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Le Défense civile a annoncé samedi que 500 000 Palestiniens étaient déjà retournés dans la ville de Gaza et dans le nord du territoire depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu conclu à Charm el-Cheikh. Le retour massif coïncide avec la mise au jour d’une dévastation considérable causée par l’offensive israélienne.
Au deuxième jour de la mise en œuvre de l’accord, des colonnes de déplacés continuaient d’affluer depuis le centre et le sud du territoire vers la gouvernorat de Gaza et le nord, à pied ou à bord de véhicules de fortune. Sur les artères principales, des familles reviennent à pied, portant enfants et quelques bagages, tandis que beaucoup retrouvent leurs maisons détruites ou inhabitables.
Scènes de retour et de destruction
Des retours éprouvants sont rapportés : certains ont parcouru jusqu’à 15 kilomètres depuis Khan Younes vers la ville de Gaza, décrivant le trajet comme « épuisant ». À leur arrivée, beaucoup ont découvert leurs quartiers noyés sous les décombres.
Les équipes du Défense civile se concentrent notamment sur l’extraction des corps. Selon leurs déclarations, 150 dépouilles ont déjà été retrouvées depuis le début du cessez-le-feu, tandis que le nombre de personnes portées disparues s’élèverait à environ 9 500.
Le président du réseau des organisations civiles palestiniennes, Amjad Al-Shawa, a indiqué que 1,5 million d’habitants de la bande de Gaza ont perdu leur logement.
Retour progressif de la vie urbaine
Le correspondant d’Al Jazeera, Shadi Shamiyya, rapporte que la vie revient petit à petit dans les rues de la ville de Gaza, malgré l’ampleur des destructions. De nombreux retours s’accompagnent de l’installation de tentes en guise d’hébergement provisoire.
La municipalité de Gaza a lancé des opérations d’ouverture des voies pour permettre aux familles d’accéder aux quartiers résidentiels. On observe des pelleteuses et engins qui dégagent les rues des gravats et des débris.
- Priorités municipales : préparation à l’accueil des retours depuis le sud du territoire.
- Actions urgentes : dégagement des routes, rétablissement de l’accès à l’eau et assainissement.
- Ressources limitées : la municipalité évoque un manque quasi total d’équipements pour remettre les infrastructures en état.
Le porte-parole de la municipalité, Assem Al-Nabi, a insisté sur la nécessité d’assurer l’approvisionnement en eau, l’ouverture des voies, la remise en état des réseaux d’assainissement et l’évacuation des déchets. Il a souligné que l’ampleur des dommages complique fortement l’aide aux populations.
Retour à Khan Younes
Parallèlement, des Palestiniens ont regagné le centre de Khan Younes après le retrait des forces israéliennes de certaines zones. Les autorités municipales décrivent une situation de destruction sans précédent.
Le maire de Khan Younes, Alaa al-Batta, a fourni des chiffres alarmants :
- 85 % de la gouvernorat de Khan Younes est détruit.
- 400 000 tonnes de gravats doivent être enlevées des rues.
- 300 km de conduites d’eau ont été endommagés.
- 75 % du réseau d’assainissement est hors d’usage.
- Environ 350 000 tonnes de déchets doivent être traitées.
Les opérations militaires qui ont duré plus de cinq mois ont ravagé les bâtiments, les commerces, ainsi que les infrastructures sanitaires et éducatives. Malgré la situation, de nombreux habitants affirment leur volonté de rester sur leur terre.
Déploiement sécuritaire
Le ministère de l’Intérieur à Gaza a annoncé le déploiement de forces de police et d’autres services de sécurité dans les zones évacuées par l’armée israélienne. L’objectif affiché est de rétablir l’ordre et de contrer les manifestations de désordre laissées par le conflit.
Le ministère a appelé les citoyens à protéger les biens publics et privés et à respecter les consignes émises par les autorités compétentes.
Après le retrait des forces israéliennes, des médias locaux ont rapporté que les forces de sécurité affilées à la résistance ont arrêté 17 personnes recherchées, dont un responsable d’un groupe armé dans le nord du territoire.
Le cessez-le-feu et ses modalités
La phase initiale de l’accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël est entrée en vigueur à midi vendredi, après l’approbation du gouvernement israélien au petit matin.
Les termes prévoient notamment :
- un arrêt des hostilités ;
- un retrait progressif des forces israéliennes de certaines zones ;
- un échange mutuel de détenus ;
- l’acheminement immédiat d’aide humanitaire vers la bande de Gaza ;
- le démantèlement des capacités militaires du Hamas.
Selon le dispositif annoncé, l’armée israélienne s’est retirée de la ville de Gaza (nord) à l’exception du quartier de Chejaiya et de parties des quartiers de Tuffah et Zaytoun. À Khan Younes (sud), les retraits ont concerné le centre et des parties de l’est.
Le plan, présenté par l’ancien président américain Donald Trump et soutenu par des médiations menées à Charm el-Cheikh, a été négocié indirectement pendant quatre jours avec la participation de la Turquie, de l’Égypte et du Qatar, sous parrainage américain.
Le texte fait également état d’accusations particulièrement graves : il affirme qu’avec le soutien américain, Israël a commis, depuis le 7 octobre 2023 et sur une période de deux ans, un génocide à Gaza, causant plus de 67 000 morts et 170 000 blessés, dont une majorité de femmes et d’enfants, et une famine ayant entraîné la mort de 460 Palestiniens, dont 154 enfants.