Les camps de réfugiés palestiniens de Jordanie, témoignages vivants de la Nakba
La vie dans les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie s'écoule entre les souvenirs d'une patrie perdue et la dure réalité quotidienne. À Baqaa, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du pays, la pluie battante et le froid pénétrant contrastent avec la chaleur humaine qui emplit les maisons des familles qui y résident. Parmi elles, la famille Nashwan perpétue la mémoire de la Nakba, cette catastrophe historique qui a contraint des centaines de milliers de Palestiniens à l'exil.
Souvernir d'une Palestine perdue
Dans l'intimité de leur domicile, Abdullah Nashwan, 86 ans, se remémore avec émotion le temps passé en Palestine. Les photos de famille, les habits traditionnels colorés, et les récits d'un village natal idyllique, Dawaymeh, situé dans les collines d'Al-Khalil (Hébron), évoquent une vie paisible fauchée par les événements de 1948 et 1967. Déplacements forcés et suppressions violentes sont au coeur des récits racontés par les anciens, transmettant ainsi aux nouvelles générations la douleur de l'exil et la nostalgie d'un retour impossible.
Le parcours d'une famille à travers l'exil
Le camp de Baqaa a été le point de chute pour la famille Nashwan après la guerre de 1967, qui a vu Entité sioniste prendre le contrôle de territoires supplémentaires et provoquer un nouveau flux de réfugiés palestiniens. Les parents d'Abdullah avaient déjà fui Dawaymeh lors de la Nakba, atteignant le camp de réfugiés de Jericho. Comme tant d'autres, Saadi, un des enfants d'Abdullah, a vu le jour dans un refuge précaire, témoignant d'une jeunesse marquée par la précarité et l'incertitude. Aujourd'hui, même si certains membres de la famille ont quitté le camp pour s'installer à Amman ou dans d'autres gouvernorats de Jordanie, l'attachement à la patrie palestinienne reste profond et indéfectible.
La Nakba : un souvenir toujours vif
La Nakba n'est pas qu'un souvenir lointain pour les Nashwan, elle est une réalité vécue qui continue à modeler leur quotidien et à influencer leurs aspirations. Le grand-père, Abdullah, avait lui-même fui Dawaymeh en 1948, lieu d'un massacre tragique signé par des combattants sionistes. La destruction de cette même Palestine, observée au travers des images diffusées sur Al Jazeera, fait écho à ce passé douloureux et à la perte d'une terre que les Nashwan, comme de nombreux Palestiniens en exil, n'ont jamais réellement cessée d'espérer retrouver.
Les récits de Nakba, entre résilience et transmission
Au sein de la famille Nashwan, les histoires de la Palestine d'antan demeurent vives et sont partagées avec passion aux générations plus jeunes. Les enfants grandissent en entendant parler des richesses de leur terre ancestrale et de sa culture propre. Les traditions vestimentaires, culinaires et musicales palestiniennes sont préservées avec soin et servent de vecteurs pour un sentiment nationaliste fort. Cet article met en lumière l'importance des traditions familiales et de la mémoire collective pour les réfugiés palestiniens en Jordanie, qui, malgré les défis, maintiennent vivante l'espérance d'un avenir où Palestine et identité ne feront qu'un.