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Mütter Museum: restes humains et débat éthique à Philadelphie

by charles
États-Unis

Au Mütter Museum de Philadelphie, restes humains et artefacts anatomiques titillent la curiosité du public tout en suscitant un débat sur la présentation des pièces. En 2023, sous une nouvelle direction, le musée lance le Post Mortem Project pour réfléchir à l’exposition et contextualiser une collection majoritairement acquise sans consentement. Des vidéos retirées puis partiellement rétablies ont alimenté les discussions publiques autour du musée. L’objectif est de rendre justice à chaque vie représentée et d’éclairer les visiteurs sur le contexte historique et scientifique des pièces.

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Vue d’une vitrine du Mütter Museum, symbole du débat sur l’exposition des restes humains.
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Mütter Museum : un débat éthique autour des restes humains

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Les pièces exposées incluent tumeurs, kystes géants et membres humains. L’institution, fondée en 1863 à partir de la collection d’un chirurgien local, rassemble environ 35 000 pièces dont 6 000 biologiques et attire plus de 130 000 visiteurs annuels. Des dons de médecins et de donneurs vivants ont enrichi les vitrines, y compris en 2020 lorsqu’un cœur transplanté a été donné et placé dans un bocal à côté de crânes historiques.

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« C’est là que la controverse a débuté », se souvient Kate Quinn, ancienne directrice du Mütter. « Nous avions des débats en interne qui ont pris de l’ampleur dans la sphère publique après le retrait des vidéos », dans lesquelles certains restes humains étaient présentés sur un ton souvent léger ou blagueur.

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En 2023, sous l’impulsion d’une nouvelle direction, le Mütter, qui reçoit plus de 130 000 visiteurs par an, lance le Post Mortem Project visant à réfléchir avec les visiteurs sur une meilleure manière de présenter les spécimens, acquis pour la plupart sans le consentement des patients et exposés sans détails sur leur identité. Le musée efface alors des centaines de vidéos de sa chaîne YouTube, suivie par plus de 100 000 personnes, ainsi qu’une exposition numérique de son site internet, selon la direction.

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« L’objectif était d’inviter les gens à participer au débat et de nous accompagner dans cette aventure », explique Sara Ray, nouvelle codirectrice, regrettant que « cela ait pris de telles proportions ». « La question n’est pas de savoir si nous devons ou non exposer des restes humains, mais plutôt si nous pouvons le faire d’une manière qui rende justice à ces personnes et à leur histoire », ajoute l’anthropologue Valerie DeLeon, qui rappelle que « depuis quelque temps, ils regardent ces collections et se posent des questions sur les personnes représentées, comme ont-elles choisi d’être là ? ».

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La direction a décidé de rétablir 80 % des vidéos sur la chaîne YouTube, une décision saluée par les membres de Protect The Mütter. Cependant, la question des pièces anonymes demeure, certains citant le squelette d’un homme de 2,29 m dont le nom est inconnu et souhaitant le maintenir en vitrine. « Il faut que cet exemple d’acromégalie soit présenté avec respect et aide les générations futures à mieux comprendre une maladie chronique qui continue d’affecter des personnes chaque jour », affirme une membre du collectif.

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La controverse est ainsi devenue un point d’ancrage pour les discussions sur l’éthique muséale et la transparence autour des objets historiques sensibles, avec des voix appelant à un équilibre entre éducation, mémoire et dignité des personnes représentées.

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