Table of Contents
« Rumours, nuit blanche au sommet » est une comédie politique décalée qui mêle satire et horreur pour mieux dénoncer l’incompétence et les failles des grandes puissances mondiales. Récompensé par le prix du jury au festival de Gérardmer, ce film réunit un casting prestigieux mené par Cate Blanchett et Denis Ménochet, dans une parodie de film de zombies aux accents goguenards et salutaire.
Un sommet du G7 entre drame politique et ambiance horrifique
Le récit débute dans un cadre rappelant les ambiances feutrées et tendues d’un drame politique à la française, à la manière de L’Exercice de l’État. Sept chefs d’État se retrouvent dans la clairière d’un château en Allemagne, plus précisément dans la région reculée de Saxe, pour le sommet annuel du G7 à Dankerode.
Alors que la chancelière allemande, incarnée par Cate Blanchett dans la posture et la tenue d’Angela Merkel, mène la cérémonie, un archéologue exhumant un cadavre caoutchouteux d’un ancien être des tourbières déclenche l’attention et les commentaires, notamment du président français campé par Denis Ménochet. Ce dernier, en pleine écriture d’une psycho-géographie des cimetières et rites funéraires, se montre particulièrement lyrique et expansif sur ce curieux vestige.
Un casting aux dialogues mordants et personnages hauts en couleur
Le protocole impose une pose photo officielle autour du cadavre, avec pelles étincelantes et bottes en plastique, renforçant le décalage entre solennité et absurdité. Parmi les invités, le premier ministre canadien, campé avec humour par Roy Dupuis, se démarque en beau gosse « serial séducteur » un brin dépressif, évincé des négociations par la représentante britannique jouée par Nikki Amuka-Bird.
Au cours d’un dîner dans un pavillon au bord de l’eau, la figure du président français monopolise l’attention par son ton donneur de leçons et ses envolées lyriques autour du vin, suscitant l’agacement des autres chefs d’État. Denis Ménochet compose un personnage à la croisée des mondes entre Macron, Sarkozy et Hollande, teinté d’une satire fine et piquante.
Quand la comédie politique vire à l’horreur fantastique
La nuit tombée, l’atmosphère bascule doucement vers le fantastique. Le personnel de service a disparu, les téléphones sont inutilisables et, en tentant de regagner le château, les dirigeants se perdent dans une forêt mystérieuse et menaçante. Cette errance cauchemardesque ouvre la voie à une horreur kitsch et surréaliste qui rappelle par moments l’univers déjanté de Quentin Dupieux.
Cette évolution du récit fait de Rumours, nuit blanche au sommet une satire géostratégique originale et mordante, qui pointe avec humour la vacuité des sommets internationaux et l’inefficacité des politiques en temps de crise.
Un film signé Guy Maddin, une satire politique corrosive
Co-réalisé par Guy Maddin avec Evan et Galen Johnson, ce long-métrage s’inscrit dans la lignée des œuvres du cinéaste canadien, connu pour son goût du surréalisme et de l’imagerie frappadingue. Maddin offre ici une comédie politique où la parodie du film de zombies devient un outil puissant pour dénoncer les travers et la désorganisation des démocraties modernes.
Avec Rumours, le spectateur navigue entre rires grinçants et frissons légers, dans un exercice de liberté artistique à la fois goguenard et salutaire. Cette comédie politique éclaire d’un jour nouveau les enjeux géopolitiques actuels, tout en divertissant par son ton unique et son esthétique audacieuse.
Note critique
Notre avis : 2,5/4