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Une étude nationale menée en Corée du Sud met en lumière un lien surprenant entre les veines variqueuses et la démence, suggérant que le traitement de ces veines pourrait contribuer à prévenir les dommages vasculaires cérébraux.
Veines variqueuses et démence : un lien méconnu
Les veines variqueuses (VV), caractérisées par des veines torsadées, dilatées et superficielles d’au moins trois millimètres de diamètre, touchent entre 2 % et 73 % de la population mondiale, selon les zones géographiques et les méthodes d’étude. Plusieurs facteurs favorisent leur apparition, notamment le vieillissement, l’obésité, le sexe féminin et la constipation chronique.
Plusieurs altérations vasculaires communes aux veines variqueuses et au vieillissement ont également été associées à des maladies neurodégénératives et à un déclin cognitif. Des recherches antérieures ont mis en évidence une corrélation entre les varices, l’hypertension veineuse, le reflux valvulaire et les modifications de la substance blanche cérébrale. Ces troubles veineux pourraient entraver le drainage veineux cérébral, aggravant ainsi des facteurs de risque connus de démence, tels que les lésions de la substance blanche et les maladies des petits vaisseaux cérébraux.
Définir la démence et ses conséquences
La démence se caractérise par un déclin cognitif persistant et progressif, des pertes de mémoire ainsi que des modifications comportementales. Les formes les plus répandues sont la maladie d’Alzheimer (MA) et la démence vasculaire (DV). Avec le vieillissement accéléré de la population mondiale, les chercheurs anticipent une hausse significative des cas de démence à l’échelle globale.
Si les causes exactes de la démence restent encore partiellement inconnues, les lésions vasculaires et les atteintes aux organes cibles liées aux problèmes veineux sont considérées comme des facteurs contributifs majeurs. De nouvelles investigations sont toutefois nécessaires pour approfondir ces liens potentiels.
Une étude coréenne de grande envergure
Les chercheurs ont exploité les données du registre national de la santé sud-coréen (NHIS-HEALS), couvrant la période de 2002 à 2019, afin d’évaluer l’association entre les veines variqueuses et le risque de démence, ainsi que l’impact du traitement des varices sur ce risque.
Le panel analysé comprenait 430 875 adultes âgés de 40 ans et plus ayant bénéficié d’un dépistage sanitaire gratuit entre 2005 et 2010. Après exclusion des personnes atteintes de démence préalable ou présentant des données incomplètes, l’échantillon final regroupait 396 767 individus, dont 1,3 % étaient porteurs de veines variqueuses.
Pour garantir la robustesse des comparaisons, un appariement par score de propension (PSM) a été effectué. Les critères d’évaluation comprenaient la démence toutes causes confondues en tant que critère principal, ainsi que la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire en critères secondaires. Les diagnostics reposaient sur au moins deux demandes médicales associées à la prescription de médicaments antidémences, renforçant ainsi la précision diagnostique.
Résultats clés de l’étude
L’âge moyen des participants était de 56 ans, avec 46 % d’hommes. Comparativement au groupe sans varices, les fumeurs, les consommateurs d’alcool et les diabétiques étaient plus nombreux parmi les personnes sans antécédents de varices, tandis que les comorbidités étaient plus fréquentes dans le groupe VV.
Sur une période médiane de suivi de 13,3 ans, 13,9 % des participants ont été diagnostiqués avec une démence toutes causes confondues, 9,7 % avec la maladie d’Alzheimer et 3,7 % avec une démence vasculaire. L’analyse multivariée a révélé que la présence de varices augmentait le risque de démence toutes causes. Bien que le lien avec la maladie d’Alzheimer ou la démence vasculaire ne soit pas confirmé dans ces modèles, la corrélation entre varices et démence toutes causes a été maintenue dans les analyses de sensibilité post-PSM, indépendamment des autres facteurs.
Les hommes, les fumeurs actuels et les gros consommateurs d’alcool porteurs de varices présentaient un risque significativement accru de développer une démence toutes causes.
Quant à l’impact du traitement des varices, aucune différence notable n’a été observée sur le risque global de démence. Toutefois, un traitement des varices semblait associé à un risque réduit de démence vasculaire, avant et après ajustement par PSM. L’effet protecteur sur la maladie d’Alzheimer était significatif avant ajustement mais non confirmé ensuite.
Limites et implications de la recherche
Les résultats indiquent une association entre les veines variqueuses et un risque accru de démence toutes causes, avec une possible réduction du risque de démence vasculaire grâce au traitement des varices. Néanmoins, ces observations ne permettent pas d’établir un lien de causalité en raison du caractère rétrospectif et observationnel de l’étude.
Parmi les limites majeures figure l’impossibilité d’évaluer la gravité et la classification des varices à partir des données de santé disponibles. D’autres facteurs non mesurés, tels que des antécédents familiaux de démence ou le niveau d’urbanisation, pourraient également biaiser les résultats.
Enfin, l’échantillon n’est pas strictement représentatif de l’ensemble de la population sud-coréenne, car il repose sur un échantillonnage aléatoire de 10 % des habitants âgés de 40 ans et plus, ce qui limite la généralisation des conclusions aux populations plus jeunes ou à d’autres pays.