Table of Contents
Une étude chinoise montre que le corps pourrait émettre des signaux détectables avant l’apparition visible des tumeurs, par le biais de composés chimiques volatils présents dans l’urine, les selles ou la sueur. Ces indices olfactifs ouvrent une piste prometteuse pour la détection précoce cancer, en complément des images radiologiques et des analyses biologiques traditionnelles.
Origine et contexte de la recherche
La recherche a été réalisée par des équipes de l’Institut Hefei des sciences physiques, rattaché à l’Académie chinoise des sciences. Les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Proteome Research et relayés par la presse internationale.
Les auteurs s’intéressent aux composés organiques volatils (COV) que le métabolisme produit et qui sont excrétés naturellement. Leur hypothèse est que ces COV reflètent des altérations métaboliques associées au développement tumoral.
Méthode expérimentale utilisée
Les chercheurs ont mis au point un modèle expérimental chez la souris pour simuler un dépistage pan-cancer. Ils ont provoqué chimiquement la croissance de tumeurs dans plusieurs organes afin d’observer les changements métaboliques systématiques.
- Induction de tumeurs dans les poumons, l’estomac, le foie et l’œsophage.
- Collecte d’échantillons d’urine, de selles et de sueur sur une période de 21 semaines.
- Prélèvements effectués à six moments distincts pour suivre l’évolution des composés volatils.
- Analyse par une technique avancée d’extraction et d’identification des composés chimiques.
Résultats principaux
L’analyse a révélé trois groupes de composés organiques volatils corrélés à la présence de tumeurs. Ces groupes semblent traduire des altérations du métabolisme survenant lors du développement cancéreux.
Les signaux précoces sont apparus à des moments différents selon le type d’excrétion :
- Urine : détection dès la 5e semaine.
- Sueur : signaux identifiés autour de la 13e semaine.
- Selles : modifications observées à la 17e semaine.
Ces signaux précoces sont survenus bien avant que les tumeurs n’atteignent des stades avancés difficiles à traiter, et ont permis de distinguer les souris malades des souris saines.
Perspectives pour le dépistage
Les chercheurs estiment que ces résultats posent des bases solides pour l’exploration des COV comme biomarqueurs non invasifs. L’objectif visé est un dépistage global du cancer capable de détecter plusieurs types de tumeurs simultanément.
Plusieurs avantages potentiels sont mis en avant :
- Procédure non chirurgicale et moins contraignante pour le patient.
- Possibilité de tests simples et répétables (urine, sueur, selles).
- Ouverture vers des techniques de « biopsie gazeuse » analysant les odeurs chimiques émises par le corps.
Limites et étapes à venir
Malgré ces résultats encourageants, la technique reste au stade préclinique : toutes les expériences ont été menées sur des modèles murins. La transposition à l’humain nécessitera des études cliniques rigoureuses pour valider la sensibilité et la spécificité des marqueurs identifiés.
Les recherches futures devront également préciser :
- La reproductibilité des profils de COV chez des populations humaines diversifiées.
- L’impact des facteurs confondants (régime, microbiote, médicaments) sur les signatures olfactives.
- Le développement d’outils analytiques pratiques et standardisés pour un usage clinique.
Si ces obstacles sont levés, l’analyse des odeurs corporelles pourrait devenir un complément précieux pour la détection précoce cancer et améliorer les chances de guérison.