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Une nouvelle Commission européenne sous Ursula von der Leyen
La nouvelle Commission européenne reflète les priorités établies par Ursula von der Leyen, centrées sur le climat, la défense et la compétitivité. La composition de cette Commission, dévoilée le 17 septembre à Strasbourg, témoigne d’une habileté politique notable de la présidente de l’exécutif européen. Ce casting est le fruit d’un équilibre délicat, conciliant les ambitions des États membres tout en respectant les exigences géographiques et de genre, tout en maintenant le soutien du Parlement européen.
Ursula von der Leyen a su réaliser plusieurs choix audacieux tout en évitant les écueils majeurs. Notamment, elle a réussi à écarter le commissaire français Thierry Breton, devenu un obstacle pour elle. À la place, la France obtiendra un poste de vice-président chargé de l’industrie et du marché unique, ce qui a conduit Paris à changer de candidat en faveur de Stéphane Séjourné.
Une inversion des rapports de force
Lors de sa nomination à la tête de la Commission en 2019, Ursula von der Leyen avait bénéficié du soutien d’Emmanuel Macron, se positionnant comme son alliée durant son premier mandat. Cependant, le rapport de force a depuis évolué, et c’est désormais le président français qui doit ajuster ses attentes face à la présidente de la Commission.
Vers une féminisation accrue
Ursula von der Leyen a également remporté la bataille de la féminisation au sein de l’exécutif européen : la nouvelle Commission comptera 40 % de femmes, avec quatre femmes parmi les six vice-présidents. « Lorsque j’ai reçu la première série de candidatures, nous nous dirigions vers une Commission composée d’environ 22 % de femmes. C’était inacceptable. J’ai donc travaillé avec les États membres et nous avons pu améliorer l’équilibre », a-t-elle déclaré.
Elle a su répondre aux aspirations de chacun, tout en restreignant le pouvoir des candidats jugés récalcitrants. Bien que les États choisissent leurs commissaires, c’est la présidente qui répartit les portefeuilles. Désireuse de maintenir le soutien de Giorgia Meloni, Ursula von der Leyen a attribué un poste de vice-président à Raffaele Fitto, représentant de l’extrême droite, mais celui-ci se retrouvera limité à la politique de cohésion.
Management stratégique des commissaires
Ursula von der Leyen a également minimisé l’influence d’Oliver Varhelyi, un proche de Viktor Orban, qui se voit confier un rôle peu stratégique dans le domaine de la santé et du bien-être animal. « Vingt États voulaient un poste économique, on ne pouvait satisfaire tout le monde », a-t-elle souligné.
Des innovations notables dans la Commission
Cette nouvelle Commission européenne introduit plusieurs innovations. Pour la première fois, un commissaire est désigné pour la défense, en la personne de Andrius Kubilius, lituanien. De plus, un Danois, Dan Jorgensen, sera chargé du logement, tandis que l’autrichien Magnus Brunner s’occupera de la migration, devant mettre en œuvre le nouveau Pacte migratoire voté au printemps dernier.
Il revient maintenant au Parlement européen de se prononcer sur ces nominations. Chaque commissaire doit être auditionné et obtenir un vote favorable. Certaines candidatures, comme celle de Teresa Ribera, commissaire chargée de la transition verte, suscitent des inquiétudes en raison de ses positions antinucléaires. De même, Maria Luís Albuquerque, responsable des services financiers, pourrait être confrontée à des accusations de conflits d’intérêts, du fait de sa carrière passée dans le secteur privé. Ces questions seront débattues lors des auditions prévues.
Composition de la nouvelle Commission européenne
La Commission sera composée de 27 commissaires, un par pays membre, sous la présidence d’Ursula von der Leyen, avec six vice-présidents :
- Teresa Ribera, socialiste espagnole, en charge de la transition climatique et de la politique de concurrence.
- Henna Virkkunen, conservatrice finlandaise, responsable de la souveraineté technologique et du numérique.
- Stéphane Séjourné, libéral français, en charge de la stratégie industrielle, des PME et du marché unique.
- Kaja Kallas, libérale estonienne, haute-représentante pour la politique étrangère et de sécurité.
- Roxana Mînzatu, sociale-démocrate roumaine, chargée de l’éducation, de l’emploi et des droits sociaux.
- Raffaele Fitto, représentant de l’extrême droite italienne, responsable de la politique de cohésion, du développement régional et des villes.
Cette nouvelle Commission espère une mise en fonction effective d’ici au 1er novembre.