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Un tribunal turc a condamné onze personnes à la réclusion à perpétuité pour leur rôle dans l’incendie meurtrier du Grand Kartal, survenu le 21 janvier dans la station de ski de Kartalkaya, dans les montagnes de Bolu, au nord-ouest de la Turquie. Le sinistre avait coûté la vie à 78 personnes, dont 34 enfants, et blessé 137 autres. Le jugement rendu vendredi marque une étape importante dans une affaire qui avait suscité une vive émotion nationale et des interrogations sur la sécurité hôtelière.
Les condamnations prononcées
Parmi les onze condamnés à la perpétuité figure le propriétaire du Grand Kartal, Halit Ergul. Le tribunal a également condamné des membres de la direction de l’hôtel et des responsables liés à la société propriétaire.
- Halit Ergul — propriétaire du Grand Kartal.
- Emine Ergul — épouse de Halit Ergul.
- Elif Aras et Ceyda Hacibekiroglu — filles et membres de la direction de l’hôtel.
- Emir Aras — directeur général de l’hôtel.
- Sedat Gulener — adjoint au maire de Bolu.
- Ahmet Demir — directeur d’un autre hôtel et membre du conseil d’administration de la société propriétaire.
Au total, les condamnés ont reçu 34 peines de réclusion criminelle à perpétuité aggravée, correspondant au nombre d’enfants tués dans la tragédie. Les annonces de la cour ont été accueillies par des applaudissements dans la salle d’audience.
Le sinistre et son déroulement
L’incendie a pris naissance pendant la nuit dans le restaurant du Grand Kartal et s’est rapidement propagé aux 12 étages de l’hôtel, où 238 clients séjournentaient au moment des faits. De nombreux vacanciers, fuyant les flammes et la fumée, ont été contraints de sauter par les fenêtres pour tenter d’échapper au feu.
La panique et l’obscurité ont aggravé la situation : des survivants ont déclaré que les alarmes incendie ne s’étaient pas déclenchées et qu’ils avaient dû traverser des couloirs enfumés sans visibilité. Ces témoignages ont alimenté l’indignation publique et la pression sur les autorités pour faire la lumière sur les responsabilités.
Bilan humain
Le bilan définitif fait état de 78 morts, parmi lesquels 34 enfants, et de 137 blessés. L’incendie est survenu pendant les vacances scolaires, période où de nombreuses familles d’Ankara et d’Istanbul se rendent dans les montagnes de Bolu pour skier.
La présence importante d’enfants et de familles a rendu l’impact de la catastrophe particulièrement dramatique et a accentué la colère contre ce qui est perçu comme une négligence des règles de sécurité.
Enquête, arrestations et réactions
Immédiatement après le drame, les autorités turques ont procédé à plusieurs arrestations et nommé une équipe de procureurs chargés de l’enquête. Neuf personnes avaient été arrêtées dans les jours qui ont suivi l’incendie, selon les autorités.
Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, avait déclaré devant la presse que les responsables ne « s’échapperaient pas à la justice ». Le gouvernement a également été critiqué pour le contrôle et l’application des mesures de sécurité dans les établissements touristiques.
Hommages et impact politique
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrété une journée de deuil national et a participé à des cérémonies funéraires, où il a servi de porteur au cercueil de victimes. Ces gestes officiels ont souligné l’ampleur de la tragédie au niveau national.
La catastrophe a relancé le débat sur la sécurité hôtelière en Turquie et la nécessité d’un renforcement des contrôles pour éviter que de telles tragédies — souvent évoquées sous l’expression « incendie hôtel Kartalkaya » — ne se reproduisent.
Procédure judiciaire en cours
Le procès compte 32 prévenus au total. Vingt d’entre eux restent en détention provisoire, tandis que la comparution des autres n’est pas encore finalisée. Les autorités judiciaires poursuivent l’instruction afin de déterminer l’ensemble des responsabilités civiles et pénales.
La décision de vendredi constitue une étape importante, mais d’autres audiences et recours éventuels pourraient encore modifier la suite de la procédure.

