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Quand la science-fiction s’inspire de notre Histoire pour dresser un miroir à peine déformé de notre société, le pari est réussi. C’est le cas d’Andor, dont la deuxième et ultime saison est diffusée sur Disney+. Cette série, saluée par de nombreux critiques comme la meilleure de l’univers Star Wars, mêle habilement fiction et réalisme historique pour offrir une plongée politique saisissante.
Une saison 2 très attendue
La deuxième saison d’Andor, lancée le 23 avril 2025, déroule sur 12 épisodes les quatre années qui précèdent Rogue One : A Star Wars Story. Fidèle à son succès critique initial, la série continue d’insister sur un réalisme marqué, rendant palpable la montée en puissance d’un Empire galactique en pleine fascisation. Le showrunner Tony Gilroy ne cache pas ses sources d’inspiration historiques, qu’il a largement documentées pour nourrir la série.
Interrogé par l’AFP, Gilroy explique avoir « dévoré des ouvrages sur la révolution russe, française, haïtienne ou mexicaine » pour constituer « un catalogue d’événements et de personnages » auxquels il a puisé pour scénariser cette fresque politique complexe. Quand la fiction s’entrelace avec l’Histoire, elle en devient d’autant plus puissante, voire prophétique.
La Résistance française comme modèle
Parmi les nombreuses influences historiques, la Seconde Guerre mondiale éclaire particulièrement cette saison. Tony Gilroy révèle s’être inspiré de la série française Un Village Français, qui décrivait la Résistance sous l’occupation allemande dans un village fictif du Jura. Cette ambiance résistante est transposée sur la planète Ghorman, théâtre des actions rebelles d’Andor, avec même plusieurs acteurs issus de la série française.
Les détails ne sont pas laissés au hasard : les radios fractales utilisées par les insurgés sont calquées sur les appareils de radio-espionnage employés par la Résistance française, soulignant l’authenticité historique insufflée dans la narration.
Résonances avec l’Allemagne nazie et la conférence de Wannsee
La série fait également écho à un moment sombre de l’Histoire avec la réunion de cadres de l’Empire dans le premier épisode, qui s’inspire directement de la conférence de Wannsee de 1942. Tony Gilroy confie au site Polygon : « La conférence de Krennic, où l’on aborde pour la première fois le sujet de Ghorman, s’inspire beaucoup de la conférence de Wannsee que les nazis ont tenue, lors d’un déjeuner PowerPoint pour trouver la solution finale. »
La propagande galactique, miroir de la post-vérité
Au cœur de cet épisode, le ministère de l’Illumination vante sa capacité à manipuler l’opinion publique, à « implanter les bonnes idées au bon endroit, dans le bon ordre » pour « militariser l’opinion galactique ». L’objectif est de légitimer un génocide imminent sur Ghorman pour s’approprier ses ressources naturelles.
Cette manipulation rappelle tristement les mécanismes de la propagande nazie mais aussi le contexte actuel de post-vérité, marqué par la prolifération de fake news, la distorsion de la réalité et la désinformation. L’Empire y distribue un bouc émissaire, un procédé qui traverse le temps et les galaxies.
Un avertissement historique
Toutefois, la série ne prétend pas faire un parallèle direct avec notre époque contemporaine, d’autant que le tournage a débuté en novembre 2022, bien avant certaines crises actuelles. La sortie d’Andor a d’ailleurs été retardée par la grève des scénaristes qui a paralysé de nombreuses productions.
Pour Tony Gilroy, « la triste vérité c’est que l’histoire se répète encore et encore ». À travers cette fiction, la série invite implicitement à réfléchir sur les erreurs passées pour mieux les éviter à l’avenir.