Table of Contents
Ce soir, nous replongeons dans le passé pour rendre hommage à une figure majeure du rock alternatif : David Thomas, leader du groupe Pere Ubu, récemment décédé à l’âge de 71 ans.
Un souffle novateur venu de Cleveland
En 1978, l’album The Modern Dance faisait sensation avec son ouverture par le titre « Non-Alignment Pact » (« le pacte des non-alignés »). Ce groupe nord-américain au nom étrange, Pere Ubu (prononcé « Père Ubu » en français), venait de Cleveland, ville industrielle au bord du lac Érié, non loin de Détroit.
Cette œuvre imposait une musique et une voix singulières, dont l’un des buts était de dérouter l’auditeur. David Thomas, chanteur et parolier du groupe, ne chantait pas véritablement : il psalmodiait, glapissait, couinait, adoptant un style vocal déconcertant. Il reconnaissait lui-même ne pas avoir « d’oreille » musicale. Pourtant, comme l’a résumé un de ses compagnons de scène, cette absence de compétence officielle n’a jamais été un frein à sa créativité.
La disparition d’une icône
À la fin de la semaine dernière, le monde du rock a appris la disparition de David Thomas, à Brighton en Angleterre, où il vivait depuis trente ans. Il s’est éteint après une longue maladie, laissant derrière lui une discographie riche et une influence majeure sur le rock alternatif.
Bien que sa production post-1970 ait pu paraître dense et parfois difficile d’accès, il reste une figure incontournable de la scène punk et alternative. Son travail avec Pere Ubu a marqué durablement ceux qui ont eu la chance de le voir sur scène.
Un souvenir brûlant : le premier concert parisien
Un souvenir marquant reste le premier concert de Pere Ubu à Paris, au Gibus, en 1978. Par une soirée caniculaire, les spectateurs étaient entassés sans ventilation, souffrant de la chaleur extrême. Vers minuit, David Thomas est apparu sur scène, vêtu d’un costume noir et arborant un petit bouc, avec une allure menaçante rappelant le personnage du film M le maudit de Fritz Lang.
Dans une atmosphère théâtrale et anarchique, il brandissait une petite enclume qu’il frappait avec un marteau pendant la performance de « Final Solution », un moment à la fois punk, destructeur et vertigineux, resté gravé dans la mémoire des spectateurs.
Une musique avant-gardiste et provocante
Pere Ubu a commencé son aventure musicale en 1975 avec un 45 tours autoproduit à Cleveland, qui a mis du temps à franchir l’Atlantique. C’est en 1978 que le titre « Heart of Darkness » est devenu plus connu à travers la compilation Datapanik in the Year Zero.
Ce titre, comme le roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, évoque une quête dans un univers hostile, une odyssée aux confins de l’âme humaine, image d’une apocalypse propre à la musique de Pere Ubu.
Playlist essentielle pour découvrir David Thomas et Pere Ubu
- Pere Ubu : « Non-Alignment Pact » (album The Modern Dance)
- Pere Ubu : « Heart of Darkness » (EP Datapanik in the Year Zero)
- Pere Ubu : « 30 Seconds Over Tokyo » (EP Datapanik in the Year Zero)
- Rocket from the Tombs : « Strychnine »
- Dead Boys : « Sonic Reducer » (album Young, Loud and Snotty)
- Pere Ubu : « Chinese Radiation » (album The Modern Dance)
- Pere Ubu : « Heaven » (album The Hearpen Singles)
- Pere Ubu : « Final Solution » (album The Hearpen Singles)
- Pere Ubu : « Navvy » (album Dub Housing)