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L’éducation à Aruba : le défi de la langue néerlandaise

by Sara
L'éducation à Aruba : le défi de la langue néerlandaise
France

La question de l’éducation à Aruba suscite de vives réactions au sein de la communauté caribéenne. Un essai de Leilani Werleman, étudiante à la Hague, a ouvert un débat sur la décision d’Aruba de faire du Papiaments la langue d’enseignement principale dans les écoles primaires, une décision qui, selon elle, pourrait entraver les opportunités pour les jeunes en réduisant leur maîtrise du néerlandais.

Une maîtrise limitée du néerlandais

Dans son essai, Werleman explique que même après avoir reçu des cours de néerlandais depuis l’âge de cinq ans, elle a rencontré des difficultés lors de l’examen final en néerlandais. Des recherches menées en 2022 révèlent que seulement 22 % des étudiants caribéens dans l’enseignement supérieur aux Pays-Bas obtiennent leur diplôme dans les délais impartis. Ce chiffre tombe à 36 % pour les étudiants d’origine non occidentale et atteint 52 % pour ceux d’origine néerlandaise ou occidentale.

Les difficultés rencontrées par les étudiants caribéens dans leur maîtrise du néerlandais les mènent souvent à des problèmes d’études et à un isolement social. Le récit de Sontje Wijman, un jeune homme de Curaçao étudiant à Rotterdam, illustre ce point : il a avoué avoir éprouvé un profond sentiment de solitude à cause de sa difficulté à comprendre la langue.

Le débat sur la langue

Le débat linguistique sur les îles ABC (Aruba, Bonaire, Curaçao) dure depuis des décennies. Bien que le Papiaments soit la langue maternelle de la majorité des 280 000 habitants, les examens scolaires se font principalement en néerlandais. Depuis 2002, le Papiaments est devenu la langue d’instruction principale dans les premières années scolaires à Curaçao et Bonaire. La demande de Werleman d’enseigner davantage le néerlandais est considérée par certains comme « coloniale ».

Dernièrement, le Genootschap Nederland – Aruba a organisé un débat intitulé « Langue : pont ou barrière ? » à la Hague, où l’éducatrice Juana Kibbelaar a souligné que le Papiaments dispose de peu de ressources pédagogiques comparé à des langues plus répandues comme l’espagnol, l’anglais et le néerlandais.

Des inégalités alarmantes

Kibbelaar a mis en lumière l’inégalité croissante dans l’enseignement des langues au sein du Royaume. Un enfant d’une famille Papiaments à Amsterdam reçoit six heures d’enseignement en néerlandais par jour, tandis que la plupart des enfants à Curaçao et Bonaire n’en reçoivent qu’une heure ou moins. Les parents qui peuvent se le permettre engagent des cours particuliers, ce qui accentue encore plus les inégalités.

Les choix linguistiques dans l’éducation ont également un impact sur le niveau de néerlandais des enseignants, réduisant l’efficacité de l’enseignement. Les enfants n’apprennent pas suffisamment le néerlandais, et beaucoup d’entre eux ont du mal à comprendre des livres adaptés à leur âge. Les examens en néerlandais se traduisent souvent par de l’apprentissage par cœur, ce qui ne prépare pas les élèves de manière adéquate.

Une génération en danger

Le rapport de l’inspection de l’éducation sur Curaçao, publié en janvier, indique que la qualité de l’enseignement est en dessous des normes depuis des années. Les heures d’enseignement sont insuffisantes, et le manque de professeurs dû au vieillissement de la population menace la situation. Le taux d’inscription des enfants à l’éducation orientée vers l’emploi a doublé ces vingt dernières années, tandis que le niveau d’éducation général diminue et que le chômage des jeunes augmente.

Kibbelaar évoque ainsi une « génération perdue » et appelle à une réforme urgente de l’éducation. Elle souligne que le rendement scolaire est faible dans toutes les matières, laissant les enfants mal préparés pour le marché du travail. Même ceux qui restent à Curaçao et souhaitent travailler dans le secteur public doivent maîtriser le néerlandais, langue essentielle pour l’administration publique et la justice.

Les recommandations politiques

Selon Kibbelaar, il est crucial que les décideurs comprennent que le problème ne repose pas uniquement sur la langue, mais sur un déficit de connaissances. L’enseignement d’une langue plus répandue en parallèle du Papiaments pourrait enrichir les enfants caribéens, leur permettant d’accéder à une plus grande quantité de savoirs.

Lors du débat, alors que Werleman faisait face à des critiques, Kibbelaar reçut des soutiens. Kathleen Ferrier, ancienne membre du CDA et présidente de la Commission néerlandaise pour l’UNESCO, a affirmé que la langue maternelle est un vecteur d’identité, mais que la connaissance constitue un droit fondamental. Elle a plaidé pour un débat au niveau du Royaume pour que les deux langues puissent coexister et se développer.

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source:https://www.nrc.nl/nieuws/2025/04/12/beter-nederlands-leren-helpt-caribische-leerling-bij-kennisontwikkeling-a4889742

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