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Il n’y a pas que le festival de théâtre, cet été à Avignon. Connu pour ses sculptures de perles et de briques, Jean-Michel Othoniel s’est vu confier dix lieux de la ville pour une grande exposition nommée « Cosmos », construite autour d’un fil rouge : l’amour.
Un parcours artistique au Palais des Papes
Le point de départ, et le coeur battant, de cette proposition artistique inédite, c’est le célèbre Palais des Papes d’Avignon. Jean-Michel Othoniel y présente son univers rêveur fait de briques et de perles colorées. L’artiste a imaginé cette gigantesque expo, nommée « Cosmos », dans dix lieux de la ville, à la fois comme une balade et comme un jeu de piste. « C’est quelque chose que j’ai toujours aimé faire, mais je l’ai toujours fait à une échelle beaucoup plus discrète », explique-t-il. « Même quand j’étais très jeune artiste, j’aimais inventer des expos dans des lieux un peu bizarres, montrer mes oeuvres toujours un peu en marge ».
« Ici, la gageure, c’est qu’il n’y a pas de marge, on est dans des musées très importants. Comment arriver à créer un parcours qui invite surtout le spectateur à voyager dans ce jeu de piste ou cette chasse au trésor à travers la ville ? » se demande Jean-Michel Othoniel. La réponse réside peut-être dans la variété des lieux traversés par l’exposition, dont le fil rouge est l’amour, inspiré des poèmes écrits ici par Pétrarque. Certains, comme le fameux pont d’Avignon, sont très exposés aux visiteurs et aux visiteuses.
Une exposition déclaration d’amour
D’autres sont plus secrets, et vont certainement être découverts ou redécouverts à l’occasion de ce parcours d’art. C’est le cas du musée des bains Pommer d’Avignon, qui vient tout juste d’ouvrir après de longs travaux de rénovation de ces anciens bains publics. « C’est tout l’intérêt de faire intervenir un artiste d’art contemporain dans un lieu ancien », explique sa directrice, Sarah Zingraff. « C’est à dire qu’on croise un peu les publics et les publics de l’art contemporain et les publics du patrimoine au sens strict, puisque les bains sont classés monuments historiques depuis 1992 ». Ici, Jean-Michel Othoniel a installé des fontaines d’or, qui font écho au passé du lieu, et dont l’écoulement des eaux semble entrer en résonance avec celui des douches et des baignoires qui s’est tu depuis longtemps.
Un point culminant à la Collection Lambert
Point culminant du parcours, où la question de l’amour prend tout son sens : la Collection Lambert, lieu d’art contemporain qui a mis à disposition sa collection pour que Jean-Michel Othoniel fasse dialoguer ses oeuvres avec celles d’artistes qui lui ont donné goût à l’art lorsqu’il était enfant : « Au niveau de l’émotion intime et personnelle, cette exposition est peut-être la plus forte que j’ai faite », explique-t-il, « parce que justement, j’avais un rapport de premier amour, en fin de compte. C’est une très très grande émotion que de dialoguer avec les artistes que j’ai vus pour la première fois quand j’avais six ans ».
De l’art dans une ville de théâtre
Seulement voilà : en plein mois de juillet, quelques jours après l’ouverture de cette exposition, Avignon devient avant tout une ville de théâtre, visitée par des milliers de festivaliers. « Moi-même, je dois avouer, je suis très curieux de savoir comment des gens qui vont plutôt dans le noir, s’enfermer, regarder une histoire qu’on leur raconte, peuvent rentrer en contact avec quelque chose qui s’offre à eux et qui n’est pas de l’ordre du spectaculaire », se demande l’artiste. « Ça m’intrigue, de me demander comment on va faire le lien avec ces gens qui courent d’une pièce à l’autre ».
Après le festival, l’artiste investira à son tour la cour d’honneur du Palais des Papes pour une création mêlant ses sculptures avec la danse de Carolyn Carlson et la musique de Philip Glass.