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Reconnaissance officielle de la France envers les rapatriés d’Indochine

by charles
France, Vietnam

Une étape importante a été franchie mardi à l’Assemblée nationale avec l’adoption à l’unanimité d’une proposition de loi visant à reconnaître officiellement la France envers les rapatriés d’Indochine. Ce texte, transpartisan, marque une volonté collective de réparer un long passé marquant la fin de la guerre d’Indochine et la gestion souvent indigne de ces populations par le gouvernement français.

Une reconnaissance historique et symbolique

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a insisté sur le fait que la proposition visait à réparer « un calvaire » débuté en 1954, date des accords de Genève qui ont mis fin au conflit. Il a rappelé que ces rapatriés, souvent appelés « supplétifs » ou « indigènes », avaient été abandonnés dans des conditions déplorables, devenant presque étrangers dans leur propre pays d’origine après avoir servi la France durant la conflit. Faure a ainsi évoqué des conditions de vie indignes, comprenant barrières de barbelés, couvre-feu, salut militaire obligatoire et visites contrôlées dans des camps souvent dirigés par d’anciens colons.

Camp de rapatriés d’Indochine
Conditions de vie difficiles dans les camps de rapatriés d’Indochine

Ce mardi, 231 députés de différentes tendances politiques, de La France Insoumise au Rassemblement National, ont salué cette reconnaissance collective. Le texte souligne également que la nation doit exprimer sa gratitude en étendant notamment la journée nationale d’hommage, fixée le 8 juin, aux combattants, militaires et membres des formations supplétives ainsi qu’aux rapatriés. Il s’agit également d’établir une procédure de réparation, évaluant la reconnaissance des préjudices subis en tenant compte de la durée de leur séjour dans ces camps d’accueil.

Les enjeux de la réparation et du recadrage historique

Les débats ont toutefois porté sur la période concernée par cette réparation. La date d’entrée en vigueur de la prise en compte des conditions d’accueil a été vivement discutée : si la majorité des députés, dont la ministre Patricia Mirallès, a défendu la réduction de la période à partir du 1er janvier 1966, certains ont maintenu la date initiale du 22 juillet 1954, pouvant aller jusqu’au 31 décembre 1975. La ministre a précisé que cette extension pourrait concerner environ 1 600 personnes, contre une estimation basse de 329 à 500 bénéficiaires identifiés par les associations concernées.

Le débat porte également sur la reconnaissance historique et pédagogique de cette période, avec l’objectif d’intégrer cette histoire dans la mémoire collective nationale grâce à des financements de recherches scientifiques et à des ressources éducatives. Olivier Faure a justifié la date de 1975 par le fait que c’est à cette période que l’État aurait procédé à un véritable « accompagnement social » pour ces populations, avec une évolution vers des conditions moins restrictives dans les centres d’accueil.

Un consensus marqué par la volonté de réparation

Ce vote unanime témoigne d’une volonté politique forte de reconnaître enfin la responsabilité de la France dans la gestion de ses rapatriés indochinois. La proposition de loi prévoit aussi une extension symbolique de l’hommage national, visant à réparer moralement et matériellement un long chapitre méconnu ou délaissé de l’histoire coloniale française.

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