en Égypte, ainsi que la signature d’un accord visant à mettre fin à la guerre israélienne sur la bande de Gaza lors du sommet de Charm el-Cheikh, ont inauguré une nouvelle phase au Moyen-Orient. Cette phase ne se limite pas à chercher une cessation durable des hostilités et à organiser l’après-guerre, elle promet aussi de modifier profondément la dynamique du conflit israélo-palestinien et la relation d’Israël avec le monde musulman.
Une percée diplomatique apparente
En surface, Trump semble avoir réalisé une avancée majeure en mettant fin à une guerre de deux ans qui avait provoqué de multiples conflits et une large désorganisation régionale. Ses discours, notamment devant la Knesset et au sommet de Charm el-Cheikh, annoncent « l’entrée du Moyen-Orient dans une ère de paix ». Ces propos peuvent paraître optimistes face aux complexités historiques de la région.
Toutefois, ces discours traduisent aussi une ambition concrète de ce que Trump cherche à accomplir au cours de ce qui reste de sa présidence. Les efforts déployés durant ce mandat cherchent à consolider un cessez-le-feu et un cadre international ample qui légitiment la fin des hostilités.
Contradictions avec la première présidence
La revendication de Trump d’avoir mis un terme à la guerre contraste avec le fait que certaines de ses politiques lors de son premier mandat ont contribué à créer le contexte du conflit. Parmi ces mesures :
- la promotion du projet dit de la « deal du siècle », perçu comme visant à écarter la question palestinienne ;
- la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël ;
- l’appui à la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé ;
- le parrainage des accords d’Abraham entre Israël et plusieurs pays arabes.
Si Trump réussit à clore la guerre durant son second mandat — scénario plausible — il aura ainsi mis fin à un conflit dont il a en partie facilité l’émergence, tout en cherchant à poursuivre son agenda régional sous le signe d’un « paix élargie ».
Limites et zones d’ombre de la feuille de route pour Gaza
Les détails du plan de Trump pour Gaza restent en grande partie flous, en particulier sur deux points essentiels :
- qui assurera la gouvernance du territoire après la guerre ;
- quel avenir pour le mouvement Hamas et sa place dans la vie politique du territoire.
Ce qui ressort du sommet de Charm el-Cheikh, toutefois, est la construction d’un large couvert régional, américain et international pour l’accord de cessation des hostilités. Ce consensus international limite la capacité du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à rouvrir les hostilités après la libération des otages ou face à des difficultés de gestion post-conflit.
Ambitions régionales : Hezbollah, Syrie et accords élargis
La réussite du plan pour Gaza pourrait redessiner les équilibres régionaux. Parmi les objectifs affichés de l’administration Trump figurent :
- le démantèlement progressif des capacités militaires du Hezbollah au Liban ;
- la transformation historique des relations syréno-israéliennes, notamment via un accord de sécurité bilatéral envisagé comme entrée vers une normalisation ;
- l’extension des accords d’Abraham à d’autres pays arabes et musulmans.
Un apaisement entre Damas et Tel-Aviv aiderait Washington à gérer l’un des défis majeurs du paysage régional : la rivalité turco-israélienne en Syrie.
Une continuité plus qu’une rupture
Dans sa seconde présidence, Trump ne diffère pas fondamentalement de son premier mandat. Il cherche à achever et élargir ce qu’il a initié : renforcer les accords d’Abraham, consolider la reconnaissance israélienne sur le Golan et pousser au désarmement du Hezbollah comme condition à une éventuelle intégration du Liban aux processus de normalisation.
Sur le plan personnel, Trump ambitionne de laisser une empreinte historique en réussissant là où ses prédécesseurs ont échoué quant à la relation entre Israël et le monde musulman. Il se présente surtout comme le sauveteur d’Israël, capable de transformer des gains militaires en avantages politiques durables.
Le cœur du problème demeure
Le principal écueil répété par Trump, dans ses deux mandats, est la tentative d’imposer une transformation régionale sans s’attaquer au noyau du conflit israélo-palestinien : l’établissement d’un État palestinien. L’absence de toute référence à la création d’un État palestinien dans ses discours à la Knesset, au sommet de Charm el-Cheikh, ainsi que dans sa feuille de route pour Gaza, n’annonce pas de percée historique durable.
Une paix basée essentiellement sur la force israélienne peut produire d’importants gains pour Israël sans nécessiter de concessions majeures aux Palestiniens. Mais sans résoudre la question de fond — la souveraineté et les droits palestiniens — un tel arrangement restera incomplet et fragile.
Perspectives et contraintes temporelles
Trump voit dans l’accord sur Gaza une porte d’entrée vers le « paix élargie » au Moyen-Orient, un objectif à atteindre avant la fin de son mandat. Le facteur temps reste cependant contraignant : il doit concrétiser ces ambitions dans une fenêtre politique réduite.
L’évolution effective dépendra de la capacité à traduire les engagements diplomatiques en solutions politiques réelles, notamment sur le statut final de Gaza, le désarmement des groupes armés et l’inclusion régionale.
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement la ligne éditoriale du réseau Al Jazeera.