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Hirokazu Kore-eda forme les enfants au cinéma à Tokyo

by Sara
Japon, France

Hirokazu Kore‑eda a animé cet été à Tokyo un stage pratique destiné aux 9–12 ans pour leur faire découvrir, par l’expérience, les métiers et les techniques du cinéma, insistant sur l’effort collectif et le travail artisanal derrière chaque image.

Un stage d’été à Tokyo pour initier les 9–12 ans au cinéma

Organisé par la municipalité de Tokyo avec le Conseil des arts de la ville, le stage gratuit «sept jours de cinéma en été» s’inscrit dans un programme plus large de formation de futurs créateurs. Des prospectus ont été distribués courant juin dans la plupart des écoles élémentaires de Tokyo et les enfants de 9–12 ans (quatrième, cinquième et sixième années de primaire) ont été tirés au sort parmi les plus de 200 inscriptions reçues.

Le principe du stage est simple : faire créer les enfants de A à Z — imaginer une histoire, penser des personnages, les incarner, puis tourner. Kore‑eda et une équipe de professionnels les ont guidés sur des aspects aussi concrets que le choix des valeurs de plans, les angles de vue, l’ajustement de la lumière et la tenue d’un micro au bout d’une perche.

«Tourner un film, c’est dur, ça exige du temps et du labeur»

Le chef opérateur Senzo Ueno, dont le père exerçait le même métier, a été explicite sur la démarche pédagogique :

«La distance, l’éclairage, l’orientation de la caméra, on peut utiliser beaucoup de méthodes pour exprimer ce que l’on veut, il faut chercher, essayer»,

Les enfants ont rapidement mesuré la difficulté : l’enchaînement des prises, la répétition nécessaire pour obtenir un son propre ou un cadrage stable, la coordination entre les rôles. Plusieurs jeunes participants ont raconté leur étonnement devant les coulisses du son et du montage.

«Les enfants ont été très surpris par exemple par le métier de bruiteur quand nous les avons emmenés visiter les studios de cinéma Toho. Je pense que voir le travail des professionnels va changer leur façon de regarder un film. Pour nous aussi c’est un bel enseignement que de parler aux enfants de notre métier en des termes qu’ils comprennent»,

Un des stagiaires a expliqué :

«Je ne pensais pas qu’une partie des sons étaient enregistrés de cette façon, ni que cela faisait une telle différence d’avoir ou non ces bruits sur les images»

Un autre a témoigné au sortir d’une séance de tournage :

«C’est difficile, il a fallu recommencer plusieurs fois les plans, à cause du micro, ou de la caméra»

Kore‑eda a insisté sur la valeur de l’effort collectif et la dimension humaine du processus :

«Eh oui, c’est pénible, de faire un film, en effet. Il y en a peut‑être qui pensent que ce serait plus simple avec l’IA. Mais je leur dis, que c’est justement parce que cela exige des efforts, un travail d’équipe, où l’on confronte les avis, où l’on n’est pas toujours d’accord, où l’on s’engueule peut‑être, mais où in fine on crée quelque chose tous ensemble, que le cinéma est réjouissant. C’est ce qui n’exige pas d’efforts qui n’est pas intéressant, c’est cela que j’ai envie de leur transmettre»

Les courts‑métrages réalisés par les enfants durant ce stage seront projetés au musée de la Photographie de Tokyo en septembre. Le réalisateur espère que la projection sur grand écran changera la façon dont les jeunes regardent leurs images : «Je pense qu’ils vont porter un tout autre regard sur leurs images en les voyant sur grand écran, ce dont ils n’ont pas l’habitude», a‑t‑il souligné.

Au‑delà de l’atelier, Kore‑eda a expliqué que son engagement s’inscrit dans une préoccupation plus large sur l’avenir du secteur au Japon. Il craint un vieillissement des équipes sans renouvellement, lié à la précarité des professions et à des salaires instables.

«J’ai le sentiment que le secteur est en danger, et mes multiples activités sont liées à cette inquiétude. Le fait que je participe à ce programme pour intéresser les jeunes au cinéma n’est pas étranger à mon souci d’améliorer le cadre de travail sur mes tournages ou les méthodes à appliquer pour assainir le secteur. Le Japon est en retard dans l’enseignement du cinéma, en dépit du fait que les images nous submergent. Il est essentiel que nous, les créateurs, éduquions les jeunes»

Connaisseur du monde du cinéma français, Kore‑eda plaide depuis des années pour la mise en place au Japon d’un dispositif d’aides similaire à celui des intermittents du spectacle en France. Il milite aussi pour la création d’un «CNC (Centre national du cinéma) japonais», inspiré du modèle français, afin de soutenir et financer en partie les films par le prélèvement d’un pourcentage du prix d’une place de cinéma.

source:https://www.liberation.fr/culture/au-japon-un-stage-avec-le-cineaste-hirokazu-kore-eda-cest-parce-que-cela-exige-des-efforts-que-le-cinema-est-aussi-rejouissant-20250816_VWFQKNBI6NCXNMD5ZMKEY4FNH4/

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