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Agnès B. explore la beauté comme moteur de création et de vie : styliste, mécène, collectionneuse et photographe, elle relie esthétique, art contemporain et style dans ses projets et ses expositions, et parle d’un rapport intime au beau.
Agnès B., la quête de la beauté et de l’esthétique
Styliste, mais aussi mécène, philanthrope, collectionneuse, photographe, Agnès B. évoque ses éblouissements esthétiques, sans a priori : pour les petits cailloux, les fonds océaniques, l’Encyclopédie de Diderot, l’Evangile de Saint-Jean, le graff, Andy Warhol, les rencontres et les hasards… Ces éléments structurent son engagement pour l’art contemporain et sa vision du style.
L’édito de Charles Pépin :
J’aimerais ce matin vous parler d’une jeune fille de seize ans. Une jeune fille qui s’échappe. Ce n’est pas vraiment qu’elle fuit ; elle s’échappe est plus juste. Pas loin de chez elle, il y a un château, et autour de ce château, un grand parc. Elle aime les formes de ce château, elle aime la lumière dans ce parc, le soleil au travers des feuilles, elle ne sait pas exactement ce qu’elle aime ni même ce qui se joue dans cette attrait pour la beauté mais elle le sent déjà – elle le sait sans le savoir / cette beauté la sauve de quelque chose.
La beauté, ou plutôt les beautés, toutes les beautés. La beauté de l’architecture, de la nature, de la musique, de la peinture, de la photo… Et le dessin plus que tout. Elle en fait huit heures par jour depuis des années déjà. Elle ne l’intellectualise pas, non surtout pas, mais elle sait que c’est important, la beauté. La beauté toujours singulière d’un jeu de formes et de couleurs. Elle n’a pas encore lu Kant, qui voit dans le sentiment du beau un « jeu libre et harmonieux des facultés humaines ». Chez elle, c’est la violence. Oh pas seulement, pas seulement la violence, il y a beaucoup de musique aussi, mais la violence quand même. Celle qu’elle subit, celle de n’être pas défendue, même au sein de sa propre famille. Ce sentiment – même si tout n’est pas noir, même s’il y a aussi de bons côtés, mais c’est la vie, la vie mélangée – ce sentiment d’être abandonnée. D’être abandonnée par les siens.
Mais dans la beauté qu’elle découvre quand elle sort de chez elle, elle se sent quand même un peu chez elle. Elle regarde, elle ouvre les yeux : elle se laisse traverser. C’est quand même de la chance, ce château qui fut celui des rois de France, juste à côté de chez elle. Elle ne le sait pas encore, mais elle consacrera sa vie à la beauté. A rechercher le beau dans l’art, dans les photos, partout, à chercher à rendre les gens beaux. Singuliers, intéressants. Beaux dans leur différence, peut-être même dans le courage de leur différence. Dans cette forme de hardiesse par laquelle on impose son style. Ce n’est pas la mode qui l’intéresse, ce serait plutôt le style, ce serait plutôt de rendre les gens beaux. Et la beauté c’est aussi la générosité, pas simplement l’ouverture du regard mais aussi celle du cœur.
Pour en parler ce matin, de ce que la beauté nous fait, de cette beauté qui peut-être nous sauve ou peut-être pas, j’ai la joie de recevoir une femme qui a grandi, elle aussi, à l’ombre du château de Versailles. Styliste, galeriste, collectionneuse, réalisatrice, mécène, photographe, elle a habillé Chet Baker et Nekfeu, David Bowie et Teddy Riner, et même Jean Michel Basquiat : Agnes B est avec nous ce matin sous le soleil de Platon, et en sa compagnie, nous allons nous demander d’où vient notre attrait pour le beau, d’où vient le goût de la beauté.
Parcours, citations et engagements
Agnès B. se définit par un ensemble d’activités et d’attentions : création de vêtements, soutien aux artistes, constitution d’une collection d’art contemporain, production de photographies et engagement philanthropique. Son approche du style vise à mettre les personnes en valeur, en respectant leur singularité.
« J’ai toujours des petits cailloux dans la poche, je crée des bijoux à partir d’objets trouvés »
« Chacun se connaît, il faut s’habiller en fonction de soi-même »
« L’accrochage est comme une dissertation, un fil entre les oeuvres »
Ces formules résument des principes récurrents chez Agnès B. : attention aux détails, respect de l’individu et souci de la mise en relation des œuvres au sein d’expositions, comme d’un discours visuel.
Actualités et programmation
Plusieurs événements rendent compte de son engagement pour le graff, le street art et la préservation de l’océan, ainsi que de sa programmation musicale associée à l’esprit des expositions.
- Exposition « Agnès B. on aime le graff ! », jusqu’au 11 janvier 2026 à La Piscine, Roubaix.
- Exposition « Futura 2000 dans la collection agnès b. depuis 1984 », jusqu’au 25 octobre à La Fab.
- Fondation Tara Océan : projet d’exploration et de sensibilisation pour protéger l’océan, porté par la Fondation Tara Océan.
Programmation musicale citée
- Parri Smith — Dancing Barefoot — 1975
- Choses sauvages — Fixe — 2025
Ces choix musicaux participent à l’atmosphère des projets d’Agnès B. et illustrent ses goûts, à la croisée de références anciennes et contemporaines.
À travers ses expositions, ses collections et ses paroles, Agnès B. affirme une vision de la beauté comme force de vie et moteur d’engagement : une esthétique ouverte, généreuse et attentive aux formes multiples de l’art contemporain et du style.