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La Turquie lance un nouveau programme d’enseignement du turc destiné aux étudiants étrangers, un curriculum complet visant les élèves du primaire, du collège et du lycée. L’initiative a pour ambition de permettre aux élèves d’acquérir une maîtrise pratique et courante de la langue, utile tant dans leur parcours scolaire que dans leur vie sociale. Le dispositif repose sur un cadre pédagogique intégré afin d’assurer un usage correct et fonctionnel du turc au quotidien.
Contexte et portée
Le programme s’inscrit dans la continuité d’efforts antérieurs du ministère de l’Éducation nationale, dont le projet « بيكتس » soutenu par l’Union européenne, qui visait l’intégration des enfants syriens dans le système éducatif turc. Selon les estimations, le nombre d’enfants syriens en âge scolaire en Turquie dépassait 1,2 million jusqu’en 2020.
Environ 400 000 de ces enfants auraient bénéficié de cours de turc au sein de classes préparatoires créées spécialement à cet effet. Le nouveau programme étend et formalise ces acquis pour couvrir de manière systématique les besoins linguistiques des élèves étrangers.
Objectifs et composantes du programme
Le ministère a construit le curriculum « enseignement du turc pour étudiants étrangers » sur des bases pédagogiques solides, conciliant standards internationaux et spécificités culturelles locales.
- Alignement sur le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR), la référence internationale pour l’évaluation des niveaux linguistiques.
- Intégration du modèle des connaissances turques du XXIe siècle, l’un des piliers des programmes nationaux.
- Adoption d’une approche éducative globale qualifiée de « vertu – valeur – action » visant à former des élèves équilibrés sur le plan académique et moral.
Le programme vise donc non seulement l’apprentissage linguistique, mais aussi le développement de compétences civiques et sociales pour favoriser l’intégration durable des élèves dans la société turque.
Approche pédagogique et niveaux couverts
Sur le plan pédagogique, le cursus privilégie l’enseignement communicatif qui met l’accent sur les compétences d’interaction quotidienne plutôt que sur le seul apprentissage formel des règles grammaticales. Il sert de guide pratique pour les enseignants afin d’intégrer les élèves étrangers dans les filières officielles.
Le programme couvre les niveaux allant du niveau pré-A1 jusqu’au niveau intermédiaire, et s’adresse aux élèves des cycles primaire, collège et lycée. Le curriculum est adapté par tranche d’âge :
- Enfants de 7 à 10 ans : activités et supports conformes au développement psychologique et cognitif de cette tranche.
- Jeunes de 11 à 15 ans : progression graduelle des contenus pour correspondre aux acquis et besoins scolaires.
Cette répartition favorise une acquisition progressive et efficace de la langue, en adéquation avec le développement des apprenants.
Mosquée pour la prière dans une académie éducative à Istanbul pour élèves étrangers
L’intégration linguistique est conçue comme un vecteur d’inclusion sociale. Le ministère souligne que l’école devient un espace commun où les élèves, malgré leurs origines diverses, partagent une base linguistique commune et apprennent les valeurs de coexistence et d’ouverture.
Le programme est présenté comme un projet sociétal visant un réel rapprochement et un sentiment d’appartenance au sein de la société turque.
Intégration linguistique
Mert Gönçor, responsable pédagogique au ministère de l’Éducation turc, a déclaré que la présence de centaines de milliers d’élèves étrangers dans les écoles turques impose une approche institutionnelle globale. Il a averti que l’absence d’un encadrement linguistique adéquat risque d’ouvrir une faille dans l’intégration académique et sociale de ces élèves.
Selon lui, le nouveau programme répond à ce besoin urgent en dépassant l’enseignement de la langue au sens strict pour garantir la poursuite des études et prévenir l’isolement en classe. Le ministère considère cette initiative comme un projet stratégique complet, destiné à doter les élèves des compétences nécessaires pour suivre le curriculum national avec facilité.
La réussite du programme sera évaluée non seulement par le vocabulaire acquis, mais aussi par la capacité des élèves à interagir avec leurs camarades, participer aux activités scolaires et se sentir pleinement intégrés.
Élèves étrangers étudiant le turc à Istanbul
Le témoignage de parents illustre l’urgence de ces mesures. Ghada al-Habashi, une Palestinienne récemment arrivée en Turquie et mère d’élèves scolarisés, estime que les programmes spécifiques sont indispensables. Elle explique que la faiblesse linguistique constitue l’obstacle principal à l’intégration scolaire de ses enfants.
Ghada souligne que les difficultés ne tiennent ni à la volonté ni aux capacités des élèves, mais au barrage linguistique qui rend la compréhension des explications en classe ardue. En conséquence, les élèves interagissent moins avec les enseignants et leurs pairs.
Elle ajoute que, faute de dispositifs ciblés, les familles doivent souvent recourir à des cours particuliers ou à un soutien à la maison, ce qui renforce les inégalités. La barrière linguistique peut aussi affecter le bien‑être psychologique de l’enfant, le poussant parfois à l’isolement ou à la timidité.
Mise en œuvre et attentes
Le curriculum a été élaboré avec précision pour être cohérent avec les standards éducatifs turcs et compatible avec les exigences d’évaluation internationales. Il servira de référence pour les enseignants afin d’organiser des parcours d’enseignement réguliers au sein des établissements officiels.
Les objectifs visés incluent :
- Faciliter la continuité et la réussite scolaire des élèves étrangers.
- Renforcer la participation active dans la vie scolaire et extrascolaire.
- Favoriser un sentiment d’appartenance et de citoyenneté partagée.
Le ministère espère que ce programme permettra d’établir des bases durables pour l’intégration linguistique et sociale des étudiants étrangers en Turquie.