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Un an avant sa sortie en salles, la nouvelle relecture du mythe d’Ulysse suscite déjà l’attente : Odyssee, film, Homère, mythologie grecque, Nolan, Stephen Fry sont au cœur des discussions — au cinéma comme en librairie, le récit homérique revient en force en 2026.
Odyssee, film, Homère, mythologie grecque, Nolan, Stephen Fry : le mythe d’Ulysse sur grand écran en 2026
À la suite d’«Oppenheimer», Christopher Nolan prépare une gigantesque adaptation de l’épopée attribuée à Homère, attendue mi-juillet 2026. Le réalisateur, connu pour son goût de la confidentialité, maintient une stricte opacité autour du projet : seuls quelques éléments filtrent, et le premier trailer sera diffusé exclusivement en salle, sans mise en ligne.
Le casting annoncé rassemble des stars internationales : Matt Damon incarne Odysseus, Tom Holland joue son fils Télémaque, et figurent au générique les lauréates d’un Oscar Charlize Theron (dans le rôle de la magicienne Kirke) et Anne Hathaway (présentée comme la femme d’Odysseus, Pénélope), ainsi que Lupita Nyong’o, Robert Pattinson et Zendaya. Nolan semble vouloir mêler spectacle et mystère autour de ce personnage aux multiples facettes.
Le mythe retenu est l’un des plus anciens et des plus complexes : Ulysse/ Odysseus oscille entre roi valeureux et rusé filou, père soucieux et séducteur notoire. Après la chute de Troie — où il est célèbre pour s’être caché dans le cheval de bois qui permit la victoire grecque — il endure une errance de dix ans, punition du dieu Poséidon pour son orgueil. Sur sa route, il affronte Polyphème, les chants mortels des Sirènes, Scylla et Charybde, ainsi que la séduction de la magicienne Kirke, avant de tenter de regagner Ithaque et sa fidèle Pénélope.
Autres lectures et adaptations contemporaines : Pasolini, Fry et Draesner
Le retour d’Ulysse nourrit aussi des lectures littéraires et des réinterprétations récentes. Le film d’Uberto Pasolini, The Return (2024), explore l’après‑guerre et le traumatisme du voyage plutôt que les monstres fantastiques. Ralph Fiennes incarne ce héros usé ; Juliette Binoche interprète Pénélope. L’accent est mis sur les séquelles psychologiques de la guerre et des violences subies, jusqu’à la vengeance et au bain de sang final qui marquent ce récit sombre.
«Wer braucht Götter, wenn er Ralph Fiennes hat?»
Les critiques, particulièrement séduits par l’interprétation des principaux comédiens, ont salué ce film de caractère pour sa noirceur et sa densité.
Stephen Fry prolonge sa trilogie mythologique
Le Britannique Stephen Fry ne pouvait rester à l’écart de ce matériau : il prolonge sa trilogie sur les mythes — «Mythos», «Helden», «Troja» — par un quatrième volume consacré à l’«Odyssee», dont une édition allemande paraîtra mi‑octobre. Dans un entretien autour de la sortie britannique, Fry fait l’éloge de son héros :
«Er ist clever, er ist gerissen, er ist schlau»
Sa version mêle la verve linguistique et l’ironie qui le caractérisent, oscillant entre simple réécriture et prise de position érudite : Fry profite de son ouvrage pour évoquer des débats de linguistique et d’érudition antique. Toutefois, plusieurs critiques reprochent à son adaptation un traitement réducteur des personnages féminins, placés au second plan pour mieux rehausser l’aura du héros — une faiblesse que certains estiment d’autant plus regrettable qu’il existe des approches féministes alternatives, comme l’évoque la référence à Margaret Atwoods «Die Penelopiade» (2005) citée dans le débat.
Ulrike Draesner recentre Pénélope
La romancière allemande Ulrike Draesner propose une contre‑lecture radicale dans son «post‑épos» intitulé penelopes sch()iff, paru ces jours‑ci. Elle déplace le récit vers l’espace vécu par Pénélope et ses servantes et choisit une forme en vers exigeante pour raconter ce «sombre espace» généralement relégué à la fin des récits homériques.
«Selbstverständlich hatte sie Sex mit den Freiern»
Draesner refuse la restauration nostalgique du pouvoir d’Ulysse : dans son texte, Pénélope prend la mer avec une équipée de femmes et fonde, dans une lagune de l’Adriatique septentrionale, une colonie qui deviendra, selon l’auteur, la Venise d’aujourd’hui. Le poème se termine sans retour à l’ordre ancien, mais par la création d’un mode de vie non hiérarchique et clairement «unhomerique».
«herumstieben werden sie / wie rinder einer herde die / anschwirrt die bremse und / vor sich herjagt – kopflos»