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Liberté d’expression des salariés sur LinkedIn : limites et enjeux

by Sara
France

La liberté d’expression des salariés, d’un côté, et la préservation de la réputation de l’entreprise, de l’autre, soulèvent des enjeux complexes. Cet équilibre délicat est mis en lumière par l’affaire récente de Philippe Carli, président du groupe de presse régionale Ebra, qui a été contraint à la démission après avoir exprimé son soutien sur LinkedIn à des publications d’extrême droite.

Une démission « responsable » pour l’actionnaire

Philippe Carli a exprimé ses excuses publiques le 26 janvier, puis a annoncé sa démission, affirmant agir « dans l’intérêt du groupe ». Le Crédit Mutuel, actionnaire d’Ebra, a salué cette décision dans un communiqué, affirmant qu’elle permettrait aux rédactions de retrouver leur sérénité. Cette situation soulève la question : un salarié, même à un poste élevé, peut-il être sanctionné pour des opinions qui ne concernent pas son travail ? En théorie, la réponse est non.

La vie personnelle et la liberté d’expression

Exprimer une opinion personnelle, tant qu’elle ne contrevient pas à la loi, est considéré comme faisant partie de la vie personnelle du salarié. Cela englobe des aspects variés, y compris les opinions politiques, les engagements associatifs et les préférences culturelles, tant qu’ils sont médiatisés. La portée de ces propos est essentielle ; s’ils sont visibles par un large public, leur impact peut être significatif.

Une liberté d’expression limitée

Bien que la liberté d’expression soit protégée par divers textes, y compris la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme, elle est soumise à des restrictions. Le Code du travail stipule que les droits individuels ne peuvent être limités que si cela est justifié par la nature de la tâche à réaliser. Les salariés ont un devoir de loyauté envers leur employeur, et leurs publications doivent tenir compte de cet engagement.

Impact sur l’image de l’entreprise

Les propos tenus par un salarié peuvent avoir un impact négatif sur l’entreprise, sa réputation ou son image. La Cour de cassation a confirmé qu’un motif lié à la vie personnelle d’un salarié peut justifier un licenciement si cela constitue un manquement à ses obligations contractuelles. Les juges doivent établir un lien direct entre les propos tenus et le préjudice subi par l’entreprise.

La protection de la vie privée

La protection de la vie personnelle interdit à un employeur de sanctionner un salarié pour des faits extérieurs à sa profession, à moins qu’un trouble objectif ne soit démontré. Par conséquent, un directeur financier accusé de détournement de fonds dans sa vie privée, ou un cadre dénonçant l’exploitation des énergies fossiles, pourrait théoriquement bénéficier de cette protection, sauf preuve de préjudice causé à l’entreprise.

Conseils pour les salariés

Les salariés, en particulier ceux occupant des postes de responsabilité, doivent faire preuve de prudence dans l’expression de leurs opinions sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn. Indiquer que les publications n’engagent que leur auteur est une protection, mais cela peut ne pas suffire. Les conséquences d’une prise de position peuvent être significatives, même sans intention malveillante.

Le droit à la vie privée et la liberté d’expression protègent les salariés, même sur les réseaux sociaux, mais jusqu’à une certaine limite.

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