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La passion des fans d’Oasis reste intacte, transcendant les générations. De ceux qui ont travaillé avec le groupe à ceux nés lors de leur séparation, chacun partage son histoire unique d’Oasismania.
Hugo, 30 ans, et Paul, 33 ans
Dans la famille Abderrahim, la grande sœur Lauren, née en 1988, a initié la passion pour Oasis, tandis que les parents ont assuré une éducation musicale classique avec piano, batterie et guitare. Pour Paul et Hugo, nés à quatre ans d’écart, c’est l’internet naissant des années 2000 qui a tout déclenché. YouTube pour les clips, Limewire pour dénicher des interviews des Gallagher, Google pour suivre les derbys de Manchester depuis Louveciennes, et les soirées DVD live devenues cultes.
La fratrie a développé un véritable dialecte Gallagher. En CM1, Hugo a fondé son premier groupe de rock tandis que Paul défendait les couleurs de City au collège, sans jamais avoir mis les pieds à l’Etihad Stadium.
En 2007, ils ont créé Cheers, inspiré de l’interjection lancée par Liam sur leur DVD fétiche Familiar to Millions – Live at Wembley 2000. Leur obsession s’est transformée en projet avec une victoire au tremplin Emergenza, des concerts à répétition, et même une performance aux Eurockéennes en 2011, la même édition que Liam. Après avoir vu Oasis au Bataclan en 2008, ils ont volontairement zappé Bercy l’année suivante pour se concentrer sur Rock en Seine. Aujourd’hui, seize ans plus tard, ils attendent avec impatience le 20 juillet, date à laquelle ils seront à Heaton Park avec une dizaine d’amis, prêts à savourer chaque seconde du spectacle.
Morceau fétiche : Paul : Champagne, Hugo : Supernova (live at Earls Court 1995).
Marie, 35 ans
Surnommée @shakermaker.gif sur les réseaux, Marie a découvert Oasis tardivement, quelques semaines avant leur séparation. Au lieu d’un traumatisme, c’est une révélation qui a marqué le début de son obsession pour le groupe, qui est vite devenu une référence musicale incontournable dans sa vie. Lorsqu’elle crée ses réseaux en 2013, elle refuse de se cantonner à un seul domaine, désireuse de parler de tout, sans choisir un pseudo trop « girly ».
Elle écarte rapidement She’s Electric, mais le nom Shakermaker reste, évoquant un jouet emblématique des années 1970. Ce pseudo représente sa posture rock, qu’elle applique même en discutant de cosmétiques naturels ou de recettes végétariennes. Pour Marie, Definitely Maybe demeure un socle essentiel, non seulement dans le style, mais aussi dans l’énergie et l’attitude. Bien qu’elle s’intéresse désormais au metalcore, Oasis reste présent à chaque moment de sa vie d’adulte.
Juliette, 51 ans
En août 1996, Juliette Jacques, sur le point d’assister à La Route du Rock pour voir Suede, a été recrutée comme assistante marketing chez Small, un label de Sony qui venait de sortir What’s the Story) Morning Glory? en France. Ce jour-là, les Gallagher ont façonné sa carrière. De Sony à PIAS, où elle a défendu le premier album solo de Noel Gallagher, jusqu’à Gibson France, Juliette a vu des concerts à travers l’Europe, se remémorant des personnalités sincères et indépendantes.
Elle se rappelle d’un Noel Gallagher souriant, répondant à dix-sept interviews en une journée. En 2024, un décès réunit l’équipe de Small des années 2000 en Angleterre, ravivant de tendres souvenirs. Comme un clin d’œil du destin, Oasis annonce sa reformation, et Juliette, Britpoppeuse de la première heure, sourit en disant : “Tout ça existe encore.”
Flore et Lucien, 16 ans
Flore et Lucien, amis de seconde, ont été présentés par une connaissance commune en raison de leur sensibilité musicale. Guidés par des pères mélomanes, ils naviguent déjà entre classiques intemporels et références contemporaines. Lucien, passionné de musique, chante, joue de la guitare et assiste à des concerts, tandis que Flore n’a pas encore eu l’occasion d’en voir un en live, mais son impatience grandit.
Ayant déménagé à Paris l’année dernière, Flore a quitté la Savoie en écoutant Don’t Look Back in Anger. Tous deux nés en 2009, année de la séparation d’Oasis, ils découvrent le groupe à travers des vinyles et des playlists, fascinés par leur légende et leur impact. “J’adore écouter Oasis parce que c’est direct, évident,” déclare Flore. Lucien ajoute : “Quand tu découvres un morceau d’eux, tu l’écoutes une fois et c’est bon, tu connais le titre.” Ensemble, ils rient : “Oasis, c’est que des bangers.”
Morceau fétiche : Flore : Live Forever.
Laurent, 61 ans
_“J’ai vécu un moment d’histoire.”_ Laurent Didailler, directeur de PIAS, se souvient du soir d’août 2009 où Oasis s’est désintégré sous ses yeux à Rock en Seine. À l’époque, PIAS distribuait _Dig Out Your Soul,_ le dernier album du groupe. Ce partenariat, centré sur la musique, était fluide mais toujours en double, avec deux hôtels, deux loges, et deux afterparties. En cette fin d’après-midi d’août, Laurent s’installe près des loges du groupe.
Après un léger retard demandé par la coordinatrice, des tensions commencent à se faire sentir. Soudain, un cri retentit et un morceau de guitare se brise, marquant le début de l’effondrement. Noel quitte le site, et malgré les efforts des organisateurs pour le faire revenir, le concert est annulé. Pour Laurent, qui avait d’abord trouvé le groupe _“trop anglais”_, ce soir-là représente une fin unique, redoutée, vécue de l’intérieur.
Bérengère, 30 ans, et Sélin, 31 ans
Dans un lycée catholique aux valeurs conservatrices, Bérengère se tient à l’écart, observant. En septembre 2008, elle écoute en boucle _Supersonic_, un morceau devenu mantra. Lorsque son regard croise celui de Sélin, une connexion immédiate se crée. Devenues inséparables, elles sont appelées « les jumelles », défiant les normes de leur environnement.
Ensemble, elles traversent l’adolescence tout en écoutant des morceaux d’Oasis, comme _Don’t Look Back in Anger_. Le temps passe, et malgré un éloignement temporaire, elles reviennent à Paris, où la musique d’Oasis reprend une place importante dans leur vie, non pas par nostalgie, mais comme un souvenir vivant et cohérent.