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Visite de Abdel Fattah al-Burhan à New York : enjeux pour le Soudan
Washington – Alors que des enjeux majeurs comme la situation à Gaza, au Liban, et la guerre en Ukraine dominent l’actualité, le Soudan s’impose également sur l’agenda des événements liés à la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, organisera une réunion pour attirer l’attention sur la crise soudanaise.
Les États-Unis deviennent un centre politique pour une guerre qui dure depuis 17 mois. Récemment, le président Joe Biden a affirmé que son pays « ne s’est pas désengagé de ses engagements envers le peuple soudanais, qui mérite liberté, paix et justice ». Il a exhorté les parties en conflit à « mettre fin à la violence et à cesser d’attiser le conflit ».
Dans ce contexte, le président du Conseil souverain et chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhan, se rend à New York pour diriger la délégation soudanaise durant ces réunions.
Un moment crucial
Biden a encouragé les deux camps à reprendre les négociations pour mettre un terme à la guerre dans un communiqué publié mardi dernier, dans lequel il déclarait que « tous devraient mettre fin à cette violence et cesser de l’alimenter pour l’avenir du Soudan et de son peuple ».
Il a également exhorté les belligérants, à savoir l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, à retirer leurs troupes et à faciliter l’accès humanitaire sans entrave. Il a souligné que « les attaques des Forces de soutien rapide nuisent de manière disproportionnée aux civils » et a appelé l’armée à « cesser les bombardements aléatoires qui détruisent la vie des civils et leurs infrastructures ».
Pour le diplomate David Shinn, ancien sous-secrétaire d’État américain pour les affaires africaines, le moment choisi pour cette déclaration est crucial, intervenant juste avant des discussions importantes en marge de l’Assemblée générale.
Perspectives d’avenir
Shinn mentionne que la question soudanaise sera à l’ordre du jour de l’administration Biden à New York, y compris lors de la rencontre entre Biden et le prince héritier des Émirats, Mohammed ben Zayed, à Washington, avant son départ pour New York.
Dans une rencontre avec son homologue égyptien après les discussions stratégiques, le secrétaire d’État Antony Blinken a insisté sur la nécessité pour les Forces de soutien rapide de prendre toutes les mesures pour protéger les innocents et de respecter leur engagement à protéger les civils. Il a de plus insisté sur l’importance de s’asseoir et de trouver un accord sur les précédents engagements pris à Djeddah pour mettre fin à cette guerre brutale.
Appels à l’action
Shinn estime qu’il pourrait toujours y avoir une percée dans le processus de paix soudanais d’ici la fin du mandat de Biden le 20 janvier 2025, mais cela dépendra de la volonté de l’armée et des Forces de soutien rapide de prioriser le bien-être du peuple soudanais au-dessus de leurs propres intérêts.
Il est prévu qu’ al-Burhan prononce un discours devant l’Assemblée générale jeudi prochain et rencontre plusieurs leaders mondiaux ainsi que des représentants d’organisations internationales et régionales. Selon Shinn, la participation d’al-Burhan démontre qu’il reste le leader principal au Soudan, même au milieu de la guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide.
Urgence humanitaire
De son côté, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé le leader des Forces de soutien rapide, Mohamed Hamdan Daglo (Hemedti), à agir de manière responsable et à ordonner immédiatement l’arrêt des attaques de ses forces. Guterres a déclaré qu’il était « inacceptable que les parties en conflit ignorent systématiquement les appels à un cessez-le-feu » et a averti que toute escalade pourrait conduire à des tensions sectaires dans toute la région du Darfour.
Il a réitéré que la cessation des hostilités est une urgence, tant à El Fasher qu’ailleurs. En parallèle, les membres du forum des ONG soudanaises ont appelé la communauté internationale à intensifier la pression sur les belligérants pour permettre un accès humanitaire immédiat.
Les nations arabes, ainsi que les États-Unis, l’Union africaine, l’Union européenne et l’ONU, organisent un événement spécial au niveau ministériel pour soutenir la réponse humanitaire au Soudan. Cet événement vise à mobiliser une action mondiale coordonnée pour faire face à la crise humanitaire croissante et ses conséquences sur la région.