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Des chercheurs de l’Université de Cambridge ont récemment résolu un mystère littéraire vieux de 130 ans, en réinterprétant le long perdu *Song of Wade*. Leur découverte révèle qu’il s’agit d’une romance chevaleresque et non d’un mythe peuplé de monstres, transformant ainsi notre compréhension de cette œuvre médiévale.
Une révélation majeure
Ce mystère, qui a intrigué les érudits depuis plus d’un siècle, est lié à un sermon médiéval où le terme « elfes » a été identifié à tort. Les chercheurs ont démontré que le texte se réfère en réalité à « loups », changeant radicalement le ton et le contexte de la légende. Le professeur James Wade et le Dr Seb Falk, tous deux du Girton College, affirment que le seul fragment survivant du *Song of Wade*, découvert par M.R. James en 1896, a été « radicalement mal compris » pendant plus d’un siècle.
« Changer elfes en loups a un impact considérable », déclare Seb Falk. « Cela déplace cette légende des monstres et des géants vers les luttes humaines entre rivaux chevaleresques. »
Une réinterprétation du *Humiliamini*
Pour la première fois, les chercheurs ont identifié Alexander Neckam (1157-1217) comme l’auteur probable du sermon *Humiliamini*. Ce document vieux de 800 ans fait partie de la collection de sermons médiévaux de Peterhouse à Cambridge. La découverte a été publiée le 15 juillet dans *The Review of English Studies*.
M.R. James avait initialement trouvé en 1896 des passages en anglais dans des sermons latins, ce qui l’avait conduit à conclure que ces vers étaient issus d’un poème romantique perdu. Cependant, 130 ans se sont écoulés sans nouvelles preuves.
Les implications de la découverte
Les découvertes des chercheurs suggèrent que plusieurs mots ont été mal interprétés à cause d’erreurs de transcription. En corrigeant ces erreurs, le texte traduit passe de :
« Certains sont des elfes et certains des serpents ; certains sont des esprits qui habitent près des eaux : il n’y a pas d’homme, sauf Hildebrand. »
à :
« Ainsi, ils peuvent dire, avec Wade : ‘Certains sont des loups et certains des serpents ; certains sont des serpents de mer qui habitent près de l’eau. Il n’y a pas d’homme, sauf Hildebrand.’ »
Wade dans l’œuvre de Chaucer
Le *Song of Wade* était extrêmement populaire au Moyen Âge. Chaucer a évoqué Wade à deux reprises dans ses écrits, mais ces références ont longtemps laissé perplexes les chercheurs. Dans *Troilus et Criseyde*, Pandarus raconte l’histoire de Wade à Criseyde, ce qui prend maintenant un sens plus clair grâce à la nouvelle interprétation.
Dans *Le Conte du Marchand*, le personnage principal, January, fait référence au bateau de Wade pour argumenter qu’il vaut mieux épouser de jeunes femmes que des femmes âgées. Les chercheurs estiment que cette compréhension enrichit l’ironie typiquement chaucerienne.
Le sermon et sa portée
Le sermon *Humiliamini* aborde des thèmes de l’humilité, en comparant les comportements humains à ceux des animaux. Il évoque des puissants devenant semblables à des loups en pillant ce qui ne leur appartient pas, et compare les actions de personnes rusées et rapaces à celles des vipères ou des serpents d’eau.
« Ce sermon résonne encore aujourd’hui », affirme James Wade. « Il met en garde contre le fait que ce sont nous, les humains, qui représentons la plus grande menace, et non les monstres. »