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En 2023, la maternité tardive devient une tendance marquante aux Pays-Bas, avec un nombre croissant de femmes ayant leur premier enfant au-delà de 30 ans. Ce phénomène est influencé par des facteurs socio-économiques, personnels et médicaux qui transforment la manière dont les femmes envisagent la maternité, tout en posant de nouveaux défis pour leur santé et leur carrière.
L’évolution de l’âge moyen à la première maternité
Depuis les années 1980, on observe un recul progressif de l’âge auquel les femmes donnent naissance à leur premier enfant. Selon les données récentes, la moyenne néerlandaise s’établit à 30,3 ans en 2023, contre 29,4 ans une décennie plus tôt. Cette tendance n’est pas propre aux Pays-Bas : aux États-Unis, par exemple, les femmes de plus de 40 ans ont désormais plus d’enfants que les adolescentes pour la première fois dans l’histoire.
La quête de développement personnel et les coûts élevés
Lonneke van der Berg, chercheuse au Nederlands Interdisciplinair Demografisch Instituut (NIDI), souligne que les jeunes adultes, notamment les femmes, repoussent de plus en plus les étapes majeures de la vie comme quitter le domicile parental, vivre en couple ou avoir des enfants. Cette tendance s’explique notamment par une focalisation accrue sur la croissance personnelle :
- Indépendance financière
- Construction d’une carrière
- Découverte de soi
Chez les personnes sans formation supérieure, les raisons financières dominent pour retarder la maternité, touchant aussi bien les hommes que les femmes. L’instabilité sur le marché du logement et du travail, avec des contrats précaires et la difficulté à trouver un logement adéquat, contribue à cette hésitation. Par ailleurs, le coût élevé de la garde d’enfants est un facteur dissuasif majeur, qualifié de « préoccupant » par la chercheuse.
Liberté et changement de valeurs
La décision de reporter ou d’abandonner le projet d’avoir des enfants varie selon les situations. Pour certains, c’est un report en attendant plus de stabilité, mais pour d’autres, l’envie de maternité n’est tout simplement pas présente. Van der Berg met en avant l’évolution des mentalités :
- Investir d’abord en soi-même est de plus en plus valorisé socialement
- Les jeunes femmes sont aujourd’hui souvent plus diplômées que les hommes
- Ce choix leur permet notamment de profiter de la liberté de voyager et d’éviter les attaches géographiques
La « child penalty » : un frein professionnel pour les mères
Après l’arrivée des enfants, de nombreuses femmes constatent une dévalorisation sur leur lieu de travail. Hanneke Takkenberg, médecin et professeure à l’Erasmus MC, témoigne que les mères sont moins souvent considérées comme des talents prometteurs, ce qui n’est pas le cas pour les pères. Par exemple, elle a vécu la différence de traitement à travers la question fréquente sur son temps de travail post-maternité, une interrogation rarement adressée aux hommes.
Le phénomène de « child penalty » se traduit par :
- Une baisse significative des revenus féminins après le premier enfant
- Une réduction des heures de travail
- Un impact négatif sur les droits à la retraite
Ces disparités économiques influencent fortement la carrière et la sécurité financière des femmes à long terme.
Par ailleurs, Takkenberg participe à la création d’un centre de recherche à Rotterdam dédié à la santé des femmes, rappelant que, biologiquement, les meilleures chances de grossesse se situent avant 35 ans, un aspect crucial pour toutes les personnes susceptibles de porter un enfant, y compris les hommes transgenres et les personnes non-binaires.
Les défis médicaux liés à la fertilité et les avancées technologiques
La fertilité féminine diminue plus rapidement avec l’âge, surtout après 35 ans. Chez les hommes, la qualité du sperme décline également, mais de manière plus progressive. Avec le recul de l’âge à la maternité, le recours à la fécondation in vitro (FIV) est en hausse aux Pays-Bas, notamment pour pallier les difficultés d’avoir un enfant :
- La FIV implique un traitement hormonal intensif
- Extraction d’ovocytes
- Transfert d’embryons
C’est un processus lourd qui affecte profondément la vie des femmes concernées.
Les innovations médicales, en particulier l’intelligence artificielle, commencent à transformer ces procédures. Elle améliore notamment les chances de succès de la FIV. En mars 2024, un cas marquant a été rapporté au Mexique : la naissance d’un bébé sain issu d’un parcours de FIV entièrement automatisé par IA, la mère ayant 40 ans.