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Les jeux vidéo modernes sont plus réalistes que jamais, mais un sens reste encore inexploré par les développeurs : l’odorat. Imaginez jouer le rôle de Mario, en tournoyant à travers le Royaume des Champignons, tout en ressentant l’odeur d’un power-up de Fleur de Feu. Ou plongez dans un couloir de « The Last of Us », peuplé de Clickers, ces ennemis mortels transformés par une pandémie fongique dévastatrice.
La légende de Smell-da
Des chercheurs travaillant sur une technologie expérimentale à l’Université de Warwick espèrent découvrir si l’odorat peut réellement rendre les jeux plus immersifs. Ils ont développé un casque sur mesure qui diffuse de minuscules doses d’odeurs à travers un tube, dispersées par un ventilateur devant le joueur. Ce dispositif, en collaboration avec Hollywood Gaming, utilise des bouteilles d’huiles essentielles pour reproduire une variété d’arômes.
Lors d’une démonstration, les journalistes de BBC Newsbeat ont joué à Daytona Racing. Ils ont pu sentir l’odeur de l’essence alors qu’ils faisaient la course, suivie par une fragrance de caoutchouc lors du freinage, et un léger parfum de « voiture neuve » en cours de route.
Le défi majeur pour les chercheurs reste la rapidité de changement entre les odeurs pendant le déroulement du jeu, surtout lors de transitions soudaines entre des scènes contrastées. Bien que des technologies précédentes, comme le célèbre « smell-o-vision », aient eu des difficultés avec cette problématique, les chercheurs pensent que leur méthode de « micro-dosage » pourrait surmonter ces obstacles.
Une technologie prometteuse
Le professeur Alan Chalmers de l’Université de Warwick indique que cette technologie pourrait être particulièrement utile pour les simulations, permettant aux pilotes en formation d’utiliser tous leurs sens. « Nous essayons de créer des environnements aussi proches de la réalité que possible. L’odeur en fait partie intégrante », dit-il.
Il souligne que les joueurs constituent un excellent panel pour tester cette technologie, car il y a toujours une abondance de volontaires. Il envisage également des applications pour des jeux grand public, notamment en utilisant des odeurs artificielles pour représenter des mondes fantastiques. « Les gens recherchent des expériences plus immersives ».
Les grandes entreprises de jeux à la recherche de nouvelles expériences
Des entreprises de jeux vidéo explorent déjà de nouvelles façons de rendre les jeux plus immersifs. Lors du CES de cette année à Las Vegas, Sony a présenté son Concept de Divertissement Immersif Futur, une pièce avec des écrans sur toutes les surfaces créant une vue à 360 degrés, incluant des odeurs correspondant au jeu joué.
En outre, le GameScent, une boîte conçue pour être placée à côté des PC ou consoles de jeu, a été lancée l’année dernière. Ses créateurs affirment qu’elle utilise l’IA pour déterminer quelles odeurs diffuser et quand – y compris des arômes de tir métallique ou de fleurs en forêt. Bien qu’il soit commercialisé comme un produit grand public, il reste encore une technologie de niche.
Il est légitime de se demander dans quelle mesure les joueurs se soucient de rendre les mondes plus réalistes et immersifs. Bien que de plus en plus de jeux et casques de réalité virtuelle soient développés, ces derniers ne sont pas encore la principale manière de jouer, et Sony a été critiqué pour son manque de soutien logiciel à l’égard de son propre casque VR2.
Réactions des joueurs
Les retours des joueurs sont majoritairement positifs. Shoubna Naika-Taylor, enseignante en esports, décrit la technologie comme « intéressante et vraiment immersive », avec un potentiel d’application dans de nombreux jeux. Juris Kozirev, un étudiant, admet qu’il avait du mal à identifier certaines odeurs, confondant par exemple l’odeur de l’huile pour moteur avec celle de fleurs. Au lieu de se sentir en pleine course, il se sentait en réalité plus détendu : « On ne ressent pas le besoin d’être compétitif, juste calme. L’odeur est là, sans trop vous déranger, mais vous pouvez définitivement la sentir ».