Home Loisirs et divertissementsCulture Farida Tarana : Chanter pour résister aux Talibans en Afghanistan

Farida Tarana : Chanter pour résister aux Talibans en Afghanistan

by Chia

Afghanistan, Pays-Bas

Farida Tarana : La voix des femmes afghanes en exil

Enfant, Farida Tarana hésitait entre deux rêves : devenir chanteuse ou policière. Un choix difficile pour une femme dans son pays, l’Afghanistan, où elle voit le jour en 1982. Malgré les obstacles, la petite fille ne se laissait pas abattre et, entourée de ses parents, elle s’indignait de ne pas pouvoir jouer librement avec les garçons, tandis que ses sœurs, elles, restaient silencieuses.

Finalement, c’est son amour pour la musique qui prime. Aujourd’hui, sa voix ample, chaude et légèrement rocailleuse dénonce la condition des femmes afghanes, interpelle leurs maris et exprime son amour blessé pour sa patrie. Résidant à Helmond, aux Pays-Bas, elle a dû fuir en début des années 2010 pour sa sécurité.

L’interdiction des Talibans et la douleur d’une voix brisée

Fin août, Farida Tarana apprend avec chagrin la nouvelle interdiction imposée par les talibans, qui empêchent désormais les femmes de prendre la parole en public. _« J’en ai le cœur brisé, j’en pleure toutes les nuits, c’est un recul de plus. Les femmes s’étaient tellement battues pour leurs droits… »_, confie-t-elle au téléphone. Pour elle, cette décision ne fait que confirmer le sens qu’elle attribue à son art : _« Chanter, c’est résister. »_ Elle se sent solidement liée à toutes ses compatriotes, notamment celles qui, depuis l’Afghanistan, partagent sur les réseaux sociaux des vidéos de chansons accompagnées du mot-dièse #No_to_taliban.

La candidate à « Afghan Star »

Farida Tarana explique que la voix des femmes afghanes est depuis longtemps considérée comme un tabou. Cette situation perdurait même après une légère amélioration de leurs conditions suite à la chute des talibans en 2001. À cette époque, elle rentre dans son pays après avoir fui la guerre durant les années 1980, lorsque ses parents s’étaient installés en Iran. Bien qu’elle souhaite poursuivre des études, les universités à Téhéran sont trop coûteuses pour les réfugiés afghans. Avec la réouverture de l’Afghanistan après des années d’obscurantisme islamique, elle décide de tenter sa chance.

Elle commence par travailler dans sa ville natale de Herat pour les Nations unies, mais sera finalement contrainte de démissionner à cause de sa voix. En 2006, elle s’inscrit à l’émission « Afghan Star », un concours télévisé créé pour dénicher les plus belles voix du pays, un équivalent de la « Nouvelle Star ». Son père, inquiet pour la réputation de la famille, l’avertit des dangers d’une telle exposition. _« C’est comme aujourd’hui, les gens se proclamant choqués s’empêchent de dire qu’ils aiment ce genre de show, mais au fond, ils adorent »,_ souligne Farida Tarana.

Malgré les réticences familiales, elle persévère et s’entraîne discrètement chez elle avec un professeur. En tant que première femme à participer à l’émission, elle termine 8ème de la compétition. _« Toute ma famille était choquée que je participe, 99 % de mes proches voulaient me tuer »,_ se rappelle-t-elle.

De la musique à l’engagement politique

Consciente de sa popularité, Farida Tarana décide d’aller plus loin en 2008 en se présentant aux élections pour le conseil provincial de Kaboul, où elle obtient 8 000 voix, soit le deuxième meilleur résultat. _« Je voulais montrer que les femmes afghanes sont fortes »,_ affirme-t-elle. Cet engagement lui attire de nouvelles menaces, l’obligeant une fois de plus à s’exiler, sans pour autant abandonner la musique.

Dans un contexte où la parole des femmes est étouffée, elle considère qu’il est plus que jamais nécessaire de chanter. Pour elle, il est essentiel de rappeler aux talibans que _« les femmes ne sont pas des animaux, mais des êtres humains »._


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