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Les chercheurs de provenance : enquêteurs d’œuvres spoliées

by Sara
France

Les chercheurs de provenance, à la croisée des chemins entre enquête et histoire, jouent un rôle crucial dans la traque des œuvres d’art spoliées. Leur mission consiste à identifier l’origine des objets d’art acquis dans des circonstances douteuses, une tâche qui prend de plus en plus d’ampleur, surtout face à la montée des demandes de restitution, notamment de la part des pays africains.

L’émergence d’une discipline

Cette activité, qui remonte à l’Antiquité, a réellement pris forme en 1998 lors de la conférence de Washington sur la restitution des œuvres d’art volées sous le régime nazi. Depuis, l’intérêt s’est étendu à d’autres contextes historiques, notamment la colonisation de l’Afrique, mais également à des régions comme l’Océanie et l’Amérique du Sud.

Une structuration récente en France

En France, la recherche de provenance a connu un développement plus lent par rapport à d’autres pays européens tels que l’Allemagne, l’Autriche ou les Pays-Bas. Cependant, depuis le discours d’Emmanuel Macron en faveur des restitutions en 2017, des initiatives ont vu le jour. L’université de Nanterre a lancé en 2022 un diplôme intitulé « Recherche de provenances des œuvres : circulations, spoliations, trafics illicites et restitutions », une première dans le pays.

Ce diplôme enseigne aux étudiants à remonter la trace des objets par « cercles concentriques », comme l’explique Antoinette Maget Dominicé, professeure en droit de l’art à l’université de Genève. La recherche est souvent longue et complexe, surtout pour les œuvres acquises durant la période coloniale. « La documentation écrite du côté occidental permet de reconstituer un cadre, tandis que la documentation orale du côté des populations dépossédées rend le travail bien plus ardu », analyse-t-elle.

Des ressources inégales parmi les musées

Actuellement, certains grands musées parisiens tels que le Louvre, le musée d’Orsay, le quai Branly et le Musée de l’Armée disposent de chercheurs de provenance. Cela leur permet de mieux comprendre et de présenter leurs collections tout en réfléchissant aux parcours des objets. En revanche, les musées de plus petite taille ne disposent pas toujours des moyens nécessaires pour recruter un chercheur de provenance, bien que des solutions aient été mises en place.

Au musée d’Angoulême, qui conserve plus de 5 000 objets d’art africains, Émilie Salaberry et son équipe bénéficient d’aides du ministère de la Culture et de bourses de recherche. « De nombreuses initiatives ont été lancées ces 3-4 dernières années », indique la directrice, qui fait appel à des étudiants en histoire de l’art pour mener des investigations.

Le musée d’Angoulême est l’un des acteurs les plus dynamiques en France dans ce domaine. Il reçoit également un soutien du fonds de recherche franco-allemand sur la provenance des œuvres du sud du Sahara, créé en janvier 2024, qui sera financé à hauteur de 720 000 euros par an d’ici à 2026, grâce à une contribution équitable entre Paris et Berlin.

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source:https://www.dna.fr/culture-loisirs/2025/02/09/les-chercheurs-de-provenance-ces-enqueteurs-sur-la-trace-des-oeuvres-spoliees

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