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Un accord de paix défaillant ne mettra pas fin à la guerre en Ukraine
Aujourd’hui, nous marquons trois ans de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. Pendant ces trois années, le peuple ukrainien a démontré une résilience remarquable, déjouant les plans russes pour conquérir Kyiv et forçant son armée à se retirer de Kharkiv et de Kherson.
Une résistance continue
Les Ukrainiens continuent de résister à l’assaut de l’armée russe, mais la guerre a inévitablement pénétré dans une phase difficile où chaque gain territorial a un coût énorme, mettant à l’épreuve l’endurance de l’Ukraine et la volonté de l’Occident de maintenir son soutien.
Un changement de politique aux États-Unis
À ce stade critique, une nouvelle administration aux États-Unis a signalé un changement dramatique dans sa politique envers l’Ukraine, exigeant qu’un accord de paix rapide soit atteint. La semaine dernière, des responsables américains et russes se sont rencontrés en Arabie Saoudite pour des négociations directes sans la présence de l’Ukraine. Cette réunion et la rhétorique venant de Washington ont suscité des craintes que l’administration de Donald Trump prépare le terrain pour des concessions plus larges au nom de la désescalade avec la Russie.
Les enjeux des négociations
Pour l’Ukraine, la question fondamentale n’est pas de savoir si la diplomatie doit être poursuivie – toute guerre finit finalement à la table des négociations – mais quels termes ces négociations impliqueront. Si la priorité est simplement de mettre fin aux combats le plus rapidement possible, il y a un risque que l’Ukraine soit poussée à accepter un règlement qui ne prend pas en compte ses préoccupations de sécurité à long terme et qui fige temporairement la guerre plutôt que de mettre fin à celle-ci.
Leçons de l’histoire récente
L’histoire récente donne un avertissement clair contre une telle « construction de la paix » défaillante. En février 2014, la Russie a envahi la péninsule de Crimée et l’a occupée ; deux mois plus tard, ses troupes, avec des forces locales pro-russes, ont lancé une opération dans la région du Donbass en Ukraine, prenant le contrôle de certains territoires. En août, Kyiv a été contraint à des négociations médiées par la France et l’Allemagne visant à mettre fin aux combats dans des conditions défavorables.
Les accords de Minsk
Ce qui est devenu connu sous le nom d’accord de Minsk I, signé en septembre de cette année-là, n’a duré pas plus de six mois. En janvier 2015, les forces loyales à Moscou et des unités régulières de l’armée russe ont renouvelé leurs attaques contre l’Ukraine pour la forcer à faire davantage de concessions. En février 2015, ce qui est devenu connu sous le nom d’accord de Minsk II a été négocié et signé, stipulant que Kyiv devait reconnaître le « statut spécial » de deux régions dans le Donbass effectivement occupées par la Russie.
L’échec des accords
Les accords de Minsk n’ont finalement pas réussi à garantir une paix durable. Structurés pour congeler le conflit plutôt que de le résoudre, ils ont permis à la Russie de consolider son contrôle sur les territoires occupés tout en maintenant l’Ukraine politiquement et militairement contrainte. Moscou n’a jamais respecté ses engagements, utilisant le processus diplomatique pour gagner du temps, se regrouper et se préparer à de nouvelles agressions.
Une paix durable nécessite des conditions solides
Les accords de Minsk ratés servent de mise en garde : les règlements qui ignorent les réalités de sécurité de l’Ukraine et les attentes sociétales ne mènent pas à une paix durable, mais reportent simplement le prochain conflit. Tout règlement doit refléter la volonté du peuple qui endure cette guerre depuis trois ans.
La fatigue de la guerre
La fatigue de la guerre est réelle, comme l’illustre un sondage mené par Gallup en novembre, dans lequel 52 % des répondants ont déclaré soutenir des négociations. Cependant, lorsqu’il s’agit de concessions territoriales, seulement 27 % ont déclaré que l’Ukraine devrait envisager une telle étape. Une claire majorité des Ukrainiens rejette l’idée de céder des terres dans le cadre d’un accord de paix.
Une réalité politique inéluctable
Ces chiffres mettent en évidence une réalité politique incontournable : il n’y a pas de large soutien en Ukraine pour un accord de paix qui légitimiserait les gains territoriaux russes. Toute direction ukrainienne tentant de négocier de tels termes ferait face à une pression publique énorme. Et même si un accord était atteint au niveau diplomatique, les tentatives de mise en œuvre seraient accueillies par une résistance féroce sur le plan national.
Le rôle des décideurs occidentaux
C’est pourquoi les décideurs américains et d’autres pays occidentaux plaidant pour une résolution rapide ne peuvent ignorer la volonté du peuple ukrainien. S’ils souhaitent qu’un accord de paix tienne, ils devraient envisager de continuer à soutenir l’armée ukrainienne. La capacité de l’Ukraine à négocier d’une position de force dépend du succès militaire continu et d’une position unifiée de ses alliés.
Une illusion de force
Dans leurs décisions sur leur politique envers l’Ukraine, les pays occidentaux ne devraient pas tomber dans le piège de la narration défaillante de la Russie. Moscou a tenté de créer l’illusion de force tout en dissimulant ses vulnérabilités croissantes. Les responsables russes ont insisté sur le fait que l’économie russe est stable malgré les sanctions, que leurs opérations militaires sont durables et que le temps est de leur côté.
Les faux discours de la Russie
Lors des discussions à Riyad, des représentants russes ont apparemment suggéré que les entreprises à Moscou prospèrent, que les restaurants sont pleins et que seules les économies occidentales souffrent d’un engagement prolongé en Ukraine. Le message était clair : la Russie peut se battre aussi longtemps qu’il le faut tandis que l’Occident fait face à des retours décroissants.
Le chemin vers la paix
Cela a conduit certains en Occident à conclure qu’un accord de paix rapide – basé sur des concessions ukrainiennes – pourrait être la voie la plus pragmatique à suivre. Mais ce n’est pas le cas. Apaiser la Russie ne ferait qu’augmenter son appétit pour plus d’agression.
Des engagements de sécurité concrets
La manière de garantir la paix en Ukraine est de mettre en place un cadre de sécurité robuste post-guerre. Que ce soit par l’intégration à l’OTAN, des accords de défense bilatéraux ou un cadre de sécurité structuré dirigé par l’Europe, l’Ukraine a besoin d’engagements de sécurité concrets. Si ces engagements sont absents dans tout règlement de paix, le risque de conflit renouvelé resterait élevé.
Les mois à venir seront cruciaux
Les mois à venir seront critiques alors que Washington réévalue son rôle en Ukraine. Bien que beaucoup reste incertain, une réalité est claire : le combat de l’Ukraine ne concerne pas seulement la récupération de territoires perdus, mais aussi l’assurance que sa souveraineté n’est plus en question. Que la politique occidentale continue de s’aligner sur cet objectif ou qu’elle se déplace vers une approche plus transactionnelle façonnera la prochaine phase de la guerre.