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« Nuremberg ». Aujourd’hui, dans Affaires Sensibles, le procès de Nuremberg, le procès d’un monde qui s’effondre, celui de la folie criminelle nazie. Le nom évoque une ville symbole du IIIe Reich devenue champ de ruines et, en même temps, un palais de justice intact où se pressent des journalistes du monde entier. Vingt et un hommes, qui régnaient hier sur l’Europe, se retrouvent au banc des accusés : le procès de Nuremberg a cristallisé la confrontation entre responsabilités politiques et crimes de masse.
Procès de Nuremberg : déroulement, chiffres et durée
Outil majeur pour les historiens, le procès de Nuremberg reste un événement hors norme par son ampleur et sa documentation. Ouvert le 20 novembre 1945 et clos le 1er octobre 1946, il s’est déroulé sur plus de dix mois et a compté 403 audiences. Les débats ont donné lieu à des dizaines de milliers de documents et à un procès‑verbal qui s’étale sur vingt‑deux volumes.
De l’organisation des audiences à l’accumulation de preuves, l’ampleur matérielle du procès illustre la volonté des auteurs du jugement de fonder une procédure complète et durable. Le caractère inédit de la mise en cause des dirigeants nazis a requis une accumulation considérable d’éléments afin de répondre à la gravité des accusations et d’assurer une trace écrite exhaustive des débats.
Un jugement inédit et ses catégories d’accusation
À Nuremberg, pour la première fois de l’Histoire, les hauts responsables d’un État sont jugés. Le procès a articulé des chefs d’accusation précis : crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ces qualifications juridiques ont posé les bases d’un débat international sur la responsabilité pénale des dirigeants et sur la possibilité de poursuivre, au nom du droit, des actes commis par des États.
Le procès de Nuremberg est décrit comme « le procès d’un monde qui s’effondre, celui de la folie criminelle nazie ». Mais il marque aussi la naissance d’un monde nouveau : l’espoir d’un ordre international fondé sur le droit, et non sur la force, est né dans l’enceinte même de ce tribunal.
Quatre‑vingts ans après l’ouverture : mémoire et tensions contemporaines
Quatre‑vingt ans après l’ouverture du procès, cet espoir paraît plus que jamais menacé, note le récit documentaire évoqué ici. Les crimes jugés à Nuremberg réapparaissent dans notre présent, et ils le font parfois sans perspectives de jugement. La mémoire du procès sert alors de référence, tant pour l’analyse historique que pour la réflexion juridique, sur la manière dont les sociétés traitent les crimes de masse.
Le procès continue d’alimenter débats et recherches, notamment sur la représentation des faits et sur la manière dont images et archives ont façonné la mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale.
Intervenants et récit documentaire
Un récit documentaire signé Jean Brossier retrace ces enjeux et ces moments d’audience. L’émission a pour invitée Sylvie Lindeperg, historienne spécialiste des rapports entre cinéma, mémoire et Histoire ; elle étudie notamment la façon dont les images ont participé à la construction de la représentation du procès.
Sylvie Lindeperg est l’auteur de Nuremberg, la bataille des images, paru chez Payot en 2021 ; une réédition dans la collection « Petite Bibliothèque Payot » est annoncée pour le 8 octobre 2025.
Sources documentaires citées
Ouvrages :
- Nuremberg, la bataille des images, Sylvie Lindeperg, éditions Payot, 2021, réédition « Petite Bibliothèque Payot », 2025.
- Le procès de Nuremberg, François de Fontette, coll. Que sais‑je ?, PUF, 1996.
- Le procès de Nuremberg, Annette Wieviorka, édité par le Mémorial de Caen, 2005.
- Nuremberg : 1945, la guerre en procès, Casamayor, Perrin, 1985.
- Jugements derniers, les procès Pétain et Nuremberg, Joseph Kessel, Bartillat, 1995.
Documentaires et radio :
- Le procès de Nuremberg, les nazis face à leurs crimes, Christian Delage, Arte, 2006.
- Le procès de Nuremberg, « 2000 ans d’Histoire », France Inter, 2005.
- Le procès de Nuremberg, série documentaire de France Culture produite par Dominique Missika, 2007.
Discographie citée
- JEAN FERRAT — Nuit et brouillard (1963).
- LEONARD COHEN — Who by fire (1974).
- AMORE — Last maría on earth (2025).
Le procès de Nuremberg demeure une référence majeure pour comprendre comment la justice internationale moderne s’est construite face aux crimes d’État. Les archives, les images et les récits produits pendant et après les audiences continuent d’alimenter recherches, films et débats publics, témoignant de l’importance de conserver une mémoire rigoureuse de ces événements.