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Jacques Ferrandez : L’art de l’Algérie à Nice

by Sara
France, Algérie

Installé à Nice, Jacques Ferrandez poursuit, au crayon, la narration de son « pays perdu » : auteur des impressionnants Carnets d’Orient et des superbes adaptations dessinées de l’œuvre d’Albert Camus, il maintient un dialogue graphique constant avec l’Algérie de son enfance.

Jacques Ferrandez à Nice et son lien artistique avec Albert Camus

Issu de ce que l’on nomme la « ligne claire » belge — dont Hergé et Edgar P. Jacobs furent les pères — Jacques Ferrandez appartient à une génération d’auteurs qui ont fait de la bande dessinée un espace de confluence entre texte et image. Avec Tardi et Loustal, il forme ce trio de « trois Jacques » qui, chacun à sa manière, a attaché son art graphique à un romancier : Tardi à Céline, Loustal à Simenon, Ferrandez à Camus.

Ferrandez a mis en images plusieurs textes majeurs d’Albert Camus, notamment L’Étranger, Le Premier Homme et L’Hôte, nouvelle issue du recueil L’Exil et le Royaume, publiés chez Gallimard. Ses adaptations ne cherchent pas la simple illustration ; elles prolongent et traduisent visuellement les atmosphères, les silences et les tensions des récits camusiens, en restituant la lumière, les décors et les gestes qui fondent ces textes.

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi… »

Cette formule, citée dans le propos initial, illustre la nature de certaines rencontres artistiques : exclusives, déterminantes, proches de l’amour fou ou de la grande amitié. Chez Ferrandez, la rencontre avec Camus tient de cette évidence intime ; elle ouvre un paysage graphique où se mêlent mélancolie, mouvement et émotion.

Une filiation graphique et littéraire dans le paysage algéro-nicois

Ferrandez travaille depuis Nice, mais son œuvre reste profondément marquée par l’Algérie natale. Les Carnets d’Orient, régulièrement salués pour leur puissance descriptive, témoignent d’une double fidélité : à la mémoire personnelle et à une géographie culturelle qui traverse les époques. Sa palette narrative combine la rigueur de la ligne claire et une sensibilité documentaire, faisant de chaque planche un témoignage visuel autant qu’une proposition artistique.

Quand on évoque Albert Camus avec Jacques Ferrandez, dont il a mis en cases L’Étranger, Le Premier Homme et L’Hôte (Gallimard), on est surpris de constater que sa séduction continue d’opérer comme au premier jour. C’est le propre de la grâce. Et Albert Camus, qui a consacré à saint Augustin son mémoire de diplôme d’études supérieures…

Un art de la mémoire et de l’adaptation

Le travail de Ferrandez s’inscrit dans une démarche d’adaptation attentive : il respecte la force des textes tout en leur apportant une dimension visuelle qui les renouvelle. Ses dessins ne reproduisent pas mécaniquement les décors ; ils réinterprètent les ambiances, les cadres sociaux et les états d’âme des personnages, offrant au lecteur un accès inédit aux strates narratives de Camus.

Par son trait, Ferrandez célèbre les splendeurs — et les douleurs — d’une Algérie retrouvée par le dessin. Installé à Nice, il poursuit cette entreprise de mémoire intime et collective, faisant dialoguer roman et image, souvenir et invention graphique.

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source:https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/jacques-ferrandez-une-oeuvre-pour-celebrer-les-splendeurs-eternelles-de-son-algerie-natale-20250817

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