Table of Contents
Une Nouvelle Vision d’Emmanuelle par Audrey Diwan
Après le triomphe de L’Événement, la réalisatrice primée du Lion d’or 2021, Audrey Diwan, nous propose une interprétation moderne de l’érotisme à la française. Dans un style visuel raffiné, son film évoque, par moments, l’univers artistique de Wong Kar-wai.
Une Interprétation Originale
Audrey Diwan insiste sur le fait que son Emmanuelle ne constitue pas un remake de la version de 1974. En effet, hormis quelques clins d’œil, tels que la célèbre scène de rapport sexuel dans les toilettes d’un avion ou encore celle de la masturbation féminine devant un miroir, les deux œuvres partagent peu de similitudes. Le film original de Just Jaeckin, avec ses relents colonialistes, n’est heureusement pas rappelé ici.
Noémie Merlant dans le Rôle Principal
Dans ce nouveau film, Noémie Merlant incarne Emmanuelle, agent de contrôle qualité en mission à Hong Kong pour évaluer l’expérience client dans un hôtel de luxe dirigé par Naomi Watts. Emmanuelle, vêtue de tenues impeccables, évolue dans un cadre futuriste, où le plaisir est quantifié par des codes couleurs et des données Excel. La séquence d’ouverture, se déroulant dans un train haut de gamme silencieux, rappelle une scène de 2046 de Wong Kar-wai, où les personnages et leurs désirs impossibles sont en route pour un voyage sans retour.
Les Influences de Wong Kar-wai
La réalisatrice s’inspire du maître du cinéma hongkongais à travers des scènes intimes se déroulant dans les couloirs de l’hôtel, où les personnages se cherchent et se frôlent délicatement. L’idée que les femmes puissent exprimer pleinement et librement leurs désirs érotiques semble relever de la science-fiction. Bien qu’Emmanuelle tente de s’échapper de cet environnement rigide par le biais de ses rêves, ces derniers apparaissent parfois aussi lisses que l’univers aseptisé créé par la cinéaste, suggérant que la liberté sexuelle féminine n’existerait que dans un monde idéal et sécurisé.
Un Voyage Érotique à Travers Hong Kong
Au fil de son séjour, Emmanuelle croise Kei (Will Sharpe), un mystérieux habitué qui la fascine tout en demeurant insaisissable. Ce personnage agit comme un voyageur entre deux mondes opposés : celui d’un hôtel froid et impersonnel et celui des ruelles animées d’Hong Kong. Il conduit finalement Emmanuelle vers une scène érotique inoubliable où il joue le rôle d’intermédiaire. Alors qu’Emmanuelle se livre à des ébats avec un inconnu, Kei traduit ses instructions en chinois, créant un jeu de langues intrigant.
La Suggestion et l’Érotisme
À l’image du fantasme, qui n’existe que dans l’imaginaire tant qu’il n’est pas réalisé, Emmanuelle mise sur l’art de la suggestion et de l’attente. Ainsi, la scène la plus sexy n’est pas la plus explicite ; elle réside dans la description détaillée par Emmanuelle de l’un de ses fantasmes. Son érotisme est accentué par le fait que les spectateurs ne peuvent que l’imaginer. « Faut le vouloir, faut y penser, faut le choisir. C’est ça, l’érotisme », déclarait déjà l’un des personnages du premier Emmanuelle, soulignant à quel point le cinéma peut être un formidable vecteur d’érotisme.
Emmanuelle d’Audrey Diwan, avec Noémie Merlant, Will Sharpe et Jamie Campbell Bower, sera en salle le 25 septembre 2024, et promet de réinventer la représentation de l’érotisme au cinéma.