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Un respirateur spécialement conçu pour les passagers des chars amphibies du Jour-J sera prochainement présenté au musée du Débarquement d’Arromanches. Cette pièce exceptionnelle illustre les innovations techniques mises en œuvre pour les opérations du 6 juin 1944, un témoignage précieux de l’ingéniosité militaire lors du Débarquement en Normandie.
Un équipement rare des chars amphibies Duplex Drive
Ce respirateur se présente sous la forme d’un sac en toile étanche, équipé d’un tube, d’une prise buccale et même d’un pince-nez. Il s’agit d’un dispositif destiné aux chars amphibies Duplex Drive, des véhicules basés sur le char Sherman, munis d’une jupe étanche leur permettant de flotter. Développé spécifiquement pour le Débarquement, cet équipement devait permettre aux soldats, au nombre de quatre à cinq par char, de survivre en cas de naufrage en mer.
Le musée du Débarquement d’Arromanches a acquis cet exemplaire fin 2024. Il s’agit d’un modèle anglo-canadien particulièrement rare, dont seul un autre exemplaire est connu à Bovington, en Angleterre. Le respirateur, retrouvé dans une vieille collection par le magasin Arromanches Militaria, est en excellent état. Une inscription discrète « 1943 » figure sur une sangle, attestant de la période de fabrication.
Selon Guillaume Dormy, chargé des collections et de la médiation culturelle, on estime que seulement quelques centaines de ces respirateurs ont été fabriquées, un millier paraît même excessif.
Une innovation vitale lors du Débarquement
Les chars amphibies Duplex Drive ont connu des conditions particulièrement difficiles lors de l’assaut, notamment à Omaha Beach, où environ 70 chars n’ont pas réussi à atteindre la plage. Pesant près de 30 tonnes, ces véhicules coulaient très rapidement, piégeant parfois les soldats à l’intérieur.
Ce respirateur offrait aux occupants entre cinq et dix minutes d’oxygène, grâce à un système filtrant le dioxyde de carbone expiré pour leur permettre de respirer leur propre air et tenter de s’extraire du char inondé. Ce dispositif a sauvé plusieurs vies, comme en témoigne un soldat dont le témoignage est conservé au musée : « L’eau s’est engouffrée si vite que j’ai cru que nous n’avions aucune chance. Sans le masque, je ne serais jamais remonté à la surface ».
Un objet méconnu au service de la mémoire
Peu documenté, ce respirateur faisait partie de l’équipement encombrant que les forces d’assaut laissaient derrière elles après le débarquement. Guillaume Dormy prévoit de collaborer avec le musée de Bovington afin d’approfondir les recherches et retrouver des archives sur ce matériel stratégique, dont le développement est resté relativement discret.
Ce respirateur illustre une ingénierie remarquable, à l’image des tenues anti-gaz ou des caisses étanches destinées aux munitions. Il témoigne de l’anticipation des risques liés à l’utilisation de chars amphibies en conditions périlleuses. Grâce à cette pièce, le musée souhaite montrer au public les inventions techniques et la méthodologie mises en œuvre lors du DDay.
Plus de 80 ans après son utilisation par les unités anglo-canadiennes, ce respirateur refait surface au musée du Débarquement d’Arromanches, qui accueille chaque année près de 300 000 visiteurs.