Home ModeDinh Van célèbre 60 ans de créations audacieuses et géométriques

Dinh Van célèbre 60 ans de créations audacieuses et géométriques

by Sara
France

À l’occasion du 60e anniversaire de la fondation Dinh Van, la maison éponyme revisite son héritage pour mettre en lumière une approche unique du bijou: géométrie et fonction, formes pures tirées du quotidien et portées comme des objets d’usage. Jean Dinh Van (1927-2022), présenté comme un « artisan-créateur », a imaginé dès 1965 des pièces uniques qui ont marqué la joaillerie française par leur rigueur et leur aspect parfois anticonformiste.

Un regard pionnier sur le bijou géométrique

Formé à l’Ecole nationale des arts décoratifs, Dinh Van introduit en France des bagues façon menottes, des pendentifs imitant des lames de rasoir ou des clés, des boucles en forme de punaises et des maillons oblongs rappelant des trombones. Son travail s’appuie sur des formes simples et des archétypes de la vie quotidienne, avec l’objectif que les bijoux soient « aussi nécessaires qu’une poignée de porte ». Son style privilégie des sculptures portables, où les lignes nettes s’arrondissent pour gagner en confort.

Jean Dinh Van dans son atelier de joaillerie, à Paris, en 1994.

Rééditions et efforts anniversaire

Pour célébrer ses six décennies d’existence, Dinh Van rééditera et déclina des pièces emblématiques. Sont au programme des rééditions de la bague double Serrure des années 1970 et du Pavé de 1969, un cube de métal évidé et troué sur chaque facette, conçu en clin d’œil aux jets de pierre de Mai 68. Ces pièces seront disponibles en boutiques en septembre et en octobre.

Parallèlement, une exposition Parisienne, gratuite et ouverte au public, se tiendra chez Christie’s du 3 au 13 septembre. Un bel ouvrage publié pour l’occasion complète l’hommage: Dinh Van. Sculpteur-joaillier, écrit par Bérénice Geoffroy-Schneiter (Flammarion, 192 pages, 50 euros), retraçant le parcours singulier d’un artiste qui a traversé les grandes périodes de la joaillerie moderne.

Parcours et influences

Après des débuts chez Cartier, où il travaille auprès de Jeanne Toussaint et collabore avec Jean Schlumberger, Jean Dinh Van évolue en solitaire et s’installe place Gaillon à Paris, entre la Place Vendôme et l’Opéra. Son style se forge rapidement autour du traitement sculptural des bijoux, fondé sur des formes géométriques. Les lignes s’occupent d’arrondir les angles pour un porté confortable, utilisant tubes, spirales, cercles, cubes et disques comme motifs récurrents.

Des collaborations marquantes et un esprit clivant

Plusieurs figures influentes de l’époque s’associent à son univers géométrique et audacieux. Paco Rabanne collabore avec lui en 1967 pour une bague reliée par une chaînette à deux anneaux, tandis que Pierre Cardin reçoit une bague enfermant deux perles dans une tranche de métal. Ses joncs larges et carrés, ou encore une bague soutenant une boule d’or, font écho à l’esthétique de l’art cinétique et restent emblématiques de son approche provocante et résolument contemporaine.

Le créateur se rêvait ni entièrement plasticien ni totalement joaillier, souhaitant franchir « le stade du bijou pour aller vers des objets portables ». En 1969, il affirme sur France Culture cette ambition de faire descendre le bijou dans la rue et d’inscrire l’objet dans le quotidien.

Héritage et esprit urbain

Indépendant, Dinh Van bénéficie d’un soutien ponctuel de Cartier: à partir de 1967 et pendant une décennie, la branche new-yorkaise l’aide à exposer son travail dans certaines boutiques, notamment celle de la Cinquième Avenue, avec les deux noms gravés côte à côte sur les modèles vendus. Son humour sophistiqué, salué par le New York Times dès 1970, se manifesta aussi dans des pendentifs gravés et moulés où l’on distingue, à travers les détails, des scènes explicites du Kama-sutra.

En 1980, il ouvre sa boutique-galerie avec son ami César: l’espace accueille des créations et, durant les échanges avec les clients, se transmet une touche espiègle. Parmi les souvenirs proposés à la caisse, une version miniature en pendentif d’un sein en or pavé de diamants, tiré d’une sculpture exposée du Crazy Horse, illustre parfaitement l’esprit ludique et irrévérencieux qui a accompagné son œuvre.

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