Table of Contents
La Tate Modern enregistre une baisse de fréquentation de 25 % par rapport à 2019, selon les derniers chiffres rendus publics : l’institution britannique, l’une des plus visitées au monde, a perdu plus de 2,6 millions de visiteurs en cinq ans, dont 1,4 million provenant de l’étranger, un recul imputé principalement au Brexit et à la pandémie.
Tate Modern : recul global et chiffres clés depuis 2019
Le groupe Tate dénombre une chute importante de ses entrées depuis la période pré‑pandémie. Le musée Tate Modern voit sa fréquentation diminuer de 25 % par rapport à 2019 ; la Tate Britain affiche une baisse de 32 % et le Tate St Ives de 37 % sur la même période. L’antenne de Liverpool restera fermée jusqu’en 2027.
Au total, la fréquentation moyenne annuelle du groupe est passée d’environ 7,4 millions de visiteurs entre 2017 et 2019 à 3,8 millions en 2024. Le nombre de visiteurs internationaux est repassé de 3,6 millions à 2,2 millions durant cette période. Sur cinq ans, la Tate a perdu plus de 2,6 millions de visiteurs, dont 1,4 million d’étrangers.
Le recul s’inscrit dans un contexte plus large de contraction du secteur touristique britannique : le tourisme au Royaume‑Uni a enregistré une perte estimée à 2,2 milliards de livres sterling en 2024 par rapport aux chiffres d’il y a six ans, soit environ 2,57 milliards d’euros.
Chute marquée chez les jeunes Européens et déclaration de la direction
La baisse est particulièrement nette chez les visiteurs européens âgés de 16 à 24 ans. Ces derniers sont passés de 609 000 visites au Tate Modern en 2019 à 357 000 en 2023‑2024, soit une chute de plus de 41 %.
« Cette tranche d’âge est profondément affectée par le Brexit, qui modifie ses opportunités en matière d’éducation et d’emploi, et du Covid, qui affecte profondément la fin de ses études et la manière dont elle choisit de vivre sa vie, » explique la directrice de la Tate, Maria Balshaw, à The Art Newspaper. « De manière générale, elle voyage également moins. »
La direction lie ce comportement à l’instauration de nouvelles taxes et formalités, telles que les visas, depuis l’entrée en vigueur du Brexit le 31 janvier 2020, qui ont réduit les flux de visiteurs européens, une cible stratégique pour l’institution.
Maria Balshaw met toutefois en avant des signes positifs : lors d’un récent week‑end d’anniversaire, 76 000 personnes se sont rendues à la Tate Modern. « C’est le double de ce que nous attendions normalement pour ce type d’événement, » confie‑t‑elle. Elle précise aussi que le programme d’adhésion Tate Collective, destiné aux moins de 25 ans, compte désormais 180 000 membres actifs.
« Ce que nous faisons dans les galeries attire donc vraiment les jeunes visiteurs britanniques, ce dont nous sommes très heureux. Car, bien sûr, s’ils nous aiment à 24 ou 25 ans, ils reviendront à 55 ou 70 ans. »
Classements, comparaison et portée internationale
Malgré ces reculs, la Tate Modern conserve une place de premier plan sur la scène mondiale : elle représente environ 75 % des visiteurs du groupe chaque année et reste l’un des principaux musées d’art moderne et contemporain au monde. Le musée se classe parmi les plus grands perdants, en termes relatifs, des conséquences du Brexit et de la pandémie au Royaume‑Uni, alors que d’autres institutions nationales affichent des baisses moindres (la National Portrait Gallery à −3 % et le British Museum à −4 %).
À l’échelle nationale, la fréquentation globale de la Tate n’a diminué que de 5 % : l’institution reste un lieu de rendez‑vous culturel majeur au Royaume‑Uni malgré la forte érosion des visiteurs internationaux et des publics jeunes.
Conséquences opérationnelles et perspectives d’action
Les chiffres publiés soulignent des enjeux opérationnels et stratégiques pour la Tate Modern et les autres musées du groupe : adapter l’offre aux publics locaux et internationaux, renforcer les programmes d’adhésion et multiplier les événements capables d’attirer des foules. La fermeture prolongée de l’antenne de Liverpool jusqu’en 2027 illustre aussi les décisions structurelles prises face à cette baisse de fréquentation.
Les responsables de la Tate misent sur des leviers internes (programmes jeunesse, expositions, événements) pour reconquérir des publics, tout en constatant l’impact durable des changements de politique migratoire et des effets de la pandémie sur les comportements de voyage.