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Zakaria Tamer : l’écrivain syrien engagé et son combat pour la liberté
Suivant les traces de Kawakibi et de Suleiman al-Halabi, de nombreux écrivains et auteurs syriens n’ont pas craint l’épée du pouvoir. Ils n’ont pas été distraits par les promesses, ni découragés par l’obscurité des prisons ou l’emprise des geôliers. Ils ont continué leur chemin, et lorsque l’étau s’est resserré, ils ont fui vers un espace plus vaste de liberté.
Cependant, les années de répression se sont prolongées, et l’enfer a duré des décennies. Leurs familles et leurs proches ont été brûlés par ses flammes, sans qu’aucun lever du jour ne se profile à l’horizon. Puis un jour, le soleil de la liberté a émergé, mais en laissant derrière lui des tragédies humaines, des corps déchiquetés, des yeux éteints par le désespoir, des cœurs meurtris par la tristesse, et des blessures qui ne cicatriseront jamais. Des centaines de milliers d’âmes ont été perdues dans l’enfer de la torture.
La souffrance des écrivains pour la liberté
C’est ici que nous avons pris conscience de la tragédie d’un peuple emprisonné, torturé, et dénudé de sa peau sous prétexte de défendre la patrie. C’est ici que nous avons réalisé combien les écrivains ont souffert et enduré pour écrire le texte de la liberté qui n’arrivait pas, leur souffrance étant double.
Biographie de Zakaria Tamer
Zakaria Tamer, né à Damas en 1931, a grandi dans le quartier de Al-Bahsa, entre la place Marja et la porte de Salhiyeh. Il a d’abord travaillé comme forgeron avant de se tourner vers la littérature, la narration, et le journalisme. Tamer est resté fidèle à sa plume et à son principe, et bien qu’il vive en exil volontaire en Grande-Bretagne, il ne fait pas partie des intellectuels qui marchandent leurs idéaux. Il est resté attaché à la pureté de ses mots, comme un forgeron qui sait comment purifier les mots par le feu et le souffleur.
Lorsque la révolution de son peuple a éclaté, il s’est tenu aux côtés des gens, refusant de flatter les meurtriers. Dans une interview, lorsqu’on lui a demandé quand il retournerait en Syrie, il a répondu : « Il n’est pas important que je reste à Oxford ou que je retourne à Damas. »
Le peuple syrien et sa résistance
Tout au long de sa carrière d’écrivain, Tamer a souvent misé sur un peuple que le tyran considère soumis. Mais il n’est pas docile, il endure avec amertume, sa dignité, son honneur, et son sang se vident. Tamer avertit le tyran : « Ne te fie pas à ce peuple, car tu ne sais pas quand il explosera. » Il assimile le peuple à un tigre, un animal qui ne peut être apprivoisé. Dans son histoire « Les tigres au dixième jour », il dit au tyran : « Ne te laisse pas tromper par l’obéissance apparente de ce peuple, car il se soulèvera, et au lieu d’être sur son dos, tu te retrouveras sous ses pieds. »
Humour et satire dans son œuvre
Zakaria Tamer se moquait souvent du régime dans ses écrits. Ses textes regorgent de l’ironie de la police et de ses interventions, créant des scénarios où il se transforme en divers objets pour échapper à son arrestation. Dans l’une de ses histoires, il décrit comment, un jour, des policiers ont envahi sa maison à la recherche de lui et de sa femme, sans pouvoir mettre la main sur eux car il s’était transformé en porte-manteau et elle en canapé. Cela lui a fait beaucoup rire lorsque les agents sont partis bredouilles.
Il continue à décrire ses transformations dans d’autres situations, se transformant en couteau dans un restaurant ou en mur dans la rue, tout en attendant de rire de leur ineptie. « Nous avons beaucoup ri de leur stupidité, et nous continuerons à rire. »
Une voix pour les opprimés
Les écrits de Tamer parlent de la fin du tyran, un moment où le visage du pays retrouverait son expression radieuse. Il déclare : « Le tyran s’enflamme, et chaque citoyen retrouve son visage humain, perdu depuis des décennies. » Selon le critique Sabri Hafiz, « Ses histoires parlent de l’homme arabe, souvent damascène, souffrant de pauvreté matérielle et morale, désireux d’un monde propre et juste. »
Le pouvoir et la souffrance humaine
Tamer explore les mécanismes de fonctionnement du pouvoir, qu’il soit basé sur la force brute ou des droits héréditaires. Ses récits dénoncent la répression sociale et économique, illustrant le sort de l’homme arabe soumis à des souffrances sans nom.
Conclusion sur l’œuvre de Tamer
Les histoires de Zakaria Tamer sont marquées par une profondeur psychologique qui révèle la réalité tragique et le désespoir des gens. À travers ses récits, il met en lumière la lutte pour la liberté et la dignité humaine, restant une voix forte contre l’injustice.