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La situation en Ukraine continue de se dégrader sur le plan politique, alors que des négociations ont été planifiées entre emissaires ukrainiens et russes à Istanbul, dans l’espoir de relancer le dialogue de paix. Cependant, le contexte intérieur ukrainien est marqué par une profonde crise démocratique, alimentée par l’adoption récente d’une loi controversée qui remet en cause l’indépendance des institutions chargées de la lutte anti-corruption.
Une réforme polémique qui suscite la colère et l’inquiétude
Le Parlement ukrainien a voté, à une large majorité, la subordination de deux agences clés, le Nabu et le SAP, au procureur général, lui-même placé sous l’autorité du président. Cette loi, promulguée par le président Volodymyr Zelensky, a été adoptée avec 263 voix pour, 13 contre et 13 abstentions, juste après l’arrestation d’un responsable de ces institutions soupçonné d’espionnage au profit de Moscou.
Ce changement institutionnel soulève de vives réactions, notamment en Europe. La commissaire européenne à l’élargissement, Marta Kos, a exprimé une inquiétude profonde, jugeant cette décision « un sérieux recul » pour la réforme anticorruption essentielle à l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne. La loi est perçue comme une étape susceptible d’affaiblir la lutte contre la corruption endémique dans le pays, qui s’était pourtant engagé à renforcer ces institutions dans le cadre de ses négociations d’adhésion.
Réactions diverses et contexte de tensions politiques
Les opposants à la réforme dénoncent une dangereuse régression démocratique. Oleksandre Klymenko, chef du SAP, a déclaré que la loi « détruit effectivement leur indépendance face à toute influence politique ou pression », ce qui pourrait permettre l’émergence de « personnes intouchables » en Ukraine. Déjà, plusieurs affaires en cours contre des hauts responsables risquent d’être compromises, à l’image de l’arrestation d’un responsable du Nabu, soupçonné d’espionnage.
Le chef du Nabu, Semion Kryvonos, a averti que la loi risquait de faire disparaitre « l’infrastructure anticorruption » du pays, tandis que la députée Anastassia Radina, à la tête du Comité anticorruption, a souligné que la loi contrevient aux obligations de l’Ukraine dans le cadre de son futur processus d’adhésion à l’UE.
Malgré ces critiques, le président Zelensky affirme que cette réforme est nécessaire pour garantir que l’appareil judiciaire ne soit pas influencé par Moscou. Il insiste sur le fait que l’Ukraine doit continuer à lutter contre la corruption, mais « sans l’influence russe ».
Le contexte géopolitique et les risques d’isolement
Les tensions autour de cette réforme s’inscrivent dans un contexte plus large, marqué par la guerre avec la Russie et un sombre avenir politique. La prochaine étape pour l’Ukraine dépendra largement de la capacité de ses institutions à s’aligner sur les standards européens tout en restant unifiée face aux pressions politiques internes et externes. La rencontre prévue à Istanbul pourrait apporter des avancées, mais la crise interne aggrave l’incertitude quant à la trajectoire démocratique du pays.