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Depuis 2021, la Mathildenhöhe de Darmstadt est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour mieux valoriser ce site emblématique du Jugendstil, la ville construit un nouveau centre d’accueil qui permettra d’expliquer ses particularités stylistiques, notamment pourquoi le terme « Jugendstil de Darmstadt » est en réalité trompeur.
Un patrimoine architectural en pleine lumière
La Mathildenhöhe, joyau architectural de Darmstadt, ne cesse de susciter l’intérêt, aussi bien des habitants que des visiteurs venus de l’extérieur. Construit entre 1901 et 1904, ce complexe de bâtiments de style Jugendstil est désormais reconnu mondialement depuis son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021. Ce label place la Mathildenhöhe au même rang que des sites prestigieux tels que la vieille ville de La Havane ou l’Alhambra en Andalousie.
Ce classement impose toutefois de nouvelles responsabilités à la ville, notamment la création d’un centre d’accueil dédié pour accueillir visiteurs, scolaires et touristes culturels, et leur faire découvrir la richesse et la diversité de ce patrimoine. Jusqu’à présent, un petit pavillon saisonnier permettait de distribuer des brochures et de réserver des visites guidées, mais un centre plus vaste, moderne et permanent doit bientôt voir le jour.
Un centre d’accueil respectueux du patrimoine
Le projet du nouveau centre d’accueil, imaginé par le bureau d’architectes autrichien Marte.Marte, propose un édifice cubique largement vitré. Initialement prévu en haut du versant est, face au bâtiment d’exposition de 1908, le projet a été modifié pour mieux respecter les exigences de l’UNESCO, qui refusait une construction trop proche des bâtiments historiques.
Le centre sera finalement implanté plus bas sur la pente, pour préserver la distance avec les édifices Jugendstil. Cette décision a nécessité la démolition d’une structure provisoire, la « Mainhall », utilisée pour des événements culturels alternatifs depuis une dizaine d’années.
Repenser le « Jugendstil de Darmstadt »
La Ville réfléchit actuellement au contenu proposé aux visiteurs dans ce nouvel espace. L’objectif est notamment de déconstruire l’idée reçue selon laquelle la Mathildenhöhe représenterait un style Jugendstil homogène. En réalité, la diversité des créations témoigne de la liberté artistique accordée par le grand-duc Ernst Ludwig de Hesse et du Rhin, fondateur de la colonie d’artistes.
Le musée de la colonie d’art expose des meubles et objets témoignant de la variété des styles des sept membres fondateurs. Joseph Maria Olbrich, architecte principal, a conçu des bâtiments aux styles très variés, sans qu’une signature uniforme ne se dégage. L’Ernst-Ludwig-Haus (1901) illustre ainsi la transition entre un style ornemental du XIXe siècle et une esthétique rationaliste du XXe siècle, tandis que la tour de mariage (1908) annonce déjà l’expressionnisme des années 1920.
Une visite adaptée à tous les publics
Le directeur de l’Institut Mathildenhöhe, Philipp Gutbrod, explique que la visite au centre d’accueil durera entre une demi-heure et une heure. Un programme pédagogique est également prévu pour les enfants afin de leur faire découvrir le site de manière ludique et didactique.
Le site est le fruit de quatre expositions architecturales entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale. L’Ernst-Ludwig-Haus, construit pour la première exposition de 1901, servait d’atelier aux artistes. Plusieurs villas furent érigées sur le versant sud par les membres de la colonie pour eux-mêmes ou leurs collègues.
Les symboles de la Mathildenhöhe
Le bâtiment d’exposition, situé au point le plus élevé, repose sur un ancien réservoir d’eau datant de 1880. Son architecture asymétrique horizontale est surmontée d’un toit en forme de tente, flanqué de pavillons. Aujourd’hui, il accueille principalement des expositions temporaires d’art contemporain.
La tour de mariage, haute de près de 50 mètres, est coiffée d’un toit évoquant les cinq doigts d’une main tendue. Construite en briques sombres avec des fenêtres en bandeaux angulaires, elle porte le nom du second mariage du grand-duc Ernst Ludwig et figure dans le logo de la ville. Deux horloges, ajoutées en 1914, ornent la tour, ainsi qu’un cadran solaire en mosaïque.
À proximité se trouve la chapelle orthodoxe russe, érigée entre 1897 et 1899 avant la fondation de la colonie d’artistes, à la suite du mariage de la sœur du grand-duc avec un membre de la famille impériale russe. L’exposition prévue en 1914 fut interrompue avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Un projet culturel à l’envergure historique
Contrairement aux maisons d’Antoni Gaudí à Barcelone, où la nature est reproduite de manière spectaculaire, la Mathildenhöhe opte pour une alliance subtile entre ornements floraux du Jugendstil et formes géométriques modernes, témoignant d’une évolution esthétique vers la modernité.
Le grand-duc Ernst Ludwig, initiateur de la colonie, avait été influencé par le mouvement Arts and Crafts anglais, qui valorisait la réhabilitation des arts et de l’artisanat. Soucieux du rayonnement de sa ville, il engagea l’architecte renommé Joseph Maria Olbrich, qui demeura la figure centrale du projet jusqu’à sa mort en 1908.
Au-delà de l’aspect artistique, la colonie visait à stimuler le commerce et l’artisanat local, des objectifs que Darmstadt poursuit encore aujourd’hui en attirant touristes culturels, visiteurs de passage et habitants.
Pour le maire Hanno Benz, le tourisme constitue un facteur économique majeur. Si le label UNESCO est un atout, il ne garantit pas à lui seul une augmentation constante des visiteurs, ce qui explique la stratégie de promotion active de la ville au travers de campagnes publicitaires, salons professionnels et invitations de journalistes et influenceurs.