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Hiroshige : l’artiste japonais qui a inspiré l’impressionnisme français

by Sara
Hiroshige : l'artiste japonais qui a inspiré l'impressionnisme français
Japon, Royaume-Uni, France

L’exposition du British Museum plonge les visiteurs dans l’univers coloré d’Utagawa Hiroshige, maître japonais du début du XIXe siècle. Si la dernière partie de l’exposition, qui explore son influence mondiale, paraît quelque peu précipitée, il est clair que l’héritage d’Hiroshige est immense, notamment dans le mouvement impressionniste français.

Un souffle nippon dans l’impressionnisme français

Partout dans l’exposition, l’influence d’Hiroshige sur les impressionnistes français est manifeste. La pluie, par exemple, devient un motif urbain joyeux chez Renoir dans Les Parapluies, mais c’est Hiroshige qui a d’abord illustré la scène des parapluies ouverts avec légèreté, notamment dans son estampe Tarui des années 1830. De même, le thème de la neige, cher à Monet, était déjà subtilement anticipé dans Neige sur la rivière Sumida (1832-1834) d’Hiroshige.

Ce triptyque, qui étend une même scène sur trois estampes distinctes—une technique favorite d’Hiroshige—montre que l’avant-garde parisienne ne s’est pas contentée d’emprunter des images, mais qu’elle a adopté la philosophie entière de l’artiste. En effet, Neige sur la rivière Sumida capture la vision hédoniste d’Hiroshige, partageant avec ses personnages un plaisir simple : une famille vêtue chaudement profite d’une journée froide à Edo (aujourd’hui Tokyo), savourant la beauté de la nature enneigée.

La célébration des instants éphémères

Hiroshige célèbre la joie du moment présent, que ce soit sous une averse, une neige fraîche, lors d’un repas au restaurant ou d’une sortie au théâtre. Son art souligne avec malice que le bonheur réside dans la jouissance des petites libertés quotidiennes. Cette idée, simple pour ce bouddhiste convaincu, fut révolutionnaire pour les premiers modernistes européens.

L’exposition montre un art qui semble parler du rien, où Hiroshige est un maître des regards furtifs et des incidents légers. Par exemple, un homme fait ses adieux à une amie, une travailleuse du sexe, tandis que le ciel rosit à l’aube sur le quartier des plaisirs d’Edo. Un autre triptyque montre deux femmes observant leur compagne partir se baigner. Ces scènes, simples en apparence, captivant par l’expression et la posture des personnages ainsi que la richesse des tissus colorés.

Un Japon traditionnel teinté de modernité

Les scènes d’Hiroshige, aussi fraîches, pourraient se rejouer non seulement dans le Paris fin de siècle, mais aussi dans des villes comme Londres ou Newcastle aujourd’hui. Par exemple, dans Enjoying the Evening Cool Along the Shijo Riverbed, des foules profitent de restaurants éphémères installés sur un lit de rivière asséché. Au premier plan, des hommes et femmes rient tandis qu’un ami danse sur une plateforme au-dessus d’un cours d’eau encore actif. Cette scène rappelle le Déjeuner des canotiers de Renoir. Quant au Déjeuner sur l’herbe de Manet, il trouve son écho dans les pique-niques en plein air d’Hiroshige.

Pourtant, Hiroshige n’a pas vécu à l’époque moderne telle qu’on la conçoit aujourd’hui. Né en 1797 dans un Japon fermé sous le shogunat Tokugawa, un régime militaire dirigé par les samouraïs et quasi hermétique aux contacts étrangers, il a représenté un monde traditionnel avec une touche unique. Son triptyque d’une procession de samouraïs dans les années 1830 montre un cortège presque exclusivement féminin, emmenant une mariée vers un mariage d’élite.

Un artiste du détail et de la couleur

Plutôt que Baudelaire, c’est peut-être Chaucer qui éclaire le mieux l’œuvre d’Hiroshige. Une estampe de 1851 représente une foule joyeuse de pèlerins se dirigeant vers un sanctuaire marin, leurs costumes éclatants et leurs danses évoquant les pèlerins de Canterbury. Ce qui rend ces œuvres si lumineuses, c’est le sens extatique de la couleur d’Hiroshige : mers saphir, ciels en flammes, rouges et oranges acides, kimonos multicolores contrastant avec les visages blancs des femmes. Ces scènes de jardins d’agrément, de maisons de thé et de pique-niques sont baignées d’un éclat cosmique, où il perçoit le nirvana dans une explosion de bleu de Prusse.

Tarui, estampe d'Hiroshige

Van Gogh, fervent admirateur d’Hiroshige

Parmi les admirateurs occidentaux d’Hiroshige, Van Gogh occupe une place particulière. Deux versions du Jardin de pruniers, copié par Van Gogh, sont présentées dans l’exposition. Hiroshige y décline le ciel en nuances rouge-rose, comme si l’atmosphère était teintée de jus de prune. L’esquisse de Van Gogh pour sa toile inspirée d’Hiroshige est exposée à côté de ces scènes vibrantes. On ressent la concentration douloureuse de Van Gogh, qui dessine avec précision les arbres fruitiers, cherchant à s’imprégner de la rédemption et de la joie intenses que dégage l’art fort et doux d’Hiroshige.

Snow-viewing Along the Sumida River

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source:https://www.theguardian.com/artanddesign/2025/apr/28/hiroshige-artist-of-the-open-road-review-i-could-look-forever-at-these-passing-moments-in-cosmic-colours

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