Home ActualitéTunisie : ONG dénoncent répression et injustice contre activistes

Tunisie : ONG dénoncent répression et injustice contre activistes

by Sara
Tunisie

Human Rights Watch et Amnesty International dénoncent une forte détérioration des libertés civiles et une « injustice » généralisée en Tunisie depuis l’arrivée au pouvoir du président Kais Saied en 2019. Les deux ONG pointent une intensification de la répression visant l’opposition, les activistes et les organisations non gouvernementales, signe d’une dérive autoritaire préoccupante.

Répression ciblée contre les ONG et défenseurs des droits

Amnesty International relève une série de mesures coercitives prises contre les défenseurs des droits humains et les ONG indépendantes. Ces mesures incluent :

  • arrestations arbitraires et détentions,
  • gel d’avoirs et restrictions bancaires,
  • suspensions ordonnées par la justice au prétexte de financements « étrangers suspects » et de la protection des « intérêts nationaux ».

Selon l’ONG, la répression a atteint un niveau inédit, avec la mise en accusation de plusieurs travailleurs d’ONG pour des activités liées à l’aide aux réfugiés et demandeurs d’asile.

Procès en masse et condamnations politiques

Human Rights Watch signale l’appel prévu par la Cour d’appel de Tunis pour le 17 novembre concernant plus de 30 personnes condamnées lors d’un procès collectif en avril, qualifié de « Conspiration ». L’ONG juge les accusations infondées et déplore l’absence de preuves crédibles.

Les accusations portées contre les prévenus reposent sur des articles du Code pénal tunisien et de la loi antiterroriste de 2015, et comprennent des chefs tels que « conspiration contre la sécurité de l’État » et des infractions liées au terrorisme.

  • Les peines prononcées vont de quatre à 66 ans de prison.
  • Les personnes détenues comprennent des opposants, avocats, activistes et chercheurs.

Human Rights Watch a appelé la cour à annuler immédiatement ces condamnations et à libérer les détenus, qualifiant l’ensemble du dossier de mascarade judiciaire.

Suspensions d’activités et targetting d’organisations

Au cours des quatre derniers mois, au moins quatorze ONG tunisiennes et internationales ont vu leurs activités suspendues temporairement, d’après Amnesty International.

  • Parmi elles figurent l’Association tunisienne des femmes démocrates et l’Organisation mondiale contre la torture.
  • Des travailleurs associatifs sont aujourd’hui poursuivis pour des actions humanitaires légitimes.

Ces mesures s’inscrivent dans une dynamique plus large amorcée après la prise de pouvoir de juillet 2021, lorsque le président Saied a dissous le parlement et élargi ses prérogatives exécutives.

Pour replacer ce recul dans son contexte historique, voir l’analyse sur la révolution tunisienne : Tunisia’s revolution 14 years on.

Grèves de la faim et solidarité de l’opposition

Plusieurs figures de l’opposition se sont mises en grève de la faim en signe de soutien aux détenus. Jawhar Ben Mbarek, cofondateur du Front de salut national, a entamé une grève le 29 octobre pour protester contre sa détention jugée arbitraire.

Parmi les détenus emblématiques figurent :

  • Jawhar Ben Mbarek, condamné à 18 ans pour « conspiration contre la sécurité de l’État » ;
  • Issam Chebbi, dirigeant du Parti républicain, également détenu après condamnation dans le procès collectif d’avril ;
  • Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, condamné dans plusieurs affaires et annonçant son adhésion à la grève de la faim.

Plusieurs dirigeants ont rejoint la protestation pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme des procès politiques et des peines disproportionnées.

Lire aussi : Tunisian opposition figures join hunger strike.

Appel à la communauté internationale

Les ONG internationales exhortent les partenaires internationaux de la Tunisie à condamner ces atteintes graves à l’état de droit et aux libertés fondamentales.

Human Rights Watch et Amnesty demandent :

  • la fin de la répression contre les voix dissidentes,
  • l’annulation des condamnations politiques,
  • la garantie de procès équitables et transparents pour tous les prévenus.

La situation soulève des inquiétudes quant à l’espace civique en Tunisie et à la protection des droits des réfugiés, des militants et des organisations indépendantes.

Lectures complémentaires

Articles et reportages récents sur des sujets liés :

  • Tunisia pardons man sentenced to death over Facebook posts
  • Dozens hospitalised in Tunisia’s Gabes amid environmental crisis
  • Thousands protest in Tunisia over pollution from phosphate plant
  • Tunisia anti-fake-news law criminalises free speech
source:https://www.aljazeera.com/news/2025/11/14/rights-groups-decry-tunisias-injustice-crackdown-on-activists

You may also like

Leave a Comment