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Le premier traité entre les peuples autochtones et un gouvernement en Australie a été promulgué dans l’État de Victoria après sa finalisation et sa signature. La cérémonie de signature a réuni les membres de la First Peoples Assembly de Victoria mercredi soir, puis la gouverneure de l’État, Margaret Gardner, a apposé sa signature jeudi matin. Cet accord marque une étape majeure dans les relations entre l’État et les communautés autochtones, et illustre un tournant dans le processus de réconciliation.
Cérémonie et réactions
Jill Gallagher, femme Gunditjmara et ancienne commissaire de la Victorian Treaty Advancement Commission, a expliqué à la chaîne publique australienne ABC que le traité représente « l’histoire de la résistance des peuples aborigènes ». Elle a ajouté se sentir « très heureuse » et « au comble de la joie ».
La cheffe du gouvernement de Victoria, Jacinta Allan, a qualifié la signature de « nouveau chapitre » dans l’histoire de l’État. Selon elle, ce chapitre « repose sur la vérité, est guidé par le respect et avancera grâce au partenariat » pour bâtir une Victoria plus forte, plus juste et plus équitable pour tous.
Portée historique et reconnaissance internationale
L’Australie a été colonisée par l’Empire britannique en 1788, et les colons sont arrivés dans la région aujourd’hui appelée Victoria au début du XIXe siècle. Contrairement à d’autres anciennes colonies britanniques — comme le Canada, la Nouvelle-Zélande ou les États-Unis — aucun traité n’avait jusque-là été signé avec les peuples autochtones en Australie.
Le traité formalise la création d’une First Peoples’ Assembly permanente de Victoria. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a salué l’accord comme historique, estimant qu’il « répond à l’exclusion et à la discrimination persistantes à l’encontre des Premiers Peuples du pays — résultat de la colonisation ».
Türk a ajouté que l’accord « a le potentiel d’être véritablement transformateur, en assurant aux Premiers Peuples une voix directe pour conseiller et façonner les lois, politiques et pratiques qui affectent leur vie ».
Parcours vers le traité et processus de vérité
Le processus de négociation du traité a débuté en 2016 et a inclus la Commission de justice Yoorrook, un organe formel de vérité qui a conclu ses travaux en juin de cette année. La commission a entendu des témoignages de personnes autochtones ayant subi les conséquences de la colonisation, y compris des membres des « Stolen Generations » — enfants autochtones retirés de leurs familles par des agences publiques et des organisations religieuses.
Le pays avait également organisé en 2023 un référendum visant à modifier la Constitution pour créer une Voix autochtone permanente auprès du Parlement. Le référendum n’a pas recueilli le soutien nécessaire pour changer la Constitution.
Ce processus s’inscrit également dans la continuité de la Déclaration d’Uluru de 2017 (Uluru Statement from the Heart), qui appelait à une Voix autochtone auprès du Parlement et rappelait les liens ancestraux de 60 000 ans des peuples autochtones avec leur terre.
- 2016 : lancement officiel du processus de traité.
- Création et travaux de la Yoorrook Justice Commission, conclus en juin de cette année.
- 2023 : référendum constitutionnel sur une Voix autochtone, qui n’a pas abouti.
- 2017 : Déclaration d’Uluru, appelant à une représentation permanente des peuples autochtones.
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