Home Santé Contamination de l’eau du robinet dans le Haut-Rhin : les habitants trahis

Contamination de l’eau du robinet dans le Haut-Rhin : les habitants trahis

by Sara
Contamination de l'eau du robinet dans le Haut-Rhin : les habitants trahis
France

Nathalie, 64 ans, résidente de Saint-Louis, à seulement deux kilomètres de l’aéroport de Bâle Mulhouse dans le Haut-Rhin, exprime son inquiétude face à la nouvelle interdiction de consommer l’eau du robinet pour les personnes les plus « sensibles » dans onze communes locales. En vigueur depuis ce lundi et prévue jusqu’à fin décembre, cette mesure préfectorale soulève des questions quant à la sécurité sanitaire de l’eau consommée au quotidien.

Une contamination aux PFAS source d’alerte

La cause de cette interdiction réside dans la présence inquiétante de PFAS, ces polluants dits « éternels », dont les concentrations dépassent régulièrement les limites réglementaires dans l’eau potable desservant plusieurs communes proches de Saint-Louis. Ces substances toxiques sont le résultat d’un usage prolongé, jusqu’en 2017, de mousses anti-incendie contenant des PFAS lors des exercices des pompiers à l’Euro-airport de Bâle Mulhouse. Bruno Wollenschneider, président de l’Association de défense des riverains de l’aéroport Bâle Mulhouse (Adra), souligne que cette situation a été dénoncée depuis plus d’un an, avec plusieurs études et mesures réalisées grâce à des volontaires locaux.

« En janvier 2024, une lettre officielle de l’ARS nous assurait qu’il n’y avait pas de risque à boire l’eau du robinet, mais un an plus tard, la consommation est interdite pour les personnes fragiles. On se sent trahis », déplore-t-il, illustrant la défiance grandissante des habitants face aux autorités sanitaires.

Des facteurs aggravants pour une pollution persistante

Selon le président de l’Adra, les communes proches de l’aéroport figurent parmi les plus touchées par les PFAS en France, d’après les dernières données compilées par le CNRS. Cette concentration préoccupante serait accentuée par la configuration géologique locale : les exercices anti-incendie se déroulaient sur un sol nu, avec un sous-sol gravillonnaire situé sur le talus rhénan, un terrain où l’eau provenant des contreforts du Jura s’infiltre jusqu’aux puits et captages d’eau de la plaine d’Alsace.

« Plusieurs puits sont contaminés et un a même dû être fermé », précise Bruno Wollenschneider, mettant en lumière l’ampleur de la pollution et son impact direct sur l’approvisionnement en eau potable.

Inquiétudes des habitants et précautions adoptées

Nathalie confie son anxiété lorsqu’elle arrose son potager, se demandant quels effets les PFAS pourraient avoir sur ses légumes. Elle a cessé de boire l’eau du robinet et utilise désormais exclusivement de l’eau en bouteille, même pour se laver les dents. Une voisine partage également ses craintes, notamment en raison des œufs produits par ses poules, qui pourraient ingérer ces polluants en picorant dans le jardin.

Un autre habitant, Christian, se montre plus réservé mais préfère lui aussi privilégier l’eau en bouteille, malgré les impacts environnementaux de cette pratique, faute d’alternative sécurisée.

Mesures sanitaires et perspectives d’amélioration

La préfecture rappelle que cette interdiction concerne uniquement les personnes jugées les plus sensibles et insiste sur le caractère « de précaution sanitaire » de la mesure. Saint-Louis Agglomération déploie actuellement des unités mobiles de filtration pour abaisser efficacement le taux de PFAS et ramener la qualité de l’eau aux normes en vigueur dans les meilleurs délais.

Par ailleurs, trois usines de filtration sont prévues pour une mise en service entre 2026 et 2027, afin d’assurer un traitement durable de l’eau potable dans la région.

Une contamination ancienne et une résilience mitigée

Bruno Wollenschneider souligne avec ironie que ces eaux sont consommées depuis des années malgré des taux de PFAS dépassant de deux à quatre fois et demie les seuils réglementaires. Même si l’Adra a contribué à faire reconnaître le problème par les autorités, son président avoue continuer à boire de l’eau du robinet filtrée en carafe, conscient que cette méthode ne neutralise pas les PFAS.

« Les analyses de PFAS dans notre sang montrent clairement que nous sommes déjà fortement contaminés », conclut-il, résigné face à une pollution ancienne et persistante.

source:https://www.20minutes.fr/sante/4151843-20250506-haut-rhin-contamination-eau-robinet-interdiction-sent-trahi?at_medium=display&at_campaign=149

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés