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Cecilia Bartoli a émerveillé le public lors de sa performance captivante dans ‘Orfeo ed Euridice’ à Zurich, une adaptation des Salzburger Pfingstfestspiele. Lors de cette représentation intense à la Tonhalle, l’absence de décors n’a en rien diminué l’impact de l’interprétation de Bartoli, qui n’a pas besoin de mise en scène pour briller.
Un mythe tragique
Orphée a tout perdu : son bonheur, son amour, et désormais, la chance unique que lui offraient les dieux de ramener sa bien-aimée Eurydice des enfers. Hélas, en regardant Eurydice sur le chemin du retour vers la vie, il a échoué à respecter la condition imposée. Ce simple regard a scellé leur destin, les condamnant à vivre séparés, Eurydice devant errer pour toujours comme une ombre dans le royaume des morts.
L’appel désespéré de Bartoli
Dans le rôle d’Orphée, Cecilia Bartoli refuse d’accepter cette séparation. « Aspetta ! », s’écrie-t-elle au fur et à mesure que l’ombre de sa bien-aimée s’éloigne. La désespérance qui émane de son cri est saisissante, laissant le public sans souffle. Son interprétation renvoie sans ambiguïté le message du désir d’Orphée de rejoindre Eurydice.
Une mise en scène émouvante
Lors de cette reprise semi-scénique, Bartoli traverse un portique sombre, incarnant la mort à chaque pas, sans avoir besoin de décor. L’absence de mise en scène physique renforce la désillusion qui s’empare du public, le privant de tout espoir d’un monde meilleur grâce à l’art.
Un dénouement poignant
Comme dans la production de Salzburg, la représentation zurichoise n’offre pas de « lieto fine », pas de dénouement heureux. Aucun dieu bienveillant ne descend du ciel pour sauver les amants. Les réalisateurs modernes peinent souvent avec des fins de ce type, mais ici, la conclusion accablante émerge naturellement de la performance musicale.
Une rencontre tragique
Cecilia Bartoli et Mélissa Petit, qui joue Eurydice, interprètent leur rencontre avec une intensité saisissante. L’angoisse d’Orphée face à l’hésitation d’Eurydice intensifie leurs doutes respectifs, faisant de leur amour une spirale tragique de méfiance. La puissance émotionnelle de cette scène clé est rarement atteinte.
Un chef-d’œuvre psychologique
Gluck démontre un remarquable sens psychologique, près de vingt ans avant Mozart, en rendant chaque personnage d’une humanité touchante et crédible. Cette profondeur des émotions résonne encore aujourd’hui avec le public.
Une harmonie parfaite
Cecilia Bartoli, ardente défenseure de Gluck, a déjà marqué les esprits dans une production mémorable de « Iphigénie en Tauride ». Accompagnée par Gianluca Capuano, qui dirige aujourd’hui l’orchestre Les Musiciens du Prince, elle crée une synergie palpable entre le chant et l’orchestre. Chaque note résonne en parfaite harmonie avec le drame qui se déroule sur scène.
Une interprétation audacieuse
Dans l’aria emblématique « Che farò senza Euridice ? », Bartoli et Capuano adoptent un tempo presque deux fois plus rapide que d’habitude. Cette transformation rend palpable la désespérance et la colère d’Orphée, avant qu’il ne se résigne lentement à son sort. Le chœur, Il Canto di Orfeo, conclut avec un chant funèbre qui plonge la salle dans l’obscurité, avant que le silence ne soit rompu par les applaudissements fervents du public.
Cette performance de Cecilia Bartoli dans ‘Orfeo ed Euridice’ reste gravée dans les mémoires, illustrant avec brio la puissance de l’opéra de Gluck et l’engagement émotionnel d’une artiste exceptionnelle.