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Laurent Lussier nous plonge dans une réflexion profonde sur la nature et la civilisation à travers son dernier roman, *Un mal terrible se prépare* (Arthaud). Ce récit nous présente l’histoire d’un jeune homme partant en vacances solitaire dans une forêt, où il découvre un étang recouvert d’une étrange mousse orange, à proximité d’une chauve-souris affaiblie, prise dans la boue.
Une enquête intrigante au cœur de la forêt
Ce roman propose une enquête policière captivante, se déroulant dans un environnement forestier où les animaux deviennent malades, laissant présager que les humains ne sont pas non plus à l’abri. Lussier évoque une réalité troublante : « Mais c’est ainsi qu’il faut vivre […] en s’attendant au pire […] Les épreuves arrivent par surprise. À tout moment peut résonner une alarme […] L’adversité survient à tout moment, certes, mais l’essentiel est de se tenir prêt ».
Une formation d’urbaniste au service de l’écrit
Laurent Lussier, urbaniste de formation, est particulièrement fasciné par la cohabitation entre les animaux et l’environnement urbain. Il observe comment des animaux sauvages, tels que des renards et des coyotes, s’adaptent à un milieu humanisé, en se nourrissant de déchets. Lussier dépeint cette situation comme celle d’« animaux dénaturés qui vivent dans un environnement humanisé, où la nature est présente ».
Une démarche qui interroge
Au fil des années, Lussier a organisé des marches de trois jours à travers le grand Montréal, un parcours qui le fait croiser divers paysages, allant des zones commerciales aux marécages. Son ouvrage fait écho à la fable de La Fontaine *Les animaux malades de la peste*, dévoilant une menace environnementale sous-jacente. Lussier questionne ainsi : « Au Canada par exemple, on construit un terminal pour liquéfier du gaz et l’envoyer en Europe. Il y a toujours de bonnes raisons. Il se passe des choses graves sur lesquelles personne n’a de prise ».
La responsabilité face à la souffrance animale
Dans *Un mal terrible se prépare*, Lussier aborde la question de la prise en charge des animaux blessés. Il souligne l’importance de la responsabilité humaine, en affirmant : « On effectue le recueil des animaux blessés, mais une fois recueilli qu’en fait-on ? On est devenu responsables du monde, il faut s’en occuper ». Cette prise de conscience semble manquer, car « que les animaux, en ville, tombent malades, cela ne génère aucun sentiment de responsabilité ».
Un lanceur d’alerte à sa manière
Au travers de son œuvre, Lussier fait allusion à la maladie du museau blanc qui affecte les chauves-souris, une situation alarmante où ces animaux meurent de fatigue sans hibernation. Il observe un changement dans les références générationnelles, déclarant : « Par exemple, l’absence de grenouilles devient normale. Il y a de plus en plus d’inquiétudes environnementales ». Lussier se voit-il comme un lanceur d’alerte ? Il répond avec réserve, affirmant avoir un respect pour le militantisme tout en se distanciant de cette posture. « Si on fait prendre conscience à des gens qu’il se passe quelque chose, cela peut servir comme base de réflexion », conclut-il.