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Banksy est un artiste britannique dont les graffitis engagés et provocateurs ont marqué le paysage urbain mondial. Né en 1974 à Bristol, il garde une identité secrète et use de l’anonymat comme prolongement de son art. Ses œuvres, souvent réalisées au pochoir, critiquent les pouvoirs en place et interrogent les inégalités sociales et politiques.
Naissance et mystère
Banksy serait né en 1974 à Bristol, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Malgré la renommée internationale de ses œuvres, il préserve jalousement son anonymat et n’a jamais confirmé publiquement son identité.
Une interview diffusée par la BBC en 2003 a alimenté les spéculations sur son nom, sans lever le mystère. Le photographe et ancien manager Steve Lazarides a documenté les débuts de Banksy depuis leur rencontre en 1997, contribuant à retracer certaines étapes essentielles de sa carrière.
Débuts et évolution artistique
Banksy a fait ses premières apparitions artistiques au début des années 1990 avec des peintures murales réalisées à la main. Vers 2000, il s’est tourné massivement vers la technique du pochoir (stencil) pour peindre rapidement et reproduire ses motifs avec précision.
Ses sujets récurrents comprennent des rats, des policiers et des figures anonymes, souvent traités avec ironie et force symbolique. Parallèlement au graffiti, il expérimente les arts de la performance et les installations.
- 2003 : exposition intitulée « War of the Grass » où il peint des motifs sur des porcs vivants, mêlant performance et provocation.
- 2005 : présentation de versions remaniées d’œuvres de Monet, Van Gogh ou Edward Hopper, accompagnée de la libération de rats vivants comme élément scénique.
- Intrusions artistiques au Metropolitan Museum de New York et au Tate Britain de Londres, où il appose des œuvres en se faisant passer pour un visiteur.
Murs et actions à l’échelle mondiale
Banksy a multiplié les interventions internationales, choisissant des lieux chargés de sens pour porter ses messages. En août 2005, il intervient en Cisjordanie et réalise plusieurs œuvres sur le mur de séparation, mêlant images d’enfants et ouvertures fictives vers des paysages idylliques.
En septembre 2006, il organise un événement à Los Angeles où il peint notamment un éléphant vivant, attirant un large public sans publicité préalable. En 2008, il lance le festival « Cans », un rassemblement d’artistes du street art dans un tunnel ferroviaire rassemblant une quarantaine de peintres.
Il réagit aussi aux événements politiques contemporains, comme le Brexit : en 2017, il peint à Douvres une image montrant un ouvrier retirant une étoile du drapeau européen, symbole de la désintégration d’unité.
Projets majeurs
Plusieurs projets de Banksy ont pris la forme d’installations temporaires ou d’espaces conceptuels, souvent pensés comme des critiques des loisirs et du spectacle.
- 2015 : Dismaland, un parc d’attractions temporaire et subversif installé à Weston-super-Mare, mêlant art et satire sociale.
- 2017 : The Walled Off Hotel à Bethléem, situé face au mur israélien, qualifié par Banksy lui‑même d’« avantageux » parce qu’il offre une « pire vue au monde ». L’hôtel présente des œuvres de Banksy et d’artistes palestiniens et a été temporairement fermé après le 7 octobre 2023.
Publications et film
Banksy a publié plusieurs ouvrages rassemblant ses œuvres et réflexions. Parmi eux figurent :
- « Smash the Head Against the Wall » (2001).
- « Existentialism » (2002), titre mêlant réflexion philosophique et esthétique du pochoir.
- « The Piece and the Wall » (2005).
En 2010, il réalise un film documentaire consacré au mouvement graffiti et aux artistes de rue. La réception a été partagée : certains critiques y voient un bon documentaire, d’autres y trouvent une dimension satirique prononcée.
Droits d’auteur et enjeux juridiques
Banky a longtemps refusé la formalisation de son art, estimant que la régulation risquait d’en vider le sens. Mais la multiplication de contrefaçons et d’expositions non autorisées l’a poussé à protéger certaines œuvres.
Il a ainsi enregistré comme marque l’une de ses images les plus célèbres, afin d’empêcher son exploitation commerciale sans son accord. En 2019, la société britannique Full Color Black a demandé l’annulation de cette marque, arguant d’un enregistrement « de mauvaise foi » et d’un non‑usage effectif dans le commerce.
En réponse, Banksy a ouvert en octobre 2019 une boutique éphémère à Londres nommée « Gross Domestic Product », vendant des objets ornés de ses dessins. En 2025, la section d’annulation de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle a finalement supprimé la marque enregistrée.
Affrontement entre art et loi : l’œuvre sur les Royal Courts of Justice
Le 8 septembre 2025, une œuvre attribuée à Banksy est apparue sur la façade extérieure du bâtiment Queen’s Building du complexe des Royal Courts of Justice à Londres. L’artiste l’a revendiquée via son compte Instagram, suscitant un vif débat public.
L’image représentait un manifestant allongé au sol, portant une pancarte maculée de sang, tandis qu’un juge s’apprêtait à le frapper avec son maillet. La scène a été interprétée comme une critique des poursuites et des arrestations visant des partisans du collectif Palestine Action.
Les autorités britanniques ont rapidement fait effacer la fresque, invoquant le statut de bâtiment historique protégé et la nécessité de préserver son caractère patrimonial.