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Cette semaine, Charles Pépin répond à la question posée par Julie : « Comment fait-on pour s’y mettre ? » Une interrogation essentielle pour tous ceux qui luttent contre la procrastination et cherchent à passer à l’action efficacement.
Ne pas attendre le « bon moment » : un piège à éviter
Il est tentant de croire qu’il faut simplement attendre le moment idéal pour commencer une tâche. Pourtant, ce « bon moment » n’existe pas vraiment et chercher à l’identifier relève d’une illusion. Cette attente perpétuelle peut devenir une excuse pour ne jamais agir concrètement.
Au fond, cette attitude est souvent liée au perfectionnisme. En repoussant sans cesse le commencement sous prétexte d’être mieux préparé demain, le perfectionniste retarde son passage à l’action, ce qui ne fait qu’amplifier son angoisse.
Le secret de l’action : agir malgré l’imperfection
Charles Pépin souligne que c’est l’action qui libère de l’angoisse, plus que la réflexion. Le véritable secret réside dans le fait de se lancer, même si l’action est imparfaite. Une démarche inachevée peut toujours être corrigée, ajustée ou prolongée.
Le philosophe français Gaston Bachelard rappelle que « le progrès n’est qu’une suite d’erreurs rectifiées ». Par ailleurs, même une action imparfaite peut provoquer des réactions, des rencontres et des échanges d’idées avec les autres, enrichissant ainsi le processus.
Les dangers de la procrastination
Remettre sans cesse à plus tard ce que l’on pourrait faire aujourd’hui crée une bulle de solitude souvent douloureuse. Cette procrastination est fréquemment accompagnée d’auto-illusions : croire s’accorder un moment de repos ou de préparation alors qu’en réalité, c’est l’angoisse qui grandit silencieusement.
Pour sortir de ce cercle, il faut cesser de trop réfléchir au moment de s’y mettre. Trop de réflexion au sujet du « comment » ou du « quand » finit par paralyser l’élan. Comme le disait le philosophe Alain, retranscrit par un ami de Charles Pépin, « le secret de l’action, c’est de s’y mettre ».
Choix, décision et courage : les clés pour avancer
Une autre clé pour surmonter la procrastination est de distinguer un choix d’une décision. Le choix repose sur la rationalité, l’analyse logique des options disponibles, tandis que la décision est un acte de volonté qui tranche dans le doute. Il s’agit d’avoir le courage d’avancer malgré l’incertitude.
Face à des arguments contradictoires, il faut donc compenser l’absence de certitude rationnelle par la force de la volonté. Cette idée, paradoxalement, est bien expliquée par René Descartes : « décider, c’est compenser les limites de l’entendement par la puissance du vouloir ».
Ainsi, s’y mettre n’est pas une question de perfection mais d’engagement courageux. Que ce soit pour commencer un travail, ranger son appartement ou enfiler ses baskets pour courir, il suffit de faire le premier pas. Le reste suit naturellement.
Agir avant tout, même imparfaitement
La meilleure manière de vaincre la procrastination est donc de ne pas trop se prendre la tête et de mettre son corps en mouvement. Cette confiance en l’action dépasse celle en une motivation intérieure parfois fluctuante.
On peut craindre l’échec, mais comme le rappelle Bachelard, le progrès s’obtient par la correction de ses erreurs. Paradoxalement, ne rien faire expose davantage au risque de se tromper que d’agir imparfaitement.