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Julia Ducournau, cinéma, corps, Palme d’Or, Alpha : réalisatrice et scénariste française, elle s’impose depuis Grave (2016) et Titane (2021), pour lequel elle reçoit la Palme d’Or, comme une voix singulière du cinéma de genre ; son troisième long métrage, Alpha, est annoncé en salles le 20 août.
Julia Ducournau, cinéma, corps, Palme d’Or, Alpha
Dans son édito, Charles Pépin interroge le geste artistique de Julia Ducournau et la manière dont elle cherche à provoquer une « sidération » chez le spectateur. Loin d’un cinéma conç u pour divertir et rassurer, Ducournau privilégie des images et des sensations qui dérangent, qui déplacent l’assise du regard et du corps lors de la projection.
J’aimerais ce matin vous raconter l’histoire d’une femme, d’une cinéaste qui s’est un jour posée une question : au fond, qu’est-ce qui dérange vraiment ? Qu’est-ce qui peut créer chez le spectateur cet état de sidération si intéressant ? Le spectateur confortablement installé dans son fauteuil qui vient passer un bon moment de divertissement, se changer les idées pour revenir après tranquillement à sa vie d’avant, ce n’est pas trop sa tasse de thé. Elle, elle veut qu’il soit mal assis sur sa chaise, qu’il ne tienne pas en place et que son corps soit traversé, percuté, dérangé oui je crois que c’est le mot : mais, on y revient, qu’est-ce qui dérange vraiment ? Le blasphème ? Pas vraiment, trop banal, ça fait bien longtemps, en tout cas en Occident, qu’on peut insulter les dieux sans déranger personne et heureusement. Les propositions politiques radicales ? Non plus, il suffit d’allumer une chaîne info à n’importe quel moment de la journée pour tomber dans un état de sidération, pas besoin de cinéma pour ça. L’immoralité, les comportements de purs salauds ? Toujours pas, l’histoire du cinéma est pleine de salauds et malheureusement, la vraie vie aussi, c’est à se demander si ce qui serait vraiment dérangeant ne serait pas plutôt de faire le biopic de… quelqu’un de bien ! Enfin, elle cherche mais ne trouve pas… Qu’est-ce qui dérange vraiment ?
La cinéaste elle‑même, selon le texte, finit par identifier ce qui dérange : la représentation du corps. Charles Pépin cite Spinoza pour souligner l’enjeu philosophique derrière cette recherche formelle : « Nous ne savons pas ce que peut un corps », écrit Spinoza, et le cinéma, par sa capacité visuelle et sensorielle, interrogerait précisément ce que peuvent être les corps à l’écran.
Le propos explore une palette d’images possibles : « des corps malades, des corps éclatés, des corps vivants, des corps en train de jouir, des corps en train de mourir, des corps de sang, des corps de marbre, des corps exultants, suintants, des corps pétrifiés, des corps traversés » — autant de variations que le cinéma seul peut, selon Pépin et par extension Ducournau, éprouver et montrer.
Alpha : sortie le 20 août, sensation à Cannes et distribution
Près de dix ans après son premier long métrage, Grave, Julia Ducournau présente Alpha, qualifié de « sensation du dernier festival de Cannes » par l’édito. Le film sort en salles le 20 août et réunit au générique Tahar Rahim, Golshifteh Farahani et Melissa Boros.
Le texte insiste sur la cohérence d’un parcours : après Grave (2016) et Titane (2021), œuvre qui lui a valu la Palme d’Or, Ducournau confirme son attachement à un cinéma de genre qui cherche avant tout à éprouver le spectateur via la matérialité du corps et des sensations.
Charles Pépin invite le lecteur à accompagner la cinéaste dans cette interrogation : « nous allons nous demander ce que le cinéma peut montrer de nos corps et de nos désirs, nous allons nous demander ce qui nous dérange vraiment. » L’édito présente donc Alpha non seulement comme une sortie de film, mais comme la continuation d’un questionnement artistique.
Programmation musicale et équipe
Le feuilleton éditorial mentionne également la programmation musicale et les principaux crédits de la production :
- PRINCE — Sign ‘o’ the times — 1987
- ELOI — Château / fort — 2025
L’équipe :
- Production
- Chargé(e) de programme
- Réalisation
- Réalisation
- Attaché(e) de production
- Audrey Carmes — Attaché(e) de production