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Robert Eggers : Maître de l’épouvante avec Nosferatu

by Sara
France

La sortie du *Nosferatu* de Robert Eggers le 25 décembre suscite déjà des interrogations. Quel esprit audacieux a choisi de dévoiler cette relecture d’un classique du cinéma d’épouvante en plein jour de Noël ? Le film s’inspire du chef-d’œuvre de Friedrich Wilhelm Murnau, sorti en 1922, qui est une adaptation implicite du *Dracula* de Bram Stoker. Eggers, passionné par ce prédécesseur qui croyait en un monde invisible truffé de symboles ésotériques, incarne lui-même une esthétique gothique avec son style vestimentaire et son regard perçant.

Une passion née dans l’enfance

La fascination de Robert Eggers pour *Nosferatu* remonte à son enfance. Ses premières impressions sont marquées par les images saisissantes et terrifiantes du film ainsi que par le visage inquiétant de Max Schreck, interprète du comte Orlok, un vampire emblématique. En tant que préadolescent, Eggers a même créé un remake maison, en noir et blanc, avec des touches de rouge pour représenter le sang. Le *Nosferatu* qui sort aujourd’hui plonge dans les profondeurs de la légende des vampires, utilisant une langue oubliée, le dacien, pour des incantations tirées de manuels anciens.

Un tournage intense

Le tournage en Europe centrale a été si intense qu’il a engendré chez Bill Skarsgard, qui interprète le comte Orlok, une véritable peur d’avoir réveillé Lucifer. Eggers a partagé : « Bill m’en a parlé, il a eu un moment de profond désarroi ». Tout au long de la préparation de ce film, qui lui a demandé dix ans de travail, Eggers a avoué avoir lu tant de manuels d’occultisme qu’il a fini par se faire peur, souhaitant les refermer définitivement pour aborder le film avec sérénité. « Je devais être un marionnettiste et non un sorcier qui convoque les esprits », précise-t-il.

Convoquer les esprits

Eggers, ayant fait ses débuts dans le théâtre, oscille entre le rôle de marionnettiste et de sorcier dans son approche cinématographique. Son film *The Witch* (2015), situé en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, mettait en avant le parcours initiatique de Thomasin, une jeune fille qui devient réellement sorcière. Eggers privilégie une esthétique immersive et une reconstitution historique minutieuse, évitant largement les images de synthèse, comme le montre une scène de *Nosferatu* où Emma Corrin, amie de l’héroïne, est recouverte de rats réels.

Une histoire d’amour toxique

Dans ce nouveau *Nosferatu*, un jeune homme, joué par Nicholas Hoult, est envoyé dans les Carpates pour régler une affaire immobilière. Pendant ce temps, Ellen, interprétée par Lily-Rose Depp, ressent l’emprise croissante du vampire sur elle. Cette version du récit présente Ellen non pas comme une simple victime, mais comme une femme avec un désir palpable pour le vampire.

Lily-Rose Depp incarne Ellen, la proie du comte Orlok, alias Nosferatu.

Des contorsions impressionnantes

Influencée par les photographies des patientes du Dr Charcot à la fin du XIXe siècle, Lily-Rose Depp réalise des contorsions impressionnantes sans effets spéciaux. Eggers explique : « Une chorégraphe spécialiste du butō nous a aidés à concevoir les postures ». Cette approche fait écho à l’expérience intérieure d’Ellen, marquée par un lien avec le surnaturel qui va au-delà de la simple métaphore.

Une nouvelle puissance visuelle

Avec une croyance en un monde autre, Eggers réussit à insuffler une puissance nouvelle aux images et aux archétypes souvent considérés comme éculés. La scène où l’ombre de Nosferatu se projette sur le visage d’Ellen reste profondément saisissante, qu’il soit Noël ou non.

Nicholas Hoult incarne Thomas Hutter, l'équivalent de Jonathan Harker dans Dracula de Bram Stoker. © Universal Pictures

Robert Eggers | Nosferatu | Cinéma | Épouvante | Bill Skarsgard | Lily-rose Depp | France

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